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Critique de PhilippeCastellain


Non vraiment, même cinq ans, je ne comprends pas. Impossible de comprendre comment notre Besson national a pu se planter à ce point en adaptant une BD à ce point génial pour en faire un tel nanar interplanétaire ! Échec total au box-office, ‘Valerian et la cité des milles planètes' n'a même pas réussi à rembourser ses frais de production – prohibitifs il est vrai. Dommage car il y avait d'excellentes idées, et une identité visuelle forte. La séquence du marché situé dans une autre dimension notamment, avec ses caricatures de touristes américains, commençait brillamment… Et malheureusement se transformait en simple scène d'action avec fusillades et courses poursuites.

Comme à peu près tous les passages du film en fait (et comme un peu tous les films de Luc Besson maintenant en fait). Des mises en scènes réussies, des idées qui fusent… Et qui donnent de la bagarre, des courses poursuites, encore de la bagarre et encore des courses poursuites, sans oublier des bagarres et des courses poursuites. On ne peut pas franchement dire que toute la subtilité et l'élégance de l'histoire d'origine résistaient à un pareil traitement. Et avec ça les incohérences qui s'empilent (bravo aux Mühl pour leur sens très aigu des affaires), les caméos qui tombent comme des cheveux sur la soupe, les retournements qu'on voit arriver à des kilomètres… Bref tous les poncifs de la série B, mais avec deux tours Eiffel en budget.

Mais le plus gros problème était bel et bien au niveau des deux personnages principaux. On a d'un côté Valerian, soldat par essence en permanence tiraillé entre sa loyauté indéfectible à Galaxity et son honnêteté et son sens de l'honneur qui se heurtent aux nécessités du service. de l'autre Laureline, née au Moyen-Âge, recrutée par Valerian au cours d'une de ses missions, au tempérament beaucoup plus indépendant et rebelle. Et on se retrouve avec un Valerian transformé en gros lourd intergalactique, incarné par un Dane DeHaan à l'air vaguement nauséeux, flanqué par une Cara Delevingne (Laureline) en permanence renfrognée. En même temps on la comprend, c'est l'album où elle occupe enfin le premier rôle, et le film la ravale au rang de second couteau !

J'ai donc ressenti comme une certaine trahison envers cet album, dont l'adaptation se serait bien accommodée de moins de budget et de plus de finesse narrative. Il faut dire que c'est l'un de ceux où l'histoire est la plus travaillée : l'enjeu, c'est la gouvernance de l'espace ! D'un côté, une SDN du cosmos empêtrée dans ses lenteurs et sa corruption ; de l'autre la Terre, une puissance jeune, ambitieuse, avide, prête à mettre de l'ordre dans tout ça – et à imposer un nouvel ordre (oui les années 70, US go home, la guerre du Vietnam…) Puis une découverte de multiples cultures, d'une inventivité telle qu'on ne peut que s'incliner devant son créateur. Et pour finir en beauté, une réflexion sur le contraste entre puissance technologique et puissance de l'esprit, la notion de grandeur et le renoncement volontaire à la puissance. Les phylactères possèdent même à plusieurs reprises une dimension poétique surprenante.

Il y avait, je pense, matière à réaliser un film fondateur de la science-fiction. Condenser plusieurs albums en un seul, rappeler au passage l'antériorité de la BD sur Star Wars, faire pourquoi pas une première partie plus centrée sur Valerian et une deuxième sur Laureline, aurait été, je pense, plutôt simple. Ajouter un peu de second degré et d'ironie, un minimum de cohérence dans le scénario et une certaine richesse dans les personnalités (dans la BD Laureline est une paysanne du XIIIème siècle, et Valerian hanté par la peur de la disparition de la Terre…) aurait été la cerise sur le gâteau.
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