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sur 5625 notes
Il y a des enfances qui sont un saccage.
Une mère traumatisée,  incapable de rien donner à  ses enfants qu'insécurité et effroi.
Un frère  carnassier qui rode comme un loup affamé autour de ses soeurs.
Des grands parents toxiques, haineux  qui vous jettent hors de portée de leurs cerisiers pleins de fruits.

Il y a des enfances meurtries.
Pleines d'errance et de rejets.
Des écoles qui vous stigmatisent.
Des copains de classe qui vous harcèlent.
Des voisines qui vous insultent.
Surtout quand vous avez la peau trop sombre, les cheveux trop noirs, les pommettes trop hautes d'une petite Indienne.

Il y a des enfances maudites.
Quand la pauvreté,  l'exclusion , le racisme vous rejettent à  la marge des plus pauvres, des plus exclus, des plus méprisés.
Quand vous ne pouvez habiter qu'une maison frappée par le mauvais sort dont tous les habitants ont mystérieusement disparu, si délabrée que son toit laisse passer vents et pluies, qu'elle semble parcourue de présences fantômatiques.
Quand les êtres qui vous sont les plus chers s'envolent, se noient, s'etouffent, se piquent, se tuent, se font tuer.

Et pourtant il y a des enfances magiques!

Quand la nature se fait glorieuse, généreuse, envoûtante.
Quand ses secrets vous sont enseignés,   qu'ils guérissent et apaisent, qu'ils vous rendent plus sage et plus forte.
Quand votre sang cherokee vous donne la puissance et l'assurance d'une royauté ancienne.
Quand la plume de corbeau plantée dans vos tresses est celle des conteurs fabuleux.
Quand vous devenez la maîtresse des histoires.
Quand même la mort vous obéit, que vous décryptez ses coups.
Quand le chagrin, le crime, le viol, deviennent des histoires qu'on peut raconter, mettre à  distance, enterrer.

Il y a des enfances que l'amour sauve.

Bien sûr,  il y a des pères atroces, qui tuent, saccagent, violent, blessent.

Mais  il existe aussi des pères miraculeux.

Il y a un père miraculeux comme celui de Betty, la petite Indienne.

Un père aux mains de terre et au coeur de soleil, un père qui dispense la poésie et la tendresse, qui comprend et soutient, qui réconforte et embellit, qui donne, qui donne, qui donne.

Tellement

que le saccage, la meurtrissure, la malédiction rentrent dans le rang,
elles demeurent mais trouvent une place et cessent d'obstruer le ciel,
laissent un peu d'air, pour respirer,
un peu d'espoir, pour continuer,
un peu de soleil pour se réchauffer

Et tant d'amour.

Il y a un père miraculeux qui sauve l'enfance terrible de Betty et en fait une histoire magnifique.

Il y a la plume magnifique de Betty/ Tiffany qui rend divinement belle, divinement forte, exceptionnellement prenante, émouvante,  cette histoire d'une enfance crue, cruelle, parfois insupportable .

Je n'ai pas lu un tel livre depuis bien longtemps! C'est tout un firmament qu'il faudrait pour le couronner, pas 5 pauvres étoiles.. .
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*** Rentrée littéraire 17 ***

« Devenir femme, c'est affronter le couteau. C'est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d'avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, on bien on se trouve. Ces vérités peuvent s'affronter à l'infini. Et qu'est-ce que l'infini, sinon un serment confus ? Un cercle brisé. Une portion de ciel fuchsia. Si l'on redescend sur terre, l'infini prend la forme d'une succession de collines verdoyantes. Un coin de campagne dans l'Ohio où tous les serpents dans les hautes herbes de la prairie savent comment les anges perdent leurs ailes. »

Lorsqu'un roman commence ainsi, lorsque les promesses annoncées se confirment au fil de la lecture, je sais que je tiens entre les mains un roman coup de coeur. Betty rejoint la ronde des héroïnes Gallmeister inoubliables, Turtle ( My absolute darling), Tracy ( Sauvage ), Nel et Eva ( Dans la forêt ).

Betty raconte les joies et les terribles secrets d'une mère, transmis à travers la fiction d'une fille. Tiffany McDaniel s'est fortement inspiré de l'histoire de sa mère, Betty, née dans les années 1950 en Ohio, dans les contreforts des Appalaches. C'est histoire d'un passage à l'âge adulte, qui commence non pas avec la naissance de Betty mais de la rencontre de ses parents, un Cherokee et une Blanche. Betty en est la narratrice, comme un voix vieillie par la sagesse, par l'expérience des bénédictions et malédictions du passé, par l'espérance de avoir que de jours meilleurs arriveront.

