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Critique de Jehanne29


Il s'agissait de ma première participation à la Masse critique générale de Babelio. Je ne pensais pas avoir une chance être sélectionnée, mais il y avait un livre dont l'histoire avait pour cadre… la Croatie. Moi qui suis passionnée par ce pays, j'ai donc malgré tout tenté ma chance, en postulant uniquement pour ce livre et aucun autre. D'où ma joie immense lorsque j'ai reçu le mail m'annonçant que j'avais été sélectionnée et que j'allais sous peu recevoir le livre par la poste.

Emma est française et vit à Zagreb. Après avoir travaillé plusieurs années pour le TPIY, elle est recrutée par le ministère croate de la Justice en tant que consultante en matière de lutte contre la corruption. Emma a un fils âgé de quelques mois, Bruno, qu'elle élève seule. Loin d'une mère parfaite, elle ne semble jamais avoir trouvé sa place de maman et confie toutes les responsabilités éducatives à Dunja, la nounou, avec soulagement mais non sans culpabilité.

Huit mois pour te perdre est une histoire à deux voix, les deux récits débutant à huit mois d'intervalle pour peu à peu se rejoindre. J'ai beaucoup aimé l'alternance des chapitres entre les deux héroïnes, qui permet de faire évoluer l'intrigue de manière progressive, par recoupements. le suspens et l'angoisse montent au fil des pages, à tel point qu'il est impossible de poser le livre avant d'être arrivée à la fin.

On se prend d'affection pour Dunja, mère courage dévastée par la perte de son premier fils et maltraitée par son deuxième. Une femme douce et attendrissante qui déverse son trop-plein d'amour à donner sur le petit Bruno. le personnage d'Emma, en revanche, est plus ambigu. Carriériste, égoïste, parfois franchement désagréable, mais surtout dépressive et paumée, Emma suscite à la fois l'admiration, la pitié, la colère et l'incompréhension. Deux femmes totalement différentes donc, dont on découvre l'histoire et les blessures au fil des pages.

Ma chronique aurait pu s'arrêter là si j'avais lu ce roman sans rien savoir de la Guerre d'indépendance de Croatie. Mais voilà, l'auteure a pris le parti d'évoquer parfois longuement la situation politique en Croatie à l'aube de son entrée officielle dans l'Union européenne, les séquelles de la guerre et le difficile chemin vers la réconciliation. Et Emma ne manque pas de nous faire part de son avis bien tranché sur la question. Ces passages m'ont tellement énervée et ont à tel point influencé mon ressenti durant la lecture que je ne peux pas ne pas en parler. En effet, Emma personnifie la vision du TPIY, avec laquelle je n'ai jamais été d'accord. Elle incarne tout ce que je déteste, à l'image de cette justice internationale qui s'arroge le droit de juger des événements auxquelles elle ne comprend rien et qu'elle n'a d'ailleurs rien fait pour empêcher. Elle critique froidement le comportement de personnes qui ont connu la guerre et perdu des proches, sans essayer une seconde de se mettre à leur place. Les commentaires sur Ante Gotovina m'ont dérangée également, car cet homme a été acquitté et est donc innocent aux yeux de la loi, quoi qu'en pense Emma ou l'auteure.

Pour résumer, si je ne suis pas d'accord avec tout, je tiens néanmoins à remercier Marie-Diane Meissirel d'avoir mis la Croatie à l'honneur dans son roman et je garde tout de même un très bon souvenir global de cette lecture. Je remercie la maison d'édition Daphnis et Chloé ainsi que Babelio de m'avoir choisie pour chroniquer ce livre.

Lien : https://depagesenlivres.be/b..
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