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Critique de Tari


Tari
27 décembre 2013
La vie de Nastya Kashnikov, dix-sept ans, a été détruite lors d'un terrible évènement qui a balayé tous ses projets d'avenir ainsi que ce qui faisait sa personnalité. Deux ans et demi plus tard, elle décide de reprendre une nouvelle vie, dans une nouvelle ville, une nouvelle école, où personne ne la connaît et ne sait ce qui lui est arrivé, et où elle pourra se créer un nouveau personnage. C'est là qu'elle rencontre Josh Bennett, ce mystérieux garçon qui semble entouré d'un champ de force empêchant les gens de l'approcher, mais qui n'a même pas besoin d'élever le voix pour être écouté et respecté. Un soir, Nastya se retrouve par hasard devant chez Josh alors qu'il travaille le bois dans son garage. Cela devient rapidement un rituel, chaque soir, elle se rend chez lui et le regarde travailler. C'est ainsi que débute une relation difficile à qualifier entre ces deux jeunes gens que la vie est loin d'avoir épargnés.

Pour être honnête, le début ne m'a pas vraiment accrochée. L'attitude de Nastya, la lenteur du récit… tout ça ne laissait présager rien de bon et comme le livre fait 430 pages écrites en tout petits caractères, je me suis dit que ça allait être dur d'arriver au bout. Et maintenant, après l'avoir refermé, je me demande comment j'ai pu penser ça. Parce qu'arrivée à la dernière page, je n'aurais pas dit non à un chapitre de plus. Voire deux ou trois, même.
C'est vrai que le récit est lent, mais si ça ne me plaisait pas trop au début, je pense au contraire maintenant que c'était juste le rythme parfait. L'histoire évolue au même rythme que les personnages, que leur chemin vers la guérison des blessures que leur a infligé la vie.

Ces deux personnages, justement, parlons-en. Ce n'est pas évident de s'attacher à eux dès le début, parce qu'ils ne font rien pour –l'un comme l'autre, ils veulent rester seuls, ils ne veulent pas qu'on s'attache à eux. Mais il est totalement impossible de leur rester indifférent, surtout quand, comme moi, on aime les personnages complexes et torturés. Même si on ne s'attache pas à eux tout de suite, on veut au moins les comprendre, savoir pourquoi, comment ils en sont arrivés là.

D'abord, Nastya.
“Dying really isn't so bad after you've done it once.
And I have.
I'm not afraid of death anymore.
I'm afraid of anything else.”
Nastya affirme avoir été assassinée deux ans et demi plus tôt, lors de la tragédie qui a envoyé sa vie d'alors voler en éclats. Aujourd'hui, elle tente de se reconstruire une identité, loin de tout ce qui lui rappelle qui elle était avant, ce qu'elle a perdu. Pendant la plus grande partie du roman, on ignore ce qu'il lui est arrivé, de petites informations sont distillées ici et là mais on ne peut faire que des suppositions. Au départ, j'ai eu du mal à l'apprécier, parce que je ne la comprenais pas : pourquoi a-t-elle choisi de ne pas parler, alors qu'elle peut le faire, physiquement parlant ? Et pourquoi s'habille-t-elle comme une pétasse (désolée pour l'expression, mais je n'en trouve pas d'autre plus appropriée) alors que visiblement ce n'est pas son caractère ? Et puis, petit à petit, j'ai réussi à la cerner. Et je peux vous dire qu'à la fin, j'étais vraiment, complètement attachée à elle.

Et puis, Josh.
“I watch people a lot. Normally it's not an issue because no one looks at me, and if they do, I'm pretty adept at looking away fast.”
Le sort de Josh n'a pas beaucoup à envier à celui de Nastya. le destin semble s'acharner sur ses proches, les lui retirant les uns après les autres. Aujourd'hui, il n'a plus personne, et les gens semblent même l'éviter – ce qui ne le dérange pas outre mesure, d'ailleurs. C'est un solitaire, qui aime passer son temps à fabriquer des meubles en bois dans son garage. Contrairement à Nastya, on connait son histoire dès le début, mais il n'en reste pas moins un personnage intéressant et intriguant. J'ai beaucoup aimé le suivre et je me suis progressivement attachée à lui à mesure qu'il nous ouvre ses pensées, mais je lui ai quand même préféré Nastya.

L'histoire est racontée en alternant les points de vue des deux protagonistes, ce qui je trouve apporte un réel plus au récit. Josh et Nastya sont tous les deux des personnages complexes, aux pensées tortueuses, et il aurait vraiment manqué une partie si on n'avait qu'un seul point de vue, ou même si la narration était à la troisième personne.

L'écriture de Katja Millay est vraiment superbe. Elle est dure, crue – il y a pas mal de vocabulaire familier voire même grossier – et poétique, pleine d'émotion à la fois. Je pense qu'elle retranscrit très bien l'ambiance du roman et l'état d'esprit des personnages. J'ai en tout cas été charmée par son écriture. Sans même m'en rendre compte, je me suis glissée dans le récit, et j'ai été submergée par toutes les émotions que l'auteure nous fait passer à travers ses mots. Je trouve ça d'autant plus impressionnant qu'il s'agit de son tout premier roman.

Pour conclure, malgré un début un peu difficile, j'ai vraiment adoré ce livre. C'est une tornade d'émotions, et une leçon sur la nécessité d'accepter ce que l'on est et d'accorder des secondes chances, à soi et aux autres. Une lecture qui, à moins d'être totalement insensible, ne vous laissera pas de marbre.
Lien : http://i-read-therefore-i-am..
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