Le résumé ou plutôt les thèmes abordés peuvent faire craindre un pathos lacrymogène racoleur : racisme, handicap, viol, suicide, harcèlement, dépression, violence en tout genre, pauvreté. Et pourtant, jamais ce roman ne bascule dans le sordide vide de sens. Certains passages font mal par la brutalité qu'ils décrivent mais sans jamais tomber dans la pornographie émotionnelle. Plusieurs scènes m'ont bouleversée parce que la douleur exposée y est dite dans le respect de la dignité des personnages.

Ce que je retiens de ce roman superbe, c'est sa lumière. Celle du père, en premier lieu. Je crois que je n'ai jamais rencontré en littérature une figure paternelle aussi belle. Landon est un homme qui était fait pour être père. Il est la boussole morale de cette famille de six enfants. C'est lui qui qui réconforte Betty, celle des enfants qui lui ressemblent le plus, sa Petite Indiennes, comme il l'a surnomme, qui doit faire face aux insultes racistes, aux moqueries quotidiennes sur son physique et aux rejets violents de ses camarades à l'école. Lorsqu'ils se retrouvent tous les deux dans la nature, cela donne des pages absolument magnifiques de poésie : ces réflexions sur l'histoire du peuple cherokee, sa poésie sur la nature et la cosmogonie qui s'y rattache enchantent la noirceur.

Si le roman est celui de l'héritage des abus transmis de génération en génération, il est avant tout le roman d'une résilience. le père guide Betty vers l'écriture pour transcender le quotidien et c'est terriblement émouvant de voir Betty grandir et naître comme écrivaine et poétesse, ses mots lui permettant de transcender les tragédies que sa famille vit, ils ont le pouvoir de briser le cycle.

Oui, ce que je retiens c'est définitivement la lumière de cette destinée féminine et familiale déchirante inoubliable. 700 pages d'une intensité incroyable.
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Lorsqu'un ouvrage recueille une note de près de 4,5 pour 266 commentaires , inutile de tergiverser , c'est un roman qui a beaucoup plu à une grande majorité d'entre nous et je laisserai mon opinion rejoindre la vôtre avec , peut - être une ou deux remarques qui font que , si j'ai passé un très bon moment de lecture , je ne considère toutefois pas avoir ressenti " le coup de coeur " .
Avant de livrer mon avis , je ne vous ferai tout de même pas l'injure de vous résumer l'intrigue !!!, c'est un livre que vous avez découvert bien avant moi et , pour de nouveaux lecteurs qui voudraient se renseigner avant de " se lancer ", ils disposeront de suffisamment de superbes critiques ( oui , oui , c'est vrai ) avec les vôtres...et la quatrième de couverture .
En fait , ce qui m'a un peu perturbé, c'est la longueur du récit et , parfois , une impression de monotonie qui , je l'avoue , m'a amené à me demander si je n'allais pas renoncer , tout simplement ( après avoir découvert vos commentaires , c'est un sentiment qui a été ressenti par d'autres ) .Le Père, j'y reviendrai , est un personnage sublime , c'est indéniable, mais son attachement à la nature , aux traditions et aux légendes , à la religion , amène l'auteure à nous " donner à voir " un peu trop souvent à mon goût. Certes , c'est esthétique, émouvant, louable , mais franchement un peu trop redondant , tout comme du reste , le "passage" des jeunes filles à l'âge adulte, une notion décrite avec peut - être, ,un peu trop de réalisme et d'insistance . Il est vrai qu'il s'agit aussi de " suivre " l'évolution d'ados de sexe féminin et que ...Il est des étapes de vie essentielles . Quant aux bocaux ...Usage universel . Ces descriptions n'ont cependant pas que des inconvénients , puisqu'elles nous permettent d'assister à d' autres scènes sublimes ...ou difficiles détaillées avec un réalisme étonnant .
Bon , cette lenteur m'a perturbé comme m'a gêné l'absence quasi permanente de la mère dans une grande partie du roman sauf à la fin où , compte tenu de ses propos , c'est un personnage qui aurait sans doute mérité une meilleure exposition , tout comme du reste , certains des enfants . le petit- frére de Betty s'insurge d'ailleurs , à un moment , contre Betty en lui disant qu'elle " n'était pas la seule enfant de papa " .....
Bien entendu , j'ai bien compris que Betty est la narratrice et qu'elle ne peut donner à voir ...que ce qu'elle voit et que des choix sont " obligés " .
Fort heureusement , des dialogues très intéressants et bien en rapport avec la situation empêchent certaines pages de se transformer en " blocs compacts , hermétiques et indigestes " ce qui aurait été bien dommage. Pour faire court , j'ai adoré la personnalité des différents personnages . Un être tutélaire éblouissant, ce père merveilleux , ces trois soeurs se chamaillant à l'excès autant qu'elles sont inséparables ( les petits papiers ) , ces frères aux destins si différents. Je parle du reste des" éléments " internes à la tribu , les éléments externes , peu nombreux , ne se présentant pas forcément ( à de rares exceptions ) sous leur meilleur jour ... Mais chez les Carpenter , mode de vie aidant et ..exclusion , on vit en quasi autarcie .
Dans ce récit, on rit ( un peu ) , on partage , on s'offusque , on est pris par des émotions fortes ( beaucoup ) , notamment dans la dernière partie du roman que je qualifierai sans hésitation de " sublime " et porteuse d'un espoir pour Betty , d'une vie riche et heureuse après avoir " enfin coupé un douloureux cordon ombilical " .
En résumé, je dirai aux futurs lecteurs de ce roman de ne pas renoncer , de ne pas se décourager devant certains passages . Je livre là ma propre expérience, mais j'ai voulu comprendre l'engouement des amis et amies babeliotes , je me suis " accroché " et ...j'ai compris . Je vous suis extrêmement reconnaissant car , sans cette belle " note collective " , pas certain que....Le roman regorge de moments d'une force extraordinaire , il est d'une puissance incroyable , regorge d'événements certes douloureux et difficiles mais , au final et malheureusement pas si rares comme le montrent des actualités récentes.
Les thèmes abordés sont lourds , violents mais , hélas, ils ne sont pas nouveaux et , deuxième hélas, pas forcément en voie de disparition ....Il convient sans doute de ne pas oublier .Nous sommes tous un peu des " princesses et princes indiens cherokees ".
Bon , je vous laisse , je vais aller vers un roman " plus léger, plus court et plus dynamique . Rien de mieux que de " varier " les plaisirs .

