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Critique de Nastie92


La quatrième de couverture du très beau roman d'Isabelle Hausser "Nitchevo" nous dit :
"« Nitchevo » : ces trois syllabes, en russe, signifient «rien». L'exclamation de la résignation, l'acceptation fataliste du sort, et finalement, l'opiniâtreté à vivre."
Et là, je suis sûre que vous vous dites : "Nastie92 perd la boule, elle se trompe de livre."
Eh bien non !
Si je vous parle de "Nitchevo", c'est parce qu'il m'a trotté dans la tête pendant toute ma lecture. Pas pour l'histoire (qui n'a rien à voir), mais parce que "Nitchevo" est un titre qui aurait très bien convenu à cet ouvrage.
Les personnages de ce roman sont résignés, mais en même temps dotés d'une grande force et d'une grande volonté. Ces deux aspects conjugués en font des êtres attachants, et l'on compatit à leur sort bien plus que s'ils se révoltaient bruyamment.
Pas de cris ni de hurlements, plutôt une sorte de fatalisme désabusé, mais qui n'est en aucun cas de la passivité face aux évènements.
Ce qui m'a frappée pendant ma lecture, c'est que tout est gris, tout est terne dans ce pays. Il y a comme un voile de tristesse qui recouvre tout, même dans les passages qui se déroulent avant l'accident. Un voile de tristesse également entre les êtres dont le quotidien est une lutte constante pour survivre et s'en sortir : une vie sans éclat, une vie pauvre, une vie laborieuse, une vie difficile.
Et ce sont ces personnes démunies que la catastrophe de Tchernobyl est venue frapper, comme s'il fallait ajouter l'horreur à la tristesse.
Je trouve que cet aspect est l'une des grandes réussites du roman. Mettre en scène des victimes dont la vie n'était pas rose du tout est, me semble-t-il, bien plus efficace que ce qu'aurait pu être le contraste entre une vie d'avant colorée et l'après accident.
Malgré le bouleversement induit par la catastrophe, il y a comme une sorte de continuité dans la tristesse, ce qui rend le récit d'autant plus émouvant.
Un premier livre tout en finesse, bravo Darragh McKeon !
Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour ce roman dont le titre un peu énigmatique au départ prend son sens lors de la lecture. Un titre qui lui va très bien. Ce qui ne vous empêche pas d'aller jeter un coup d'œil du côté de Nitchevo si vous avez envie d'aller explorer les mystères de l'âme russe...
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