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Critique de Lilyblio


Yui a perdu sa mère et sa fille de 3 ans lors du terrible tsunami du 11 mars 2011. Désormais animatrice de radio, elle entend parler du "Téléphone du Vent" lors d'une de ses émissions qui avait pour sujet "après un grand deuil, où avez-vous puisé la force de vous lever le matin ? Comment vous consolez-vous quand vous êtes malheureux ?". Un des auditeurs qui a perdu sa femme lors du tsunami répond que c'est en allant dans une cabine téléphonique installée en plein milieu d'un jardin sur une colline isolée qu'il trouve du réconfort. le téléphone est débranché, il sert à parler aux défunts. le vent, très présent dans ce lieu, emporte les paroles vers eux. Yui, qui ne s'est jamais remise du drame, décide de se rendre dans ce jardin tenu par M. Suzuki. Arrivée sur place, alors qu'elle cherche l'emplacement exact de la cabine, elle rencontre Takeshi également en quête du lieu. Il est veuf et père d'une petite fille.

Le roman s'inspire d'un fait réel. le terrible tsunami qui a touché le Japon après un séisme de magnitude 9 qui a fait plus de 18 000 morts. J'avais vu un magnifique reportage sur la chaîne Arte en 2021. Se déroulant sur plusieurs saisons, il filme des personnes venues se recontruire grâce à ce combiné débranché et témoigne de ce traumatisme qui a fortement marqué le Japon. J'étais donc très enthousiaste à lire ce roman.

L'histoire est triste mais pas larmoyante. La plume est délicate, tendre et pudique. L'autrice a su retranscrire la dualité pour les vivants entre douleur et beauté du souvenir des disparus. le quotidien, les petits gestes, les défauts ne seront plus partagés. Faire son deuil ce n'est pas oublier ceux qu'on aime et qui nous ont quitté, c'est continuer à les faire vivre dans nos pensées, dans notre quotidien sans en souffrir.

Yui et Takeshi vont s'entraider dans cette épreuve. Chacun vivant à sa manière son histoire tout en comprenant la perte et le chagrin de l'autre. Leur tâtonnement sur cette voie est touchante et réaliste. Yui se pose ainsi beaucoup de questions sur comment respecter la mémoire de sa mère et de sa fille tout en continuant à vivre sans elles, à rire, penser à l'avenir et aimer de nouveau, sans culpabiliser.

Bien que l'histoire soit touchante et le thème de la reconstruction bien traité je n'ai pas totalement été cueilli par le roman. J'ai l'impression d'avoir vécu les événements de loin. J'ai eu beaucoup de mal à ressentir les émotions des personnages. Cela n'est pas dû à la retenue des sentiments qui caractérise la culture japonaise mais plutôt à la construction littéraire du roman.

J'ai souvent trouvé l'histoire confuse et un peu décousue. Alors qu'un événement est en train de se dérouler, l'autrice indique des faits futurs puis revient légèrement en arrière. C'est dommage car certaines révélations tombent à plat ou perdent de leur puissance émotionnelle.

J'ai également eu du mal sur les petits chapitres courts qui s'intercalent avec les chapitres développant l'histoire principale. Ces petits chapitres se focalisent sur des détails évoqués dans le chapitre précédent. Selon moi, cela cassait le rythme du récit et suspendait parfois un moment d'émotion. Cela rendait moins fluide l'enchaînement entre les chapitres.
Surtout que ces précisions ne sont pas toutes très pertinentes. Certaines par contre auraient pu être intégrées directement au moment où elles sont racontées. Elles n'auraient été que plus touchantes.

Enfin, j'ai trouvé le scénario trop mécanique.
Le déroulé de l'histoire n'est pas très original et on devine très vite ce qui va se passer. J'ai même trouvé que tout allait trop vite vers la fin.
J'ai eu également parfois du mal à me repérer dans le temps.

Les mécanismes du deuil et de sa résilience sont justement analysés. Cependant, je n'ai pas totalement été sensible à la manière dont l'histoire est construite. Une lecture en demi-teinte au final.
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