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Critique de Kirzy


Comme beaucoup, j'ai succombé à la déferlante Blackwater parfaitement orchestrée par la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture. Je ne me suis pas beaucoup forcée car j'adore ce concept de saga épique familiale feuilletonnée en 6 tomes publiés d'avril à juin par quinzaine, occasion de découvrir Michael McDowell qui a inspiré Stephen King pour son roman-feuilleton La Ligne verte. Et puis, l'objet-livre est si magnifique avec ses illustrations ( de l'artiste espagnol Pedro Oyarbide ) à l'esthétique oscillant entre art nouveau et jeu de tarot : la couverture gaufrée et dorée attisent le désir de se ruer sur le roman !

Un feuilleton en six romans, donc, l'histoire de la fortunée famille Caskey de 1919 à 1970. Forcément, l'auteur doit d'emblée ferrer son lecteur. Dès la première page, je le fus avec enthousiasme.

« A l'aube du dimanche de Pâques 1919, le ciel au-dessus de Perdido avait beau être dégagé et rose pâle, il ne se reflétait pas dans les eaux bourbeuses qui noyaient la ville depuis une semaine. Immense et rouge orange, le soleil rasait la forêt de pins accolée à ce qui avait été Baptist Bottom, le quartier où les Noirs affranchis s'étaient installés en 1895, et où leurs enfants et petits-enfants vivaient encore. Désormais, s'étendait à perte de vue un magma fangeux de planches, de branches d'arbres et de carcasses d'animaux. (…) La ville se décomposait sous une vaste étendue d'eau noire et puante qui commençait seulement à refluer. »

C'est dans ce chaos, lié aux ravages d'une crue exceptionnelle, que fait irruption un personnage fascinant, Ellinor, une jeune femme aux cheveux roux couleur de la boue de la rivière Perdido. La puissante et richissime matriarche Mary-Love voit rouge et lui voue une haine quasi irrationnelle lorsqu'Ellinor s'incruste méticuleusement dans la société de Perdido à commencer par la famille de Mary-Love. On devine la tumultueuse guerre à venir, à fleurets mouchetés, imprévisible étant donné l'intelligence des deux duellistes qui semblent beaucoup se ressembler au final, et on s'en frotte les mains.

L'auteur happe le lecteur par sa mise en place impeccable du décor, des personnages et des enjeux autour de thématiques comme la condition féminine, les inégalités de classe ou les conflits familiaux. La narration à la troisième personne omnisciente permet de balayer large tout en gardant une certaine distance. Aucun personnage n'est en soi attachant mais tous accrochent, surtout la sibylline Ellinor et son lien étrange avec la rivière Perdido.

La construction de l'intrigue avance dans le mystère, l'inquiétude et l'étrangeté. Il y a même trois scènes absolument géniales car harmonieusement intégrées aux autres, savamment distillées pour appuyer les émotions. Jubilatoires avec leur touche de surnaturel additionnée d'un soupçon d'horrifique.

Bref, le plaisir retrouvé du roman-feuilletonnée ainsi que le sens du cliffhanger de fin de livre m'ont rendu accro. Je viens de finir le tome 2 et attend impatiemment le 5 mai pour foncer sur le tome 3. Une lecture accessible 100% divertissante vraiment très chouette.
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