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Critique de Le_chien_critique


Voilà ce qui peut arriver lorsque l'on se ballade sur une plateforme en pleine mer, parfois on se noie...

Premier roman adulte de Sam J. Miller qui officiait auparavant dans la littérature jeunesse, le fameux Yonug Adult. Et cela se ressent fortement à la lecture.
Les thématiques avaient pourtant tout pour me plaire, le changement climatique et la loi d'airain du libéralisme : l'exploitation de son prochain. Mais le traitement reste très superficiel, trop.

La cité de l'orque, c'est un riche, une idéaliste, un musclé et un jeune aux dents longues qui écoutent la radio sur île artificielle. Sur ce, arrive une légende, ... et une maladie.
Après quelques lignes accrocheuses qui nous raconte la légende et nous mettent en haleine, le reste est très long à démarrer et on commence seulement à comprendre les enjeux à la moitié du livre. Et le mythe fait vite pschitt : le personnage dont tout le monde a entendu parler, que tous cherchent est juste en train de s'entrainer à la salle de sport ! Pour le mystère, on repassera.

Le défaut principal, et unique, de ce roman, c'est la jeunesse de son auteur. Il veut trop en faire, trop dire, trop démonter. Sam J. Miller à des idées à foison, une vision politique de la société, mais cela reste un brin trop naïf. J'avais l'impression qu'il avait fait une check list de tout ce qu'il devait parler dans son bouquin :
Les logements vacants : une honte alors que tant de monde vit dans des conditions insalubres;
Le réchauffement climatique, les réfugiés, les communautarisme : c'est vendeur ;
Les internés : cela montre l'oppression de la norme, de la société;
Les coursiers à vélo : ben j'aime le vélo, donc j'en parle;
Le fossé entre pauvres et riches : c'est pas bien;
Les minorités sexuelles : trop hype;
Les ninja warriors et autres yamakasi : ils ont la classe !
Les relations homme animal : qui peut ne pas s'attendrir devant un ours blanc ?

Et donc un casting qui plaira aux opprimés, il y a de la couleur, des pauvres et comme tout bon livre qui parait actuellement, des personnages genrés. Soq est celui qui m'a donné le plus de mal, il a l'identité dans l'entre deux, donc ce sera "ils". de quoi me sortir de la lecture à chaque fois, j'avais plus l'impression d'être en face d'un schizophrène. Malgré cela, c'est le personnage que je trouve le plus réussi du livre, grâce à son ambiguïté.
Les autres personnages manquent de profondeur, et chacun, à tour de rôle, aura quelques pages, avant de passer au suivant. Leur évolution frise parfois le ridicule, comme cette chef de gang qui fait sa pleureuse devant tous les tueurs de son clan parce qu'elle vient de retrouver fiston.

Pour les scènes d'actions, ce n'est pas tellement mieux, c'est rocambolesque, et lorsque je vois des personnages tailler la bavette tranquillement alors qu'ils sont en plein assaut, j'ai l'impression de regarder un mauvais nanar : Attention les méchants, si vous pouviez attendre quelques minutes avant de nous mettre sur la gueule, nous organisons une petite réunion de famille, si vous pouvez avoir l'obligeance de respecter la seule chose qui compte dans ce bas monde.
Comme l'auteur respecte le cahier des charges du thriller, nous avons aussi le droit à quelques scènes de sexe. Moi, les scènes de cul inutile, ça me bassine grave. Ici, petite nouveauté, pas de maman et papa font un câlin, mais papa et papa font un câlin. Résultat, les scènes de cul homo me font autant chier que celles des hétéros. Mais bon, on pourra toujours mettre en avant le gay friendly.

Ce qui m'a manqué, c'est un vrai traitement des sujets, une noirceur dans l'ambiance. Les événements sont bien trop souvent téléphonés, cela manque de bagout pour construire un récit un peu plus pertinent. En forçant le trait, j'avais l'impression de me retrouver chez Disney, avec des méchants grotesques qui ne sont là que pour faire triompher le Bien. Oh qu'ils sont méchants les méchants, heureusement qu'il y a les gentils. Et la famille !
Pour un livre qui tente de casser les conventions et représentations sociales, sexuelles, j'ai trouvé ce retour au source familiale très marrant.

Au final dommage, car nous avons un roman politique sur la possibilité d'un lendemain autre qui aurait pu être intéressant. Je trouve que l'auteur a juste effleurer son univers et ses thématiques. Soit l'univers vous transportera, et vous ferez preuve de largesse devant les défauts de jeunesse, soit l'univers vous semblera un brin superficiel, et vous resterait comme moi aux portes de la cité. La cité de l'orque reste à écrire.

Lu dans le cadre d'un service de presse
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