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Citations sur Seul, invaincu (10)

... s'accorder au temps et aux choses tels qu'ils étaient et non tels qu'il les désirait...
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Il est vrai qu’après avoir reçu un message alarmant à son propos, dans le désert où je me trouvais alors, j’avais laissé en plan mon coûteux matériel militaire et quitté l’uniforme, pensant tout juste à demander la permission de partir. Et, c’est un fait, je m’étais envolé vers lui, même si j’avais dû faire escale entretemps et patienter toute une semaine sur une île, buvant et vomissant beaucoup, tout de même j’avais eu la sensation de voler d’une traite, puis, sitôt atterri, d’avoir roulé vers lui à toute allure. Mais, une fois revenu dans ma ville natale, à C., devant la clinique, je repris mes esprits… Les choses n’avaient guère changé… Une certaine atmosphère, pesante comme le brouillard qui stagnait et pénétrait les os, attaquait les os… Je sentais à nouveau le poids de la montagne, ses bras m’étreindre… L’ombre de la grande montagne, que j’avais fuie des années auparavant, derrière moi…
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Je me rappelle une histoire qu'il ne cessait de me raconter, je ne sais toujours pas si elle est vraie, je n'ai jamais voulu vérifier, celle d'un navigateur dans les années soixante ou soixante-dix, qui, s'apprêtant à gagner une course autour du monde, en solitaire et sans escale, comme on dit, rebrousse chemin juste avant de franchir le ligne d'arrivée, ligne de toute façon imaginaire, avait-il dû se dire, sabote sa radio et s'en va en direction de l'océan indien, ni plus vite ni plus lentement que pendant la course, puis accoste sur un des milliers d'atolls que compte la Polynésie, avant de s'enfoncer, seul, dans la jungle. Kérim aurait aimé être comme ce navigateur, ou, mieux, que moi je sois comme ce navigateur, et que je l'entraîne dans son sillage - il rêvait surtout d'être n'importe qui d'autre, alors, d'avoir la possibilité; n'importe où ailleurs.
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À la vue des lourdes portes à battants de l’entrée, dont l’ouverture paraissait réclamer un mot de passe que je ne connaissais pas, il me sembla être sur le point de pénétrer un territoire interdit et dangereux. Bien sûr il se pouvait que, à peine sorti de ma zone de guerre, mon imagination me joue des tours. Pourtant, dès le premier hall, les odeurs tout à coup agressives, et les règles obscures concernant l’hygiène et la sécurité, au nombre de seize, les nombreuses interdictions, le dépouillement obligatoire des bijoux et de la montre que l’on portait, tout indiquait une sorte de sanctuaire où, contrairement à ce qui se passait au-dehors, comptaient les énigmes insolubles posées par les corps à la dérive, maltraités, les questions pratiques, la sobriété, où les traitements particuliers n’existaient pas, où il était impensable de ne pas suivre la procédure – je crois qu’il s’agissait, avant de franchir le pas, d’oublier qui l’on était.
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... puisque, dans chaque amitié, on est amené de toute manière à donner quelque chose de nous-mêmes qu'on désirait garder, quelque chose de précieux que, par la suite, on ne récupère jamais.
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Malheur, me disais-je, malheur aux beautés trop parfaites de l'adolescence ; malheur à ceux qui atteignent leur propre sommet avant l'âge de vingt ans.
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... je suis seul, je me suis retiré à l'intérieur de moi et je n'attends plus rien....
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Pour autant que je m’en souvienne, l’indifférence des gens, cette année-là, envers moi, envers mes camarades de combat ou leurs propres existences, était remarquable. Et l’emballement du cœur et l’espèce de course permanente vers l’abîme de la ville tout entière étaient à la mesure de ce mépris de soi, c’était enivrant, plus enivrant en vérité que mon ennuyeuse zone de combat. Tous les militaires en permission se retrouvaient à Paris, dans les mêmes quartiers. Nous vivions intensément, du moins avions-nous cette impression, dans la hantise d’un rappel anticipé en cas d’accrochage ou d’offensive soudaine de l’ennemi (même si, parfois, une canette de bière à la main, je m’arrêtais en pleine rue, frappé par cette pensée que je ne savais pas du tout, je ne me rappelais plus qui était-ce, et quel était le nom de cet ennemi). Sans nous côtoyer, nous nous croisions assez souvent, et nous ne manquions jamais de nous saluer d’un léger mouvement de tête, il était préférable de ne pas s’ignorer complètement, pour cette simple raison que, dans l’état d’exaltation, pour ne pas dire plus, où nous nous trouvions jour et nuit, le plus insignifiant prétexte suffisait à déclencher une bagarre qui, en laissant s’exprimer une extrême violence dont quelques-uns, parmi les plus intoxiqués d’entre nous, ne pouvaient désormais plus se passer, aurait nécessairement mal tourné. Cela fait, nous espérions ne jamais nous revoir. Sans avoir à parler, sans avoir jamais servi ensemble, nous ne nous connaissions que trop bien… Et je savais que la nuit, en plein cauchemar, contraints d’expulser l’air toxique qu’ils n’avaient pu éviter de ramener avec eux du Mali ou du Liban et qui congestionnait leurs poumons, beaucoup se mettaient à hurler… Se fréquentant il aurait fallu évoquer ces cris, ce serait immanquablement venu sur le tapis…
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Il était un prince pour moi, exactement, mon prince, quoiqu'il pût faire ou dire, je n'y pouvais rien.
A cette attirance inexpliquée,pour un autre qu'on reconnait d'instinct et qui nous parait, sans les complications du sexe, s'offrir entièrement, à cette gémellité que la nature n'avait pas envisagée, ni l'amour ni les plus nobles élans de l'âme ne peuvent être compares.
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[...] il avait été enfermé en chambre stérile et le traitement par chimiothérapie avait commencé, attaquant et bousillant presque immédiatement son organisme, non seulement les cellules monstrueuses mais aussi les cellules saines, en fait son corps entier. Tout raser, tout détruire, puis tout reconstruire à partir de fondations saines, si il en restait : j'avais vu des pays traités de cette manière, alors pourquoi pas un seul homme, et une seule maladie?
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