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Critique de gerardmuller


L'appel des engoulevents/ Tome III des gens de Saint Libéral Claude Michelet.
Miladiou ! Que la Corrèze est belle !
Alors que les pluies de septembre en cette année 1974 ont reverdi pacages et luzernières, Pierre-Edouard alors âgé de 85 ans revient de la cueillette des cèpes parmi les châtaigneraies et les peupleraies déjà tachetées de roux en ce début d'automne. Faisant la pose sur une souche, il songe soucieux à la lignée des Vialhe. Son petit-fils Dominique, 27 ans, fils de Jacques, 54 ans, son fils aîné marié à Michèle, n'a pas choisi hélas de rester sur la terre des ancêtres et prendre la suite de son père à la ferme : il travaille comme ingénieur agronome en Algérie.
Mauricette la soeur de Jacques, 49 ans, mariée à Jean-Pierre l'instituteur du village, est tout comme Jacques pour ses nièces, peinée par le chemin pris par ses trois filles : Marie, 27 ans, professeur de mathématique est en instance de divorce, Chantal, 25 ans, ambassadrice de la griffe créée par sa grande tante Berthe, virevolte parmi les hommes qui lui plaisent, et Josyane, 24ans, partie au tour du monde à l'aventure avec un photographe !
Guy le dernier fils de Pierre-Edouard, 42 ans, avocat à Paris se fait du souci pour ses deux fils. En effet Jean âgé de 15 ans, brillant élève, ne veut pas suivre les traces de son père et souhaite être éleveur, tandis que Marc, 13 ans, est le contestataire né. Nous sommes six ans après 68 et le portrait du Che fait encore rêver les jeunes idéalistes. La contestation est au foyer et Guy et Colette son épouse, ont bien du mal à canaliser cette énergie juvénile.
Les techniques de culture ont fait d'immenses progrès. Cependant, arrive un moment où la terre n'en peut plus et devient incapable de nourrir une famille. de plus pour rentabiliser, il faut produire de plus en plus. Au fils des ans les fermes se voient abandonnées et l'exode rural va en s'accélérant. Jacques a bien du souci à se faire avec également sa fonction de maire, bien aidé heureusement pas Jean-Pierre son beau-frère, le mari de Mauricette sa soeur. Les ressources communales vont en s'étiolant et Jacques ne trouve pas de solution pour redynamiser le village malgré les idées que lui suggère Dominique son fils.
Dominique de retour d'Algérie a trouvé une nouvelle situation en Guyane : il songe a emmener avec lui une connaissance qu'il a faite dans l'avion entre Alger et Paris, la belle Béatrice. Il est amoureux.
Chapitre après chapitres on suit la vie de chacun des membres de cette famille que l'on finit par connaître comme la sienne propre, avec Louis Dupeuch, le fils d'Yvette, qui s'est lancé dans l'immobilier, a fait de mauvaises affaires et voit ses biens lui échapper sous la plume d'un tabellion cauteleux à la solde de requins des affaires, ou Josyane la rebelle aventurière qui parcourt la Polynésie, ou encore Félix, le fils de Louise , amoureux de la nature assistant « au ballet des engoulevents rasant le sol, puis bondissant en chandelle pour gober quelques noctuelles avant de s'évanouir dans le crépuscule, tandis que le chant rauque des faisans répond au fin pipeau des mésanges charbonnières et au tambourinage grinçant des pics épeiches forant les troncs creux faisant écho aux vocalises des fauvettes babillardes et des pouillots véloces. » Magnifiques passages du récit évoquant plus loin la nature corrézienne dans toute sa beauté matutinale : « La forêt, encore toute humide de rosée, était resplendissante. Elle ruisselait de lumière, et les chênaies, dans la plénitude de leur épanouissement printanier d'un vert tendre et délicat, buvaient le soleil à grands traits, s'en gorgeaient. » Et puis les drames comme la sécheresse de 1976 avec les incendies dévastateurs et bien d'autres encore qui succèdent aux moments de joie quand la famille s'agrandit et se retrouve à Saint-Libéral.
le titre du récit rappelle que les engoulevents sont des oiseaux migrateurs qui reviennent chaque année là où ils sont nés à la belle saison. Ainsi en est-il des Vialhe qui tous un jour reviennent au bercail. Les petits enfants de Pierre-Édouard sont des citadins migrateurs « avec au fond d'eux, cette invincible attirance pour la terre et cette certitude qu'il importe d'y entretenir quelques solides racines… »
Un magnifique troisième tome très bien écrit, dans une langue simple et chaleureuse, très émouvant, riche de parfums agrestes et de poésie bucolique retraçant le courage de cette race de paysans ayant le sens du devoir, le goût de la tradition, accroché à la glèbe à tout jamais.
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