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3,2

sur 76 notes
« Ce qui se disait : elle était venue à Qaanaq dans une embarcation que tirait une orque harnachée à la manière d'un cheval. Dans ces récits qui, dans les jours et les semaines qui suivirent son arrivée, se firent de plus en riches d'incroyables détails, l'ours blanc cheminait à son côté sur le pont du bateau éclaboussé de sang. Le visage de la femme était tendu, furieux. Elle portait une armure de combat constituée d'épaisses feuilles de plastique et de récupération. (...) Les doigts de la femme se déplaçaient, nerveux, agiles, le long de la hampe de sa lance sculptée dans une défense de morse. Venue à Qanaaq pour accomplir un effroyable crime, elle brûlait de passer à l'acte. »

Ce sont les premières phrases. Percutantes, cinématographiques, énigmatiques avec ce souffle épique qui emporte illico. Tout le scénario tourne autour d'une vengeance familiale. La distribution est soignée autour Masaaraq, la mystérieuse guerrière de l'incipit, qui ne réapparait qu'à mi-livre, très habilement alors que plane son aura.

Ce qui est incroyablement réussi ( surtout pour moi qui ne suis pas une lectrice experte de SF ), c'est son worldbuilding d'une grande inventivité. Tu es plongé dans un monde post – apocalyptique qui reprend les codes du cyber-punk qui se dévoile petit à petit jusqu'à immersion totale : Qanaaq, une cité flottante privée, contrôlée par de riches actionnaires, où s'est réfugiée une humanité migrante suite à la dévastation du monde par des catastrophes écologiques. Tout est plausible, intelligent et cohérent tant tout semble possible, pas de cyborgs ou de délires futuristes, oui le monde actuel en pleine décadence pourrait donner ça. Ce roman pousse à la réflexion sur notre monde contemporain avec beaucoup d'intelligence et de lucidité, ça en fait un roman politique fort.

Du coup l'auteur aborde un nombre fou de thèmes très contemporains qui font forcément écho, peut-être trop, certains auraient mérité plus de profondeur, mais qu'importe, on y croit : changement climatique, sort des migrants, lutte des classes, machinations politiques des méga-riches capitalistes pour conserver et accroître leur domination, homosexualité , révolte, violences ...

Il y a de superbes idées comme cette maladