"Enfant des durs frimas,fils des nuits boréales,
J'ai rêvé des pays du soleil éternel,
Et mon cœur évoqua loin du toit paternel,
L'essor harmonieux des palmes tropicales!
Attentif aux échos d'étranges élégies,
J'ai voulu le rivage ou le Mékong s'endort
Et des temples d'argent et des pagodes d'or...
Mirage inspirateur d'antiques nostalgies !
Alors les noirs sanglots de l’exil ont fait trêve
Et mon cœur assouvi s'est penché sur son rêve
Comme sur son trésor l'époux prédestiné.
Et c'est de ce pays que je parle avec flamme,
De ce royaume khmèr ou naquit en mon âme
L'instinct d'avoir vécu avant que d'être né!"
Contemple la beauté sans mélange que revêt la nature apaisée dans son sommeil de vierge ; reconnais l'horreur de ta civilisation qui ronge le monde comme une plaie, laissant partout sur son passage la laideur, le vice et la souffrance ; ouvre es yeux à la poésie des couleurs, à l'harmonie des formes, ouvre ton âme aux lumières intérieures dont la nuit profonde du monde favorise les clartés ; les mains jointes au-dessus de la houle des roseaux mouvants, les yeux fixés sur le pâle croissant de la lune naissante, Komlah ! garde l'immobilité des sages, écoute les voix de la brousse qui sont mes voix !