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Critique de Soundandfury


Par l'auteur d'Expiation, voici un roman magistral qui serpente entre cynisme et grotesque. A la fois portrait d'un homme - c'est bien là tout le drame - et réflexion contemporaine sur notre politique écologique, Solaire est un roman qu'il faut prendre le temps de déguster, sous peine d'indigestion.
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J'étais un peu frustrée, arrivée à la centaine de pages, par l'absence d'intrigue à proprement parler. Je me sentais étouffée par la personnalité de celui qui est au coeur du roman. En disant "coeur", je suis en dessous de la vérité. Il emplit chaque recoin, il est le corps du roman. L'ensemble de l'oeuvre est son portrait impitoyable.

On ne peut pas aimer Michael Beard. Certes, il a reçu le prix Nobel de physique. Mais c'était il y a des années. Depuis, il se contente de recycler la même conférence, grassement payé, tout en enchaînant les mariages et les liaisons - ces dernières trois fois plus nombreuses que ces premiers.

Justement, sa cinquième épouse, dépitée, lui rend la pareille. Beard, dont la lâcheté excède la libido, en profite pour accepter un tour au Pôle Nord et feint de s'intéresser au réchauffement climatique. En vérité, il s'en fout, de ça, comme du reste, comme de tout ce qui ne concerne ni son pénis ni son estomac.

De cet homme grotesque, Ian McEwan fait l'allégorie de l'Indécence. Son prix Nobel lui donne un certain pouvoir, il l'utilise à des fins personnelles. Il prêche les économies d'énergie mais il est prisonnier de son métabolisme déréglé, avide de nourriture grasse, avide de sexe. Quand il s'empare des travaux d'un autre sur l'énergie solaire, impossible d'être surpris.

Je crois que je lui en veux surtout parce qu'il est humain et agit comme tel. A petite échelle, il existe bien des coeurs purs, de nobles âmes prêtes à se sacrifier pour la cause de l'humanité. A grande échelle, ceux qui décident, ceux qui gouvernent, nous l'oublions parfois, ne sont que des hommes.

Pas spécialement écolo - parce que trop cynique - je suis les débats sur le réchauffement climatique d'assez loin. Mais un passage m'a marquée, celui dans lequel il est dit qu'il nous est impossible de prendre les menaces climatiques au sérieux, car la situation est tellement critique que si brusquement nous nous en apercevions vraiment, il ne serait plus possible de faire quoi que soit d'autre que d'y penser et de s'en inquiéter, au point de reléguer à l'arrière plan toutes les autres préoccupations mondiales.

Tout au long du texte, Michael est un corps qui enfle et qui n'a même pas, comme la grenouille de la fable, l'excuse de chercher à être autre chose que lui même, pitoyable, mesquin et impuissant.
Lien : http://talememore.hautetfort..
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