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C'est le livre d'une enfant à l'attention des adultes, de la rencontre du bien avec le mal, de l'innocence confrontée aux âmes corrompues ou malveillantes mais aussi à la magie poétique d'un père altruiste et naturaliste. C'est l'histoire de Betty qui avance dans la vie, la tête dans les étoiles, les pieds sur la frontière entre le paradis et l'enfer.
Ils se sont connus dans un cimetière. Alka Lark, 18 ans, mangeait une pomme sur sa courtepointe matelassée alors qu'il s'est assis à côté d'elle, Landon Carpenter, 28 ans. Ils se sont séduits et elle est tombée enceinte. Les choses les plus simples cachent souvent des choses plus alambiquées. Après avoir essuyé la rage de son père en lui annonçant, elle a ramassé ses affaires et a retrouvé Landon pour lui demander de l'épouser. Ils ont pris la route. Les enfants naquirent au fil des états qu'ils ont traversés. D'abord Leland, l'ainé qui a les traits de son grand-père maternel, en 1939, puis Fraya sa soeur, en 1944, Yarrow et Waconda qui moururent très jeunes, Flossie née en 1951, Betty en 1954, Trustin en 1956 et Lint, dernier de la fratrie en 1957, à la suite de la naissance duquel, Alka décida qu'il était tant de se poser à Breathed, Ohio, l'état où tout a commencé. Dès lors, la véritable histoire de « Betty » débute. Une vie entre un père Cherokee bienveillant et une mère « blanche » psychologiquement instable.
Betty grandit et voit le décor merveilleux qu'elle avait imaginé avec ses yeux d'enfant se déchirer petit à petit pour laisser la place à un cadre horrible, celui de la réalité du monde des humains. C'est un monde où se cultivent les idées étriquées du racisme, la méchanceté et la cruauté sadique des enfants. Un univers où existent l'inceste, l'intolérance aveugle envers la différence et le meurtre.
Betty a un atout énorme pour survivre au milieu de ce cauchemar qu'elle ne soupçonnait pas : son père.
Landon Carpenter trouve toujours les mots pour soigner les maux, et ces mots ont un lien magique avec la nature, un lien à tel point enchanteur que l'on a envie de les croire, de croire en leur pouvoir de guérison. Ces mots s'échappent des pages du roman de Tiffany Mc Daniel et résonnent longtemps à nos oreilles, nous collent à la peau et surtout embellissent la triste réalité de la famille Carpenter et un peu la nôtre.
Lorsque je referme la dernière page de « Betty », j'ai dix ans et mille étoiles s'échappent de mes yeux brillants… Et ce sera toujours l'été…
« Betty » de Tiffany Mc Daniel est un rendez-vous merveilleux que nous propose les éditions Gallmeister, qu'il serait dommage de manquer.
Traduction de François Happe.
Editions Gallmeister, 716 pages.
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Betty, Prix du Roman FNAC 2020 et Prix America du meilleur roman 2020, est un roman poignant que Tiffany McDaniel dédie à sa mère née le 12 février 1954 à Ozark dans l'Arkansas. Sur plus de 700 pages qu'on tourne sans s'en apercevoir, l'auteure raconte à la première personne, le passage de l'enfance à l'âge adulte de celle qui est née moitié blanche, moitié indienne.
Difficile d'exprimer son ressenti sur un livre aussi riche et aussi éblouissant qui raconte comment une jeune femme métisse tente d'exister face aux réalités de la société rurale américaine.
