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Critique de Tlivrestarts


Un premier roman découvert grâce à la formidable aventure des 68 premières fois !

C'est le 3ème que je lis et il va passer avant "Ce qui nous sépare" de Anne COLLONGES dont je peine à rédiger la chronique !


Cassiopée et Damien forment un couple depuis une petite vingtaine d'année. La routine et les habitudes se sont progressivement immiscées dans leur foyer pour laisser place à une vie quotidienne fade, sans charme et sans saveur. Pendant ce temps, leur fille, Lucie, 16 ans, vit son premier amour et découvre la sexualité, leur fils, Benjamin, 13 ans, lui passe son temps à la concrétisation d'un rêve, s'envoler dans l'espace. Cassiopée comble le vide de son existence en passant son temps à laver, nettoyer, ranger, récurer... jusqu'au jour où un événement survient faisant perdre à chacun tous ses repères. Cette famille "normale" saura-t-elle le surmonter ?

Ce 1er roman de Garance MEILLON pose le cadre d'une famille composée de papa, maman et les enfants, et qui vit sa vie sans grande fantaisie, chacun s'isolant du microcosme familial pour affronter les éléments, soupçonnant les autres d'être insensibles à ses propres difficultés.

En me lançant dans la découverte de ce roman, je savais qu'il s'agissait d'un roman familial (le titre ne prête pas à confusion), un roman de ceux qui font croiser des destinées qui vont s'unir, s'entrechoquer, s'affronter, de désolidariser mais aussi s'apaiser, se réconforter, se soutenir, s'entraider... C'est dans cet état d'esprit que je me suis glissée dans l'intimité de cette famille en sachant qu'un événement viendrait détruire l'ensemble du château de cartes édifié dans les premières pages. Je ne vais d'ailleurs pas vous en dévoiler le contenu au risque de déflorer le charme de l'histoire.

Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est la psychologie des personnages, et de voir comment chacun va aller puiser dans ses forces personnelles pour s'offrir de nouvelles perspectives. La vie d'avant ne ressemblera pas à la vie d'après, chacun le sait, mais ce qui m'a plu c'est "L'INSTINCT" de survie que chacun va développer.

La forme du roman choral vient bien sûr renforcer le regard posé par chacun sur l'événement et ses conséquences. le choix de l'auteure est particulièrement judicieux et tout à fait adapté. Je me plais toujours à user de différents filtres pour lire une réalité qui elle est unique. C'est le principe même de l'interculturalité ! Et quand on est parent, on se plaît parfois à plonger dans l'univers de nos chères têtes blondes pour comprendre leurs réactions. C'est une richesse du 1er roman de Garance MEILLON.

Il permet ainsi d'aborder l'adolescence, les doutes, les premières expériences, le sentiment d'invincibilité, l'insouciance... mais aussi les rêves ! Il traite aussi de l'évolution des relations soeur/frère alors que la jeunesse brouille les cartes.

"A un moment précis et très court, je compris ce que c'était qu'une famille. La seconde d'après j'avais oublié." P. 183

Il traite aussi de la difficulté de préserver l'amour tout au long de la vie d'un couple, les sentiments, les émotions... tout paraît si fragile.


Mais c'est aussi un très beau roman sur le deuil, la transmission entre générations, les relations mère/fille. Garance MEILLON sait aborder un sujet douloureux tout en délicatesse.

"Remarquer la beauté de Paris un jour pareil, c'est faire preuve d'un ultime égoïsme que je n'assume pas. Je ne veux rien prendre de cette journée, rien retenir, même pas la grâce de cette jolie jeune fille qui court après le bus, sa jupe volant derrière elle. Même pas ce petit chien qui sautille devant chez le boulanger. Même pas le pont Marie, que j'aime par-dessus tout. Il ne faut rien prendre d'aujourd'hui. Pour maman. Ne garder que le souvenir d'elle. Il ne devrait même pas faire beau, et pourtant le soleil est radieux. J'essaie pendant quelques minutes de ne pas remarquer qu'il fait beau. Je n'y arrive pas." P. 36

L'écrivaine offre à Cassiopée une très belle source d'émancipation et de libération. La couverture, que j'affectionne particulièrement, vous donnera certainement un indice !

Et puis, vous connaissez toute l'attention que je porte au pouvoir des mots, et là, j'ai repéré un très beau passage, je vous le livre :

"Ces mots explosaient dans un placard depuis des années. Je viens seulement de les lire. Ont-ils eu une vie à eux, cachés sous les vêtements défraîchis de ma mère, que personne ne mettra plus ? Ou au contraire étaient-ils bouillonnants, rageant de ne pas être lus, comme une cocotte-minute qui siffle et que personne n'entend ? Ces mots m'ont fait l'effet d'une bourrasque." P. 56

Alors que l'histoire "d'Une famille normale" ne m'attirait pas plus que ça (j'avoue, j'ai un vrai problème avec la normalité !), l'auteure a su me faire passer un bon moment de lecture. C'est déjà beaucoup !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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