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Critique de boudicca


Dernier volet de la trilogie « Les seigneurs des tempêtes », ce troisième tome s'inscrit dans la droite lignée des précédents mais accélère un peu le rythme compte tenu de la nécessité pour l'auteur de boucler tous ses arcs narratifs. [Attention aux risques de SPOILER : si vous n'avez pas encore eu l'occasion de lire les volumes précédents, je vous suggère de vous rendre directement au paragraphe suivant, même si je vais limiter les révélations au minimum.] La situation de l'humanité dans cet Orient de la fin du premier millénaire fantasmé se fait de plus en plus précaire puisque les djinns, créatures magiques apparues il y a quelques décennies et qui ont peu à peu colonisé le monde en anéantissant tout sur leur passage, sont sur le point de venir à bout de Bagdad, l'une des dernières grandes place-fortes du genre humain. A la tête d'une armée colossale, les princes djinns, leurs magiciens et tous ceux que ces derniers sont parvenus à asservir dans le désert s'apprêtent à entreprendre le siège de la ville, en très nette infériorité numérique et stratégiquement désavantagée. C'est dans ce contexte particulièrement troublé qu'une petite troupe hétéroclite décide de se lancer dans un périlleux voyage à la recherche de la mythique Skarabapur, cité légendaire qui renfermerait une abondante réserve de magie à même de leur permettre de venir à bout des djinns. Seulement le secret de la ville s'est répandu, et ils ne sont pas les seuls à briguer le pouvoir du Troisième Voeu. Au sein même de leur petite troupe, les motivations des uns et des autres demeurent opaques, les plans du magicien et conseiller du calife n'étant visiblement pas tout à fait les mêmes que ceux de l'énigmatique mercenaire byzantin, ou du curieux duo frère-soeur qui les accompagnent, ni même de nos deux protagonistes, Sabatea et Tarik, puisque ce dernier supporte de plus en plus mal les assauts dans son esprit du Fou aux cicatrices, le seigneur djinn dont il a absorbé une partie de la conscience.

Kai Meyer offre à sa trilogie une conclusion spectaculaire qui fait la part belle aux affrontements grandioses, aux duels épiques et à une débauche de magie. Cela se traduit, évidemment, par une attention moindre accordée aux interactions entre les personnages et à leur évolution, même si cet aspect est pour autant loin d'être négligé ici. Junis, par exemple, qui s'était jusqu'à présent révélé être le personnage le plus fade du trio de protagonistes initiaux, connaît une belle évolution et gagne en profondeur à mesure que ses réflexions concernant les méthodes employées par les Seigneurs des tempêtes avancent. Tarik et Sabatea, en revanche, stagnent un peu, et leur histoire d'amour en vient même à prendre une place un peu trop importante non pas dans l'intrigue mais dans la narration, l'auteur multipliant notamment les descriptions concernant leurs contacts physiques (et ils se prirent la main, et il sentit ses cheveux dans son cou…). Ça ne va pas jusqu'à empiéter sur l'histoire, loin de là, mais disons que la redondance fait naître une pointe de lassitude qui n'existait pas dans les précédents opus. Malgré toutes ses qualités ce troisième tome souffre aussi d'un certain nombre de longueurs qu'on peut attribuer pour la plupart à la prévisibilité d'une partie des événements. le roman recèle malgré tout de bonnes surprises qui viennent relancer l'intérêt du lecteur à intervalle régulier et viennent parfois totalement rebattre les cartes du jeu. Les révélations, elles, sont légion et relativement satisfaisantes même si certaines sont évoquées un peu trop rapidement et sans guère de subtilité, comme si l'auteur s'était rendu compte qu'il fallait absolument achever son histoire et s'était soudainement retrouvé à cours de temps. le cadre oriental choisi par Kai Meyer continue quant à lui de jouer son rôle et renforce agréablement la sensation de dépaysement puisqu'on y retrouve tout ce qui faisait le sel des précédents tomes, du tapis volant aux génies enfermés dans des bouteilles en passant par les mystérieuses créatures du désert entourant Bagdad.

« Skarabapur » clôt de manière assez spectaculaire la trilogie des « Seigneurs des tempêtes » même s'il s'agit sans doute du plus perfectible des trois volumes de la série. L'ensemble reste cela dit de bonne facture et offre une fantasy dépaysante et originale faisant pour une fois la part belle au folklore oriental et mobilisant ainsi un imaginaire trop rarement exploité. A découvrir.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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