Citations sur L'enfant lecteur : De la Comtesse de Ségur à Harry Potter.. (9)
Les scènes que décrit la Comtesse de Ségur ont certainement été vécues car on sait que sa mère était une femme extrêmement sévère (…) et que, par ailleurs, les châtiments corporels infligés aux adultes, le « knout », étaient monnaie courante dans la Russie tsariste de son enfance.
La cruauté en effet n’est ni le désir d’infliger de la souffrance ni celui d’en jouir mais proprement l’ignorance de l’altérité sensible de l’autre, perçu uniquement comme une proie.
Plus d’un adulte se souvient d’ailleurs d’avoir eu dans l’enfance une sorte de révélation à la lecture d’un roman ou d’un conte qui éclairait subitement pour lui une question restée en souffrance.
L’une des sources les plus intenses et les plus secrètes de la souffrance psychique est le sentiment d’être différent des autres au point de ne pouvoir s’en faire comprendre. La solitude que génère l'incommunicabilité est désespérante (…)
Le premier contact de l’enfant avec Harry Potter touche donc une fibre particulièrement sensible en lui : celle de se sentir mal aimé parce que différent au sein de sa propre famille.
Et quant à la foi, elle n’est pas installée dans la certitude mais s’interroge, s’éprouve, se perd et se retrouve.
Quelles « solutions » proposent Stine, Hitchcock et Agatha Christie pour gérer l’angoisse à partir de cet objet culturel que constitue l’angoisse de fiction? (...) En fait, Hitchcock nous propose une solution fondée sur la jouissance masochiste de l’angoisse, tandis que chez Agatha Christie s’opère un processus de maîtrise intellectualisant, grâce au déplacement de l’angoisse de mort sur le désir de savoir et le plaisir de l’investigation.
Si la peur de la mort est universelle et si l’angoisse, quelle qu’en soit la forme, n’a pas d’autre origine, la mort est aussi, paradoxalement, ce qui donne du prix à la vie.
Dans « Le général Dourakine », madame Papofski ne rêve que d’hériter des biens de son oncle le général Dourakine, personnage dont on sait qu’il a été directement inspiré à l’auteur par son propre père le gouverneur Rostopchine, resté célèbre pour avoir fait brûler Moscou plutôt que de livrer la ville aux armées napoléoniennes.