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Critique de KrisPy


Dernier requiem pour les Innocents est une chronique sur la vie à Paris autour du cimetière des Innocents, situé, en 1784, en plein coeur de l'actuel quartier des Halles-St Denis.
Jean-Baptiste Baratte, un jeune ingénieur des ponts et chaussés, est chargé par Versailles de supprimer cet endroit devenu indésirable...
Baratte, jeune et ambitieux provincial natif de Valenciennes, se voit là confier une tâche ingrate et macabre, celle de "nettoyer" l'un des plus important et ancien cimetière de Paris, celui des Saints Innocents, au départ une simple église et son petit cimetière, qui est devenu au fil des siècles une gigantesque fosse commune ou s'empilent sous terre des millions de restes humains déposés depuis la fin du moyen-âge.
Les conditions de vie à proximité de ce lieu pestilentiel sont devenues insupportables : les murs de certaines caves du quartier ont cédé sous la poussée d'une fosse commune aménagée en hâte. Paris manque aussi à cette époque d'emplacements pour l'installation des marchés et celui des Halles vient buter sur l'enceinte du cimetière. On imagine l'insalubrité et l'odeur pestilentielle d'un tel endroit, où se mélangent les effluves de la chair en décomposition ainsi que ceux de la nourriture entreposée pour le marché.
On va donc suivre ces sombres travaux hallucinés tout au long d'une année, partageant la vie de Baratte, l'ingénieur, mais aussi d'Armand, pianiste joueur d'orgue à l'église fantôme des Innocents, de Lecoeur, alcoolique désabusé et ami d'enfance de Baratte, à qui il a confié la tâche de gérer les mineurs embauchés pour ce travail de forçat.
On pourra voir changer l'ingénieur, plus profondément touché par son travail qu'il ne veut bien le croire. On le verra tomber amoureux même, au coeur de cet enfer.
Mais on verra aussi la folie à l'oeuvre, Lecoeur y perdra la raison.
Car c'est une vision dantesque que ce cimetière éventré, puis cette église démontée, qui finira par brûler.
Et ces hommes qui s'escriment à déterrer ces ossements mènent un combat de chaque instant contre leur répulsion. C'est une tâche qui travaille les corps et les esprits, comme une lente transmutation d'alchimiste infernal, que de révéler ces ossements, puis des les entreposer, pour qu'ils soient ensuite déposer dans les actuelles catacombes, la nuit, par une procession de prêtres entonnant des prières.
Cette histoire de l'Histoire que nous conte Andrew Miller avec son style simple et direct m'a accrochée. J'ai tout de suite été projetée au 18ème siècle, et heureusement, je n'avais pas les odeurs...

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