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Critique de HypathieBlog


Nouveauté, les éditions de poche (l'édition que j'ai lue) s'enrichissent désormais de bonus, d'éditions augmentées, telles qu'ici, sur les derniers jours de la fondatrice de la Maison des Babayagas, l'ouvrage broché ayant été écrit et publié de son vivant. C'est une excellente idée éditoriale.

Issue de la petite bourgeoisie catholique au début du siècle dernier, Thérèse est élevée, éduquée, préparée à une vie d'épouse et mère, seul horizon des femmes de son époque et de sa classe sociale. Il lui a fallu des tas de rencontres iconoclastes pour devenir l'Antigone qu'on admirait. D'autant qu'elle était mauvaise à l'école où elle termine ses études avec un brevet élémentaire. Elle en sait bien assez pour être épouse et mère de famille, selon ses parents. Ces rencontres vont des Ames vaillantes et des Guides de France, aux curés ouvriers "rouges" des années 70 et 80. Marxistes, ils lui répondront quand elle parlera de son travail de mère au foyer exploitée dans le mariage (elle ouvre son compte en banque en 1965 dès que la loi le lui permet, afin d'y faire verser ses allocations familiales, se donnant ainsi les moyens de ne plus quémander à son mari l'argent de la rentrée ou des cadeaux d'anniversaires), que "oui, mais les femmes c'est pas pareil, la femme est la servante du Seigneur" ! Quatre enfants et la quarantaine bien sonnée quand advient mai 68, elle lit Wilhelm Reich et fréquente les milieux alternatifs et les femmes du MLF, tout en se préparant à divorcer d'un mari qui la trompe et qui lui est devenu indifférent. Elle se fera bien entendu escroquer par l'avoué dont elle paie les services pour divorcer, celui-ci ne lui expliquant même pas ses droits. Partie avec ses enfants sous le bras, vivant de ce qu'on appellerait aujourd'hui "petits boulots" intermittents, elle découvre l'amour et la jouissance entre femmes. Thérèse Clerc, femme solaire, est très créative, elle a mille idées à la minute. Plus artiste que théoricienne, elle est dans l'expérimentation et la réalisation de l'utopie féministe. Depuis toujours parisienne, elle s'installe ensuite à Montreuil où elle organise des dîners, d'abord entre amies féministes, dîners qui deviendront courus et qui aboutiront à la Maison des femmes de Montreuil, devenue désormais Maison des femmes Thérèse Clerc. Elle imaginera de la même manière, toujours dans une optique de solidarité féministe et en non-mixité, la Maison de Babayagas, où des "vieilles" économiquement faibles (ayant peu cotisé, Thérèse Clerc avait une petite retraite de mère de famille) vivent en mode béguinage, en s'entre-aidant dans les bons comme dans les mauvais jours. Biographie à lire donc, cette femme féministe demeure très inspirante.
Lien : https://hypathie.blogspot.co..
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