AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les souvenirs (44)

LE DÉSIR


LA bonté du soleil n’apaise pas nos yeux.
Nous avons les prés clairs où l’eau met des buées,
Les collines aux plis charmants continuées
En des bandes couleur de perle au bord des cieux ;

Nos chênes sont si hauts, si vaillants et si vieux
Qu’ils connaissent la foudre et parlent aux nuées.
Les forêts de cent ans que l’on n’a pas tuées
Sont les chœurs où l’accord des voix chante le mieux.

D’où vient qu’ayant l’odeur vive des matinées,
Les pourpres du couchant dans le ciel entraînées,
Les molles nuits d’été qui s’allument pour nous,

Nous sentions nos désirs s’enfler comme des voiles ?
Pourquoi les horizons sont-ils d’un bleu si doux ?
Pourquoi chercher au loin de nouvelles étoiles ?

p.32
Commenter  J’apprécie          140
VI
ÉTOILES


SES yeux, tout un printemps, éclairèrent ma vie
Je marchais ébloui, la tenant par la main.
Elle était le rayon, l’étoile du chemin,
Et tant qu’elle a brillé sur moi, je l’ai suivie.

Ainsi mes jours passaient sans but et sans envie
Puis vint l’été ; ce fut un triste lendemain.
Je ne vis plus l’étoile au doux regard humain,
Et la sérénité du ciel me fut ravie.

Et souvent, dans l’azur profond des soirs d’hiver,
Lorsque la lune au front du paysage clair
Pose comme un décor sa lueur métallique,

Seul, dans l’apaisement des soirs silencieux
Suivant l’éclosion lente et mélancolique
Des étoiles, j’ai pu reconnaître ses yeux.

p.56
Commenter  J’apprécie          81
LA LANDE


La ligne impérieuse et fauve de la lande
Change d’aspect, et forme au-dessus du flot clair
Un golfe harmonieux de verdure. Dans l’air
Court un parfum mêlé d’algues et de lavande.

Des barques de pêcheurs semblent en longue bande
Un vol silencieux de blancs oiseaux de mer.
Tout est calme. Le vent retient son souffle amer
Et la lune au couchant se lève toute grande.

C’est ici-bas que sont les paradis charmants.
Un tout petit ruisseau sous les saules dormants
Cause, malgré le bruit de l’Océan farouche ;

Loin de ces pars coteaux jusqu’à l’aube oubliés,
La lumière fuyant frissonnante se couche,
Vague orient des mers qui roulent sous nos pieds.

p.13
Commenter  J’apprécie          60
LA FONTAINE


LES femmes lentement descendent le chemin
Et s’arrêtent au bord de la margelle usée.
Sur leur tête la cruche en argile posée
Demeure droite et tremble à peine dans la main.

Le plaintif Océan, d’où monte un râle humain,
Jette aux pierres du quai son amère rosée.
Elles regardent l’eau, car la lame apaisée
Peut grossir, et l’homme est en mer jusqu’à demain.

Un geste harmonieux, comme le col d’un cygne
Élevant l’un des bras, en arrondit la ligne,
Et laisse mollement le grès rose osciller.

Ces femmes ont marché sur la terre biblique :
Et, plus tard, Phidias les fit étinceler
Blanches sur les frontons de marbre pentélique.

p.12
Commenter  J’apprécie          40
La Nuit.


Tiède du souvenir des occidents vermeils,
La nuit sur les coteaux palpite immense et bonne.
Elle est comme la mer un vent d’aile y frissonne;
Leur couleur est semblable et leurs bruits sont pareils.

Le sein large et profond qui porte les soleils,
Où le flot incessant des univers rayonne,
Est indulgent et n’a d’embûches pour personne,
Et, mérités ou non, berce tous les sommeils.

Pourtant, Nuit, je te sais peu sûre et décevante;
Ta vague illusion de spectre m’épouvante:
Si les matins allaient oublier le retour!

Certitude, ô raison, aurore coutumière!
Je sens que ma pensée est faite de lumière;
Même les yeux fermés, j’ai le souci du jour.
Commenter  J’apprécie          30
La Berge.