Betty Carpenter est la sixième enfant d'une fratrie de huit, dont deux sont déjà morts lors de sa naissance. Fille d'Alka Lark, blonde et fragile et de Landon Carpenter, cet Indien cherokee descendant de guerriers, de guérisseurs et de sorciers, déportés dans des réserves jusqu'en Oklahoma, dont elle a hérité la peau cuivrée et une grande imagination grâce à ses histoires magiques qui lui serviront à affronter le monde cruel dans ce coin de campagne de l'Amérique profonde, l'Ohio.
Si, dans la première partie, Je suis, 1909 – 1961, Betty raconte ses parents, leur rencontre, la naissance de ses frères et soeurs, une période d'errance, puis, cette attaque raciste dont est victime Landon à la mine par les hommes avec lesquels il travaille : « On pourrait croire qu'au fond de la mine, où tout le monde est noirci par le charbon, les différences n'existent plus entre nous... Qu'on peut travailler ensemble. »
En 1961, sa mère veut rentrer en Ohio où elle a ses racines, Ohio qu'ils avaient quitté en 1945. La famille va s'installer à Breathed, une bourgade imaginaire, dans un coin de campagne à la végétation luxuriante au pied des contreforts des Appalaches. Les quatre autres parties du roman nous permettent de suivre Betty jusqu'en 1973 et montrent comment le sexe et la classe sociale ont été, en sus de la couleur, des handicaps pour elle.
Très tôt, Betty est confrontée au racisme, que ce soit à l'école avec la brutalité de ses camarades de même que celle des enseignants ou dans la rue, et d'autre part, comment continuer à vivre lorsqu'on découvre que les personnes censées nous protéger sont de véritables monstres et ne pas être envahi par un sentiment de culpabilité pour ne pas avoir révélé les faits...
Betty comprend très vite le pouvoir de l'imagination capable de transcender la réalité environnante et qu'elle est une nécessité quand le monde devient trop rude et trop violent.
Les légendes de son peuple que son père lui raconte sont autant de leçons de vie qui lui permettent d'encaisser les blessures et de les réparer. Les mots seront également pour elle une autre échappatoire à cette cruauté de la vie. L'écriture est son refuge, elle griffonne sans cesse sur de petits papiers ses douleurs qu'elle enterre ensuite sous les pierres du jardin.
Douceur, poésie et violence se côtoient tout au long de ce roman à la fois enchanteur et tragique.
Une très belle page est celle où Betty définit son père : « je pensais que mon père - comme les histoires que ces livres racontaient (ceux qu'elle empruntait à la bibliothèque) – était né de l'esprit de ces écrivains. »
Il est un véritable hymne à la terre, à la nature, à l'environnement, un hommage rendu par l'écrivaine à sa mère, mais aussi aux femmes qui ont su résister et se dresser face à l'adversité pour affirmer leur propre pouvoir.
Tiffany McDaniel fait preuve de beaucoup de sensibilité dans son ouvrage et j'ai particulièrement aimé la relation père-fille, tout l'amour que met Landon dans le surnom donné à sa fille Betty « Petite indienne » et les valeurs qu'il lui enseigne. Bouleversantes sont les relations intrafamiliales.
Lumière et noirceur, amour et méchanceté, sauvage et civilisé, les thèmes s'affrontent tout au long du roman mais la magie des mots de l'écrivaine parvient à illuminer notre lecture et à nous donner la force de ne pas baisser les bras.
C'est un livre qui ne peut laisser personne indifférent, un livre dont la force vous étreint et qui pourrait être une véritable source d'inspiration pour le futur.
Un grand MERCI à Simon pour cette lecture éblouissante.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Betty est-il le roman qu'il faut avoir lu en cette rentrée littéraire de l'automne 2020?


