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Critique de jeandubus


Je me souviens. (envoi masse critique que je remercie chaleureusement)

Les québécois nous envoient régulièrement des chanteuses à voie et des humoristes. Les deux nous font rire. L’accent et le vocabulaire sont irrésistibles. Mais « et pis mard », même Céline Dion perd son accent quand elle chante.

Sans être vraiment un handicap, cette langue fleurie et désopilante pour un français métropolitain n’est pas vraiment celle de la tragédie. Martin Michaud, auteur de polar, ancien avocat d’affaire et chanteur dans un groupe n’est évidemment pas traduit … ce serait une offense. Il n’en reste pas moins qu’on hésite en permanence à le prendre au sérieux même dans les pires circonstances.

Victor le sergent enquêteur et Jacinte son assistante boulimique ont de ces dialogues qui rappellent San Antonio et Berrurier, mais à l’insu du plein gré de l’auteur. Il faut bien quatre-vingts page (sur les six cents) pour s’y faire.

Quatre-vingts pages, c’est aussi ce qu’il faut pour mémoriser tous les personnages, alignés par chapitres courts dans une succession de portraits sans grands relief.

L’histoire se tient bien, hachée en 91 chapitres de 6 pages qui donnent à l’ensemble un côté « prêt à filmer » (6 épisodes de 45mn, 15 scènes de 3mn). Car c’est aussi un des métiers de Martin Michaud, scénariste et adaptateur de son oeuvre pour la télé.

Qu’en est-il ? On a un petit dessin du jeu du pendu, deux personnages qui meurent d’un instrument de torture médiéval. Deux personnages liés par un secret qui remonte à l’assassinat de ….Kennedy. Ce n’est pas le premier ni le dernier roman à trainer sa « tuque » à Dallas.

Avec quelques flashbacks où il est question de deux gamins Charlie et Lennie, des manipulations psychiatriques et quelques fausses pistes, Michaud tisse une trame logique sans prendre trop de risques. Tout est un peu prévisible et le travail iconographique est un peu léger. Tout est dans le strict découpage. Une coupe au bol.

Et puis Michaud a une fâcheuse tendance à dégommer ses personnages, ce qui fait que page 300 il se retrouve en manque : Tout le monde est quasi mort et l’enquêteur a besoin de sang frais. De fait on en a bien un nouveau qui s’y colle pendant que, de tous les autres qui reposent plus ou moins confortablement à la morgue, on ne parle plus qu’au passé. C’est un parti comme un autre.

Peu importe, les morts parlent depuis l’au-delà et Victor trouve la solution de la bouche d’un revenant.

Le plus typique de Montréal est dans la langue des personnages et on se surprend parfois à dire les répliques à haute voix avec un sourire. Plaisir dont sont évidemment privés les québécois.

Les lieux sont nommés, montrés en vignettes photographiques au début du livre, mais ils ne sont que très rarement décrits. Il ne fait même pas froid et pourtant c’est noël. Pas vraiment une invitation au voyage. Au fond cela confirme qu’on est en présence d’un roman québécois écrit pour les québécois, qui n’a pas à s’embarrasser du lyrisme quotidien ni à s’émerveiller en regardant tomber la
« poudrerie». Difficile à exporter en quelque sorte.

« Pourquoi se contenter d’auteurs scandinaves quand on a sous la main celui qu’on qualifie à juste titre de nouveau maître du polar québécois » s’écrie Martine Desjardins du journal « l’actualité » (magasine d’information du Québec).

Voilà bien la remarque la plus sotte qui se puisse lire, Tabarnac!

PS. poids de l'objet 945g !
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