L'été où tout a fondu

Pauvres mécréants que nous sommes. Nous avons perdu le paradis. Est-ce qu' une prise de conscience entre le bien et le mal permettrait d'explorer les abîmes de nos âmes?
McDaniel se livre ici à une splendide interrogation sur le regard de l'autre.
Dans "L'été où tout a fondu" second roman après l'excellent "Betty", elle pose la question de la rédemption: a- t-on le droit à une seconde chance alors que l'on est condamné aux enfers? L'espérance n'est pas loin, le besoin d'amour se fait sentir mais Sal embrase la ville de Breathed le jour où il se présente comme le diable. Pas de corne, pas de pied fourchu mais un ado noir aux yeux vert qui détonnent.
Aussitôt les évènements dramatiques s'enchainent. Les esprits s'échauffent sous cet été accablant de soleil entrainant les habitants vers une paranoïa implacable.
Dans une atmosphère digne du film "Sermons de minuit", la famille Bliss qui a recueilli Sal va devenir la proie des âmes en perdition.
Sodome et Gomorrhe ne sont pas loin de ce récit bouleversant où l'inhospitalité, l'homophobie, le racisme et la colère non pas divine mais des hommes s'abattent sur cette terre de l'Ohio.
Ce roman de la perte de l'innocence et du besoin de rédemption est un puissant filtre des tourments humains.
Les héros incandescents ne peuvent pas nous laisser indifférents.
Sal, le bouc émissaire, Fielding l'innocent, Grand le désespéré ou Elohim l'antipathique gourou.
Bien d'autres personnages ont une place de choix dans ce maelstrom de violence. Stella notamment m'a émue devant la perte de son enfant.
La gorge serrée j'ai suivi les évènements qui s'enchainaient ne laissant aucune respiration au lecteur. La tension et la rage montaient autant que la chaleur jusqu'à l'ultime fin grandiose et tragique à la fois.
Ne passer pas à coté de ce roman puissant , fascinant et pleins d'émotions.
Il aurait pu s'appeler "Une saison en enfer" mais le titre était déjà pris.