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Critique de Lutopie


"Qu'il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour vaut mieux que le vin,
tes parfums ont une odeur suave ;
ton nom est un parfum qui se répand ;
c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.

Entraîne-moi après toi !
Nous courrons !
le roi m'introduit dans ses appartements...
Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ;
nous célébrerons ton amour plus que le vin.
C'est avec raison que l'on t'aime.

Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon.
Ne prenez pas garde à mon teint noir :
C'est le soleil qui m'a brûlée."

Le Cantique des Cantiques, chanté par Gib I. Mihaescu dans un texte en prose, rend hommage à la couleur de cette femme, la Sulamite, femme érigée en idole, en statue changeante. La Femme chocolat, c'est la femme qu'aime Negrisor, Eleonora, sa déesse de l'amour, ou Sari, figure de la déesse-mère fertile. Le gourmand aime par dessus tout la couleur et la texture de la peau comme du chocolat, la saveur amère de la femme qu'il goûte lorsqu'il embrasse son corps. C'est l'initiation d'un homme qui prend la posture de l'amant incompris, qui crie l'amertume, sa douleur d'aimer ces femmes, ces poules en chocolat, ces cocottes, qui reçoivent chez elles en déshabillé d'autres hommes. La Vénus noire (Angela Carter), la Vénus à la fourrure (Léopold von Sacher-Masoch ) sont des femmes de joie, au rire sarcastique, diabolique, qui poussent les hommes vers le soleil de la mélancolie, vers l'abîme, vers une fenêtre noire, donnant sur une mer de bitume ou sur la scie mécanique, aux dents qui déchirent la chair, arme sacrificielle, pour que l'homme serve d'offrande à la déesse cruelle, cannibale. L'homme goûte le chocolat mais c'est le chocolat qui l'engloutit dans un appareil qui fond, qui dissout son être, après qu'il soit tombé d'une tour ou d'une maison dieu, comme au tarot, dans un puits sans fonds, la tête la première, pendu, suspendu à l'envers. Illusion, pavillon d'ombres, lumières fantastiques des prunelles noires, un rire dans la nuit, cette nouvelle me rappelle les contes initiatiques d'Hoffmann où l'élan amoureux confine au néant.
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