- Les Romains ? Jamais entendu parler de cette tribu-la ?! dit-il naïvement.
La mamie ne peut s’empêcher de sourire et d'en profiter pour passer la main dans ses cheveux ébouriffés.
- C'est une très vieille tribu, qui vivait en Italie il y a bien longtemps, lui explique la grand-mère. Leur chef s'appelait César.
-Comme la salade? lui demande Arthur avec intérêt.
C'est une véritable princesse, aussi pale que Blanche-Neige, aussi belle que Cendrillon, aussi gracieuse que la Belle au bois dormant, mais aussi espiègle que Robin des Bois.
Ca y est. Un vent léger vient de faire tourner l'éolienne. Elle n'en pouvait plus de cet immobilisme, de ce silence pesant. Alors elle prend plaisir à couiner, à grincer de partout, comme une vieille porte restée trop longtemps fermée. Les pales battent doucement l'air chaud. On dirait une cuiller dans une purée trop épaisse.
- Tu vas pas me dire que tu as peur d'une araignée ?!
- En temps normal , non. Mais là , vu la taille......
Deux grans yeux bleus sous une mèche rousse et rebelle, une buche de pamplemousse, un regard aussi espiègle que celui d'un jeune renadr et un petit sourire à faire fondre le plus dur des esquimaux.
Pour se rendre au pays des Minimoys, faites confiance à Shakespeare.
-Vous voyez, c'est ça le problème avec vous, les scientifiques, vous inventez des choses sans même prendre le temps d'en étudier les conséquences ! se plaint Maltazard. La nature met des années avant de prendre une décision. Elle fait pousser une fleur et la teste pendant des millions d'années avant de savoir si elle a sa place dans la grande roue de la vie. Vous, vous inventez et aussitôt vous vous proclamez "génie" et gravez votre nom sur les pierres du panthéon de la science !
« Malgré son jeune âge, il sait déjà que les êtres les plus dangereux sont les hommes. C'est un concours que cet affreux bipède gagne régulièrement depuis, justement, qu'il tient sur ses deux jambes. Jamais un animal, si féroce soit-il, ne lui arrive à la cheville en la matière. On n'a jamais vu, par exemple, un animal en dépecer un autre pour s'en faire un manteau. »
Il en avait les larmes aux yeux, ce qui lui arrivait très rarement. D'abord parce que ses larmes étaient acides et qu'il évitait donc de pleurer, puisque ça lui faisait exactement mal, ensuite parce que son esprit malade ne lui donnait pas accès à l'émotion.

- Les Bogo-Matassalaï étaient tous très grands et à l'âge adulte, aucun d'eux ne mesurait moins de deux mètres. Ce n'est pas toujours facile à vivre d'être aussi grand mais ils disaient que la nature les avait faits comme ça et qu'il y avait forcément, quelque part, un complément, quelqu'un qui compensait, un frère qui vous amène ce que vous n'avez pas et inversement. [...] Les Chinois appellent ça le Yin et le Yang. Les Bogo-Matassalaï, eux, lui ont donné le nom de: "Frère-nature". Et pendant des siècles, ils ont cherché leur moitié, celle qui leur amènerait enfin l'équilibre.
- Et ils l'ont trouvée ?, s'inquiète immédiatement Arthur [...].
- Après plus de trois cents ans de rechercher dans tous les pays d'Afrique... Oui, confirme la grand-mère. C'était une autre tribu qui, comble de la dérision, vivait juste à côté de la leur. A quelques mètres à peine, pour être précise. [...] Cette tribu s'appelait les Minimoys et avait la particularité de mesurer... à peine deux millimètres ! [...]
- Et... ils s'entendaient bien ?, s'inquiète-t-il.
- A merveille !, assure la grand-mère. chacun s'aidait dans les travaux que l'autre ne pouvait pas faire. Si l'un coupait un arbre, l'autre en exterminait la vermine. Les infiniment grands et les infiniment petits étaient faits pour s'entendre. Ils avaient, ensemble, une vision unique et entière du monde qui les entourait.