L'histoire se déroule sur près d'un siècle, dans le sud de l'Ohio. Celle que son père appelle Petite indienne revient sur le passé de ses parents, son père Landon, né au début du siècle, héritier d'une lignée maudite, celle des Cherokees, qui savent fabriquer de la peinture rouge et parler des feux sacrés. Cette richesse culturelle est cependant un fardeau dans cette Amérique qui n'accorde de crédit qu'aux blancs, aux voleurs de terre.
L'histoire de la mère est plus dramatique encore, et c'est la rencontre avec Landon qui la sauvera des griffes d'une famille abjecte.
Betty complètera le tableau familial tout en racontant sa propre enfance, que sa couleur de peau désignera irrémédiablement comme l'exclue, la maudite.

C'est un long roman, qui s'attache à retracer le destin, souvent écourté, des nombreux personnages de la famille, dans cette maison que la majorité des habitants de Hampstead considèrent comme maudite. Et on aurait tendance à les croire, si l'on considère le nombre de survivants à la fin du récit!

Long roman donc, et pourtant -, malgré la noirceur (certains ont pu le comparer à My absolute Darling), la lecture n'est pas complexe et se fait avec facilité.

L'écriture est très belle, dans la lignée des plus beaux romans de nature-writing et c'est sans doute ce qui contribue à son charme .

Bel exemple de ce que la littérature américaine peut nous apporter de meilleur, dans la qualité de l'écriture et le soutien de valeurs humaines primordiales.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Comment passer à côté d'un roman encensé de toute part (prix FNAC 2020 ) ?

Je crois bien qu'au sujet de ce livre, j'ai fait une sorte de burn-out : trop de drames, trop de violences, trop de morts...
Et la lectrice que je suis, de culpabiliser, parce qu'elle sait que ce personnage principal, celui de Betty, a été inspiré de la vie de sa maman, et que tout est sûrement vrai. Et qui suis-je pour juger de ce qu'une famille a subi ?
.....Et la lectrice que je suis, de continuer, parce que c'est bien écrit, parce que tout le monde a aimé, et qu'il ne s'agirait pas de passer à côté...

Et ce livre me rappelle "My absolute Darling", que j'ai subi vaillamment, de la violence dans un bel écrin, dans un joli style, dans de très beaux mots, et c'est ça être écrivain, écrire sur l'indicible, décrire, mettre des mots sur les maux.
N'empêche que je suis passée à côté de Betty, que je m'y suis ennuyée.

Et pourtant, elle est attachante , cette petite fille née d'un père Cherokee et d'une mère blanche, dans une Amérique qui va de la fin des années 50 à celle des années 70. Sixième d'une fratrie de huit, c'est celle qui ressemble le plus à son père, celle qui a la peau la plus foncée, celle qui subira le plus le racisme, le harcèlement à l'école...

Et il est attachant ce père, qui essaie de transmettre seul, les valeurs, la culture de son peuple. Et il est formidable ce père qui essaie de mettre un pansement de poésie sur la pauvreté, sur le malheur des uns , sur la bêtise des autres.

Et , elle est quelquefois à côté de la plaque cette mère, et on la comprend, mais on s'inquiète des répercussions sur les enfants...

Et c'est beau et sauvage l'Ohio.

Dure, la vie là-bas, quand on n'a rien au départ et pas grand chose à l'arrivée.

Bêtes et méchants ses habitants , les voisins, cruels les gosses...

Oui, Betty revient de loin, quel courage , il lui a fallu pour juste être elle et se relever à chaque fois...Quelle vie !

Il parait que les chants les plus tristes sont les plus beaux...

