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Critique de michfred


Il y a des enfances qui sont un saccage.
Une mère traumatisée,  incapable de rien donner à  ses enfants qu'insécurité et effroi.
Un frère  carnassier qui rode comme un loup affamé autour de ses soeurs.
Des grands parents toxiques, haineux  qui vous jettent hors de portée de leurs cerisiers pleins de fruits.

Il y a des enfances meurtries.
Pleines d'errance et de rejets.
Des écoles qui vous stigmatisent.
Des copains de classe qui vous harcèlent.
Des voisines qui vous insultent.
Surtout quand vous avez la peau trop sombre, les cheveux trop noirs, les pommettes trop hautes d'une petite Indienne.

Il y a des enfances maudites.
Quand la pauvreté,  l'exclusion , le racisme vous rejettent à  la marge des plus pauvres, des plus exclus, des plus méprisés.
Quand vous ne pouvez habiter qu'une maison frappée par le mauvais sort dont tous les habitants ont mystérieusement disparu, si délabrée que son toit laisse passer vents et pluies, qu'elle semble parcourue de présences fantômatiques.
Quand les êtres qui vous sont les plus chers s'envolent, se noient, s'etouffent, se piquent, se tuent, se font tuer.

Et pourtant il y a des enfances magiques!

Quand la nature se fait glorieuse, généreuse, envoûtante.
Quand ses secrets vous sont enseignés,   qu'ils guérissent et apaisent, qu'ils vous rendent plus sage et plus forte.
Quand votre sang cherokee vous donne la puissance et l'assurance d'une royauté ancienne.
Quand la plume de corbeau plantée dans vos tresses est celle des conteurs fabuleux.
Quand vous devenez la maîtresse des histoires.
Quand même la mort vous obéit, que vous décryptez ses coups.
Quand le chagrin, le crime, le viol, deviennent des histoires qu'on peut raconter, mettre à  distance, enterrer.

Il y a des enfances que l'amour sauve.

Bien sûr,  il y a des pères atroces, qui tuent, saccagent, violent, blessent.

Mais  il existe aussi des pères miraculeux.

Il y a un père miraculeux comme celui de Betty, la petite Indienne.

Un père aux mains de terre et au coeur de soleil, un père qui dispense la poésie et la tendresse, qui comprend et soutient, qui réconforte et embellit, qui donne, qui donne, qui donne.

Tellement

que le saccage, la meurtrissure, la malédiction rentrent dans le rang,
elles demeurent mais trouvent une place et cessent d'obstruer le ciel,
laissent un peu d'air, pour respirer,
un peu d'espoir, pour continuer,
un peu de soleil pour se réchauffer

Et tant d'amour.

Il y a un père miraculeux qui sauve l'enfance terrible de Betty et en fait une histoire magnifique.

Il y a la plume magnifique de Betty/ Tiffany qui rend divinement belle, divinement forte, exceptionnellement prenante, émouvante,  cette histoire d'une enfance crue, cruelle, parfois insupportable .

Je n'ai pas lu un tel livre depuis bien longtemps! C'est tout un firmament qu'il faudrait pour le couronner, pas 5 pauvres étoiles.. .
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