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Critique de Etsisite


Ah Bartleby, ce cher et étrange Bartleby. L'envie soudaine de relire ce court texte m'a pris il y a quelques jours et c'est avec un grand plaisir et que je m'y suis replongée.

Ne connaissant pas Melville par ailleurs, je ne sais pas si c'est une constante chez lui mais cette nouvelle est un régal d'humour ironique frôlant parfois l'absurde : entre le ton un peu prétentieux du narrateur et les personnages secondaires lunatiques hauts en couleur, j'avais souvent un sourire aux lèvres ! Et puis, bien sûr, il y a cet être énigmatique : Bartleby, copiste apparemment sérieux et tranquille, embauché par la narrateur-avoué de l'histoire. Bartleby qui effectue son travail avec application et même acharnement, jusqu'au jour où il répond à une demande de son patron : « je préférerais pas » (I would prefer not to), réponse qui pourrait laisser entendre une hésitation, une possibilité mais qui concrètement s'accompagne d'une non-action ferme. A partir de ce jour, il s'enfermera dans sa passivité pour ne finalement ne plus rien faire au prétexte « qu'il ne préfère pas ». le narrateur pris au dépourvu et placé, de fait, dans une totale impuissance oscille alors entre compassion et colère à son égard. Finalement, la première l'emportera et de mon côté, après mes sourires, c'est de la tristesse, de la perplexité et de la compassion qui ont accompagné ma lecture.

Dans cette célèbre réponse de Bartleby (« je préférerais ne pas »), j'avais vu auparavant un geste de résistance passive assez puissant dans la lignée des mouvements non-violents : en effet, Bartleby ne fait usage d'aucune violence mais oppose simplement un refus passif, poli mais ferme à toute demande. Aujourd'hui, ce qui m'a davantage frappé se résume dans cette réplique de Bartleby :

« Je préférerais m'abstenir de tout changement. »

En s'installant dans son refus d'agir, dans cette inertie et dans ce quasi non-être, Bartleby refuse tout mouvement, tout changement… et au final, il rejette la vie. Comme si, las, il préférait désormais refuser toute contrainte et ne plus rien faire d'autre que respirer et contempler un mur, indépendamment des autres et de la vie qui se déroule autour de lui. Est-ce que le fait qu'il fût copiste influence cet étrange comportement ? A force de copier les textes des autres, finit-il par avoir la sensation de disparaître et de ne plus exister lui-même ? En tout cas, à mes yeux, ce court texte illustre jusqu'à l'absurde et jusqu'à la mort le refus du changement en tant que refus de la vie !
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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