Malgré le froid, le ciel est en fête, et l’azur,
Pâle encore, adoucit la lumière adorable;
Penché sur l’horizon, le soleil favorable
Se répand et ne laisse aucun détail obscur

La colline, montrant au loin sur un fond pur
Le profil dépouillé d’un saule ou d’un érable,
Abrite des maisons blanches, et sur le sable
De la grève un vieux banc se chauffe près d’un mur.

Le jour clair, les coteaux courant comme des ondes,
Et les blanches maisons, et les tonnelles rondes,
Se fondent en accords comme dans un concert:

Un concert où, tenant le devant de la scène,
Entre les joncs fredonne à petit bruit la Seine
Un de ces airs légers que l’on chante au dessert.
Commenter  J’apprécie          30
LE LAVOIR


Une source descend de la roche brunie :
Les filles de Plomar viennent laver au bas
Aux coups vifs des battoirs se mêle le fracas
Que fait le flot, et c’est une forte harmonie.

Comme devant l’autel sur la dalle bénie,
A genoux sur le roc, les pieds nus et nu-bras,
Les filles aux yeux clairs ne vous regardent pas,
Et leur visage est pur comme la mer unie.

Bleuie en longs filets parmi les galets blancs,
La source fait un doux bruit de grelots tremblants
Que l’Océan bientôt étouffe sous sa lame ;

Et les femmes qui sont la grâce du tableau
Se penchent, laissant mordre au matin qui s’enflamme
Leurs beaux bras ruisselants de gouttelettes d’eau.

p.9
Commenter  J’apprécie          20
LES SARDINIÈRES


QUAND le travail s’arrête et quand finit le jour,
L’obscur logis s’éclaire et la vitre étincelle.
Vers l’âtre où le souci des mères les appelle
Elles pressent le pas et hâtent le retour.

Le court fichu de laine alourdit le contour
Du sein, et l’on voit mal laquelle est la plus belle ;
Mais l’égale blancheur des coiffes sans dentelle
Leur donne un air claustral irritant pour l’amour.

Leurs yeux clairs comme l’eau des vagues vous regardent.
Les petites à vous sourire se hasardent
Et courent en mordant de gros morceaux de pain :

Et, se tenant la main comme un cortège antique,
Les grandes font, au choc d’un pas lourd et rustique,
Claquer sur le pavé leurs sabots de sapin.

p.8
Commenter  J’apprécie          20
Les petits arbres


Malingres, laids, tendant de longs bras d'araignées,
Le corps cerclé de linge et les pieds dans du fer,
À deux pas des maisons, sans espace, sans air,
Les petits arbres vont en bandes alignées.

Ils sont libres de croître aux places assignées ;
On les garde de la chaleur et de l'hiver.
Ils ont sur eux le ciel des villes, jamais clair,
Toujours morne, et qui sied aux poses résignées.

L'été, quand l'air profond s'exhale dans la nuit,
Peut-être que de loin, des bois natals, un bruit,
Une voix leur parvient qui leur parle sans haine :

« Qu'êtes-vous devenus, ô nos frères bannis,
« Platane au tronc d'argent, orme rude, et toi, chêne,
« Abrités mais captifs, tranquilles mais sans nids ? »

p.47
Commenter  J’apprécie          20
Les Vagues

.
Vous êtes la beauté. Vers, la pure Ionie
C’est de vous que naquit Vénus au temps des dieux,
Et vous avez formé son corps victorieux
De votre onde mobile à la lumière unie.

C’est vous, près des vaisseaux, qui faisiez l’harmonie
Des sirènes charmant les Grecs mélodieux,
Et reflétiez l’effroi des grands temples pieux
De Sunium aux bois sacrés de l’Ausonie.

Bien que l’âge ait passé des vieux mythes charmants
Et qu’au sein de vos flots soulevés ou dormants
La raison ait tué la chimère sacrée,

Au fond de votre abîme impénétrable et bleu,
L’âme malgré soi cherche et regarde attirée
Si dans cet autre ciel on ne verrait pas Dieu.
Commenter  J’apprécie          20




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (6) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}