AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de April-the-seven


N'a-t-on jamais vu une saga qui fait autant l'unanimité au sein de la blogosphère ? Gardiens des Cités perdues… tout le monde s'accorde à dire que c'est une excellente série, pleine de rebondissements, d'intrigues et de valeurs. Parfois, on aime tellement un livre qu'on nourrit une certaine appréhension en commençant le suivant. Est-ce qu'il sera à la hauteur ? Depuis que je lis les titres de Shannon Messenger, cette crainte-là n'a plus lieu d'être. Je savais pertinemment que ça allait le faire avant même de l'avoir commencé. Si les deux premiers opus étaient bons, rien ne me préparait à autant aimer ce tome 3. Rien !

Attention, à partir de là, je vous déconseille de poursuivre votre lecture si vous n'avez pas lu les romans précédents. Pour éviter les spoilers, passez au paragraphe suivant.
Nous retrouvons Sophie Foster, deux semaines après les événements d'Exil. L'adolescente est parvenue à réparer l'esprit brisé d'Alden, et le Cygne Noir lui a donné quelques pistes concernant ses origines et ses pouvoirs. Évidemment, les problèmes n'ont pas fini de la tourmenter. Silveny, placée au Sanctuaire avec l'alicorne mâle semble être dans le collimateur de créatures imprévisibles, et le conseil a pris sa décision : ils souhaitent que Sophie guérisse l'esprit brisé de Fintan, le criminel pyrokinésiste, afin de comprendre quel ennemi tire les ficelles dans les coulisses. Non, Sophie n'est vraiment pas au bout de ses surprises.

J'ai refermé ce livre avec des sentiments diffus. Excitation, bien sûr (car je sens que le tome 4 va envoyer du lourd), mais également une certaine mélancolie, et même quelques craintes. le Grand Brasier annonce la couleur dès le début. Plus sombre, plus sinistre, plus critique. Il n'y a plus de place pour les enfantillages, l'heure est grave.

Les ennemis sont là, tapis dans l'ombre, et étendent leur aura malfaisante dans chaque scène, comme une funeste promesse. Ils semblent nombreux, rusés et évoluent sous couvert d'anonymat. Et même lorsque l'on pense avoir déjoué leurs plans, Shannon Messenger en rajoute une couche, pour nous prouver qu'elle a toujours une surprise en stock.

Dans cette suite, Sophie n'a plus vraiment le coeur à rire. Même les boutades irrésistibles de Keefe retombent comme des soufflets. Rien ne semble pouvoir la dérider ou la tenir loin de ses préoccupations premières. Sophie, à qui les choses réussissaient assez jusqu'à présent, se retrouve dans une situation instable. Et ses bourdes mettent en péril le fragile équilibre du monde des elfes.

Notre héroïne a pris la mauvaise habitude de faire cavalier seul et de repousser l'aide de ses alliés en cherchant à les protéger, ce qui lui porte souvent préjudice. Son côté solitaire m'a un peu chagriné, car beaucoup de questions pourraient trouver leurs réponses si elle s'y prenait différemment. Sophie a plus de responsabilités que n'importe qui. À 13 ans, c'est beaucoup, beaucoup trop. On a de cesse de vouloir la protéger.

Même si retourner à Foxfire a quelque chose de familier, il n'empêche que la noirceur de la trame prend à la gorge. Beaucoup d'intrigues s'enchevêtrent pour ne former qu'un seul et unique fil conducteur. Certains personnages semblent dissimuler des secrets, le mystère s'épaissit jusqu'à nous immerger totalement.

L'auteur nous offre une situation à double tranchant. Jusqu'à présent, les Cités perdues incarnaient la perfection, la société elfique semblait être parfaitement réglée, de manière juste et irréprochable. Plus on avance, plus on décèle les failles dans le système. le Conseil, par exemple, se désintéresse de la plupart des affaires, persuadé que, dans sa tour d'ivoire, rien ne peut l'atteinte ou le mettre en danger. Ce tome 3 marque un véritable tournant et nous fait voir cette société avec des yeux beaucoup plus critiques.

La magie est toujours là, sous ses formes les plus terribles et les plus belles. Encore une fois, je me suis émerveillée face aux prodigieuses capacités psychiques de Sophie. Son esprit est comme un ordinateur ultra-performant. La façon dont elle s'emploie à aider les autres est décrite avec beaucoup de sensibilité et de lyrisme. L'auteur fragmente l'esprit, elle en fait une science, quelque chose de palpable, de tangible. Des choses complètement abstraites paraissent totalement vraisemblables.

Concernant les personnages, ils constituent le nerf de l'histoire tout entière. On peut dire que Sophie n'a jamais été aussi bien entourée. Fitz, Keefe, Dex, Biana, Gradie, Edaline et tous les autres… je les aime vraiment ! Ils donnent du relief à Sophie, et les relations gagnent encore plus en profondeur et en émotion.

J'apprécie particulièrement le duo Fitz-Sophie, qui avait été bien mis à mal dans Exil. J'ai l'impression que les moments qu'elle passe avec le garçon sont les seuls où elle s'autorise à être une simple adolescente. Quant à Keefe, c'est confirmé, je suis tombée sous son charme. Son humour détend l'atmosphère à merveille, et son tempérament impétueux et aventurier laisse rêveur. Malheureusement, Sophie ne le met pas suffisamment en valeur et s'agace de ses clowneries. J'ai moins accroché avec Dex, par contre, car il fait de l'amitié une compétition.

J'ai pu constater beaucoup de non-dits autour des potentielles romances. Shannon Messenger se montre pudique et n'avance dans ce sens que sur la pointe des pieds. À ce stade, on ne peut que formuler des hypothèses, car Sophie est la reine de la fuite dès qu'il s'agit des trois garçons. Elle évite tout sujet un peu trop sensible sur les sentiments des uns et des autres. Cet étrange carré amoureux, je ne le comprends pas vraiment. Je trouve qu'il renforce encore plus le côté Marie Sue de Sophie. C'est vraiment la seule chose qui me déçoit dans cette saga : les rapports entre l'héroïne et les garçons sont très ambigus, peu définis. J'ignore ce que l'auteur prévoit dans ce sens, mais ça promet un combat de coqs.

Jusqu'à maintenant, je n'avais ressenti de haine viscérale pour personne en particulier. Mais durant ma lecture du Grand Brasier, j'ai senti des accès de rage m'ensevelir toute entière. Sophie souffre énormément dans cette suite, et la façon dont certaines personnes la traitent m'a révoltée ! Je vous laisse le plaisir de découvrir les « charmants » personnages en question.

Enfin, je m'arrêterai sur la plume tout simplement splendide. Elle véhicule une myriade d'émotions et de sentiments. À certains moments, je me suis même surprise à retenir mon souffle. Chaque fin de chapitre génère un pic de stress insupportable. Et dans la centaine de pages restantes, Shannon Messenger nous met face à une ÉNORME révélation qui bouscule absolument toutes nos certitudes. J'admets que je ne m'y attendais pas du tout. J'étais aussi abasourdie que Sophie en enchâssant progressivement les pièces du puzzle.

En résumé, le Grand Brasier est un très gros coup de coeur. Plus élaboré, plus poussé, plus noir que jamais, Shannon Messenger repousse toujours plus loin les limites de son univers, sans la moindre fausse note. À force de grimper crescendo, je me demande sérieusement comment tout cela va se terminer. Dans le sang et les larmes ? Ou dans une joie candide et communicative ? le mystère est entier. Je sens qu'il reste encore beaucoup de choses à découvrir, et j'en salive d'avance.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}