Beau mais triste, et long , très long...
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Betty est née dans une famille pauvre et métissée. Son père est un indien cherokee, sa mère la fille de petits paysans blancs. La famille compte 6 enfants, tous très différents ; deux autres sont décédés très tôt. Après une errance d'état en état, de petit boulot en petit boulot, ils sont revenus s'installer dans la région natale des parents, au sud de l'Ohio, dans une vieille bicoque qu'ils retapent progressivement.
La famille vit un peu à l'écart de la société, mais les qualités d'herboriste du père sont reconnues, ce qui leur permet de survivre. Cette activité les conduits à vivre près de la nature, avec la tête un peu dans les étoiles, tant le père aime raconter et inventer de vieilles légendes indiennes.
Leur principal lien social est l'école, mais Betty, qui a hérité de la teinte de peau de son père, y est harcelée. C'est un peu le déclencheur qui marque la fin de l'innocence et va ensuite lui faire découvrir les vicissitudes et les violences cachées de cette vie à la campagne...

Je crois que ce qui a fait, pour moi, de ce livre un coup de coeur, c'est une l'opposition entre le style et les événements qui structurent la narration.
L'écriture est ronde, lente, douce, poétique, envoutante... Combinée aux histoires que raconte le père, elle invite à la rêverie, à l'évasion.
Si l'on met de coté les liens familiaux, étroits et chaleureux, et la relation de la famille à la nature, le fond du livre est extrêmement violent : les discriminations que subit la famille, l'agression du père par ses collègues de travail, et ce n'est qu'un tout petit début... Il y a une sorte d'engrenage qui se met en place et qui broie progressivement presque tous les membres du clan.
Betty est pour moi l'égal des meilleurs romans de Steinbeck (Les raisins de la colère, Les naufragés de l'autocar) ou de Caldwell (La route au tabac, le petit arpent du bon dieu). Pour l'apprécier pleinement, je ne l'ai pas lu d'une traite. J'ai pris le temps, un petit mois, de le déguster et de le digérer avec lenteur.

Un cou de coeur, vous dis-je !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Betty n'est pas naïve.
Betty n'ignore rien de la violence des hommes.
Betty sait.
Le racisme ordinaire. le viol des femmes. La pauvreté. La cruauté des adultes et celle des enfants.
Mais si Betty voit, entend et endure beaucoup,
même la dureté de sa mère blanche,
elle a les tendres bras de son père Cherokee et son monde magique.
La nature généreuse et son extraordinaire résilience aussi, avec les mots inscrits dans son carnet et ces bocaux qu'elle enfouit.
Comme on enterre des secrets inaudibles à tous.
Betty, un livre terriblement sombre et lumineux.

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C'est dans le cimetière de Joyjug, Ohio, que se sont rencontrés Landon Carpenter et Alka Lark et où ils se sont échangé un peu plus qu'un simple baiser. Au bout de quelques mois, il ne lui était alors plus possible de cacher son ventre rond qui a mis son père dans un tel état de colère que Landon n'a pas eu d'autre choix que de lui rendre ses coups. Leland est alors le premier d'une fratrie de huit enfants. Huit enfants conçus au fil des voyages, d'État en État. Malheureusement deux d'entre eux ne survivront pas. C'est dans l'Ohio, à Breathed, que toute la petite famille décide de poser ses valises. Entre mensonges et secrets, rêve et réalité, violence et complicité, Betty, la petite Indienne, à la peau foncée et au regard noir, bercée par les histoires de son père qui lui transmettra l'héritage de son peuple, devra affronter les remous et les tempêtes de la vie...

Il est des histoires qui se racontent. D'autres qui se vivent... Betty est l'une d'elles. Sous la plume si tendre et magique de Tiffany McDaniel, Betty grandit, survit ou suffoque parfois, s'enivre des histoires de son père et brille dans les étoiles de ses yeux. S'inspirant de la vie de sa mère à qui elle rend un vibrant hommage, l'auteure tisse, avec force et fracas, une fresque familiale inoubliable. D'Alka, femme et mère instable à Lint, l'enfant fragile, en passant par Leland, le grand frère fougueux, Flossie qui se rêve grande star, Landon, ce père protecteur et aimant ou encore Betty. Sur fond de racisme, de violence, de désillusions, de pauvreté, de sexisme mais aussi d'espoir, de poésie et d'amour, ce roman fait montre d'une puissance insoupçonnable et d'une maîtrise incroyable et regorge d'émotions. Un magnifique hommage d'une fille à sa mère mais aussi à son grand-père qu'elle n'a pas connu, une épopée lyrique tout à la fois cruelle, sombre et lumineuse, un récit d'une tristesse et d'une beauté infinies... Betty, c'est tout cela et bien plus encore...
Bouleversant...
Vibrant...
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