Le mort était trop grand

La vendeuse de la loterie entre dans le bar, un sac de petites pièces à la main, et s'accoude au comptoir.
_ Mon chou, j'ai trois mille pesos en petites pièces, si ça vous intéresse.
Le Gros prend la monnaie, l'étale sur le comptoir pour mieux compter la caillasse, et moi j'en profite pour la regarder, elle qui n'a d'yeux que pour le Gros et son stand désert. Elle est grande, tankée comme une reine : une bouche pulpeuse, un grain de beauté au-dessus de la lèvre, la peau douce comme si elle venait de naître, ça donne instantanément envie de la mordiller. Le Gros a fini de compter, il ramasse les pièces et lui donne trois billets. La fille regagne son stand la tête haute, elle doit avoir un monde d'hommes à ses pieds. "hautaine et superbe comme une déesse païenne tu passas près de moi sans cacher ta rancoeur", j'ai cette chanson dans la tête alors que je suis des yeux son petit cul moulé dans un rdj, des jeans à rendre sexy n'importe quelle meuf, sauf qu'elle, elle a pas besoin de ça pour être sexy, ses rondeurs se défendent toutes seules. D'ailleurs on voit bien que c'est un faux rdj.
_ Elle est bonne, hein ? il me dit.
_ Plus canon tu meurs, je réponds avant de partir aux toilettes.(...)
A mon retour... j'ai voulu me rasseoir, mais il y a un type plus gros que le Gros Ceballos qui a pris ma place. Je m'approche pour lui dire : Pardon mais vous êtes assis à ma place, mais rien qu'à sa gueule, son parlé brutal, ses chaînes en or autour du cou et sa sacoche qui trône sur le comptoir, je sens que c'est pas le genre de mec avec qui on peut discuter. Je préfère me la boucler, déplacer discrètement mon verre d'aguardiente sur le côté et le finir debout au comptoir.