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Critique de Stockard


A Thalia, petit bourg paumé au nord du Texas, la seule chose qui compte quand on est un lycéen en dernière année, c'est bien sûr de décrocher son diplôme... Nan je déconne. En tout cas pour Sonny et Duane, la seule chose qui a de l'importance c'est la séance du samedi soir à l'unique petit cinéma du coin, pas tant pour le film que pour l'endroit en lui-même où dans l'obscurité bénite du lieu on peut espérer embrasser, tripoter, gagner du terrain dans le jean et sous le chemisier de petites amies en titre sans se faire mettre les tripes au soleil par les pères des donzelles qui elles de leur côté ne rêvent que de stars hollywoodiennes.
Pour Duane, tout se passe bien ou presque, il ne doute pas une seconde de son futur mariage avec Jacy, ne lui reste qu'à convaincre la richissime famille de sa belle que travailler comme ouvrier dans un champ de pétrole ne fait pas de lui un tocard absolu et c'est gagné alors que Sonny, lui, rencontre quelques difficultés en se sortant une fille même pas jolie et qui ne l'aime pas tellement mais dans ce genre de patelin, on prend ce qu'on trouve, c'est pas comme s'il y avait le choix. Alors quand Charlene va finalement se lasser de lui et que la serveuse de leur café attitré restera de marbre devant ses timides avances, la femme de l'entraîneur de football et de basket du lycée fera finalement très bien l'affaire. D'accord, elle a la quarantaine attristée et la mine grise mais ce qui compte c'est de tremper son goupillon dans un bénitier quel qu'il soit alors pourquoi pas la bourgeoise du coach si elle est consentante ?
Le reste du temps, avec d'autres blancs-becs désoeuvrés du coin, ils tuent le temps en jouant au billard ou (voilà comment perdre une étoile sur la note finale) en se déniaisant avec les génisses du troupeau familial (putains d'abrutis de bouseux mutilés du bulbe !) pour oublier un peu la joie et l'allégresse que l'on ne peut que ressentir à vivre encerclé par des champs de pétrole et des élevages bovins.

Mêlant chronique sociale, satire et humour noir, Larry McMurtry nous convie à visiter son Texas natal du côté rural, celui de la désolation et des gamins perdus qu'il nous sert à la sauce tex-mex avec des personnages souvent attachants comme Billy, le môme attardé et donc d'une gentillesse sans bornes et Sonny qui, s'il semble souvent neurasthénique, est peut-être le seul à éprouver ce qui pourrait s'apparenter à de la compassion. Deux exceptions parmi ceux à qui, écrasés par un puritanisme moite et étouffant, tout semble bon pour s'extraire de ce carcan blindé où chaque pied de nez aux valeurs chrétiennes est recherché, admiré et glorifié. Pour les jeunes paumés de Thalia, la vie se résume à "faisons quelque chose, n'importe quoi mais faisons le !" Bref, tout plutôt que de mourir d'ennui en devenant l'haïssable copie conforme de géniteurs moqués et mal-aimés.
Le passage à l'âge adulte dans un trou paumé du Sud des années 50, voilà ce que Larry McMurtry se targue de nous raconter et dammit qu'il le fait bien !
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