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Critique de Erik_


Erik_
04 février 2022
On en parle souvent. Qu'est-ce que le racisme au juste ? C'est un phénomène qui est bien répandu non seulement dans notre pays mais dans le monde. Cela reste néanmoins quelque chose de difficile à analyser.

Trois auteurs (un auteur de BD avec un anthropologue et une historienne) se sont associés pour nous proposer un récit dessiné sur ce thème avec une question : comment devient-on raciste ? Qui n'aurait pas envie de savoir ? Il y a même des racistes qui s'ignore ! C'est toujours utile de voir si on est atteint par cette maladie qui n'est pas incurable.

Certes, l'auteur Ismaël Méziane est issu de l'immigration de l'ancien empire colonial français. Il doit faire face chaque jour à des propos et des comportements désobligeants ou des discriminations flagrantes ou déguisées. Il doit surtout prouver qu'il mérite sa nationalité française et sa loyauté aux valeurs de la République.

Je trouve que c'est utile d'avoir un ouvrage ludique qui explique le mécanisme du racisme. C'est un sujet hautement polémique surtout dans une société qui a été marqué par les attentats liés au fanatisme religieux. Cependant, il faut parfois regarder les choses en face surtout en période d'élection pour notre plus grande compréhension sociologique et psychologique des mécanismes du racisme et de la haine pour mieux s'en préserver.

On va étudier les trois éléments à prendre en compte: la catégorisation, la hiérarchisation et l'essentialisation. Je ne vais pas entrer dans le détail. Il faudra lire cette BD pour les explications utiles ainsi que la démonstration imagée.

J'ai beaucoup aimé cette BD ainsi que les explications qui m'ont parues très crédibles et cohérentes. En gros, il faut faire attention à la catégorisation des gens. Il faut tenir compte également de la diversité des êtres qui composent un groupe. Il ne faut pas attribuer des caractères psychologiques, intellectuels et comportementaux à des groupes catégorisés en races. Non, les africains ne sont pas fainéants. Non, les juifs ne sont pas radins. Non, les marseillais n'ont pas tendance à l'exagération. Non, les politiques ne sont pas tous des pourris etc...

Les attentats ont été le révélateur de cette haine. En effet, certaines personnes voulaient renvoyer tous les musulmans de France dans une sorte de responsabilité collective. Beaucoup de musulmans ont été indignés par ce qui s'est passé. Mais certains ont laissé parler leur haine et le font encore dans des discours électoraux. Les préjugés parasitent la réflexion ainsi que le jugement.

J'avais toujours la conviction que lorsque les conditions économiques s'améliorent, l'hostilité disparaît. Cependant, les auteurs m'ont démontré que ce n'était pas le cas ! En effet, les dominants qui souhaitent conserver leur pouvoir et leurs privilèges économiques et sociales peuvent manifester encore plus d'hostilité envers ces groupes stigmatisés. On peut mépriser un groupe pour mieux valoriser le sien.

Le besoin d'appartenance est fondamental mais on peut être exclu par les membres de la communauté dont on veut faire partie. On peut avoir déjà vécu ce genre d'expérience douloureuse dans le passé pour peu que le nom de famille soit d'origine étrangère. Cependant, il ne s'agit pas non plus de tomber dans la victimisation.

Quoiqu'il en soit, cette BD offre toutes les réponses pour expliquer le racisme qui peut s'institutionnaliser dans un contexte nationaliste. Il convient de s'en prémunir pour ne pas vivre dans une société de haine et de peur. Bien entendu, cette BD est d'utilité publique et mérite amplement d'être lu. Il n'est pas normal d'être vu comme des individus qu'il serait normal d'haïr parce que d'origine musulmane par exemple. C'est franchement intolérable.

La fin de cet ouvrage est assez marquante avec ce petit garçon qui se bat contre un monstre. C'est une démonstration sans pareille pour sortir des représentations réductrices. La moralité est qu'il convient de calmer nos angoisses et devoir plus loin que la peur ou la colère. le coupable, ce n'est pas l'autre mais soi-même. Bref, il faut assumer dans une société où l'on apprend à se déresponsabiliser.

Un très bel ouvrage pour ne pas céder à la paresse de la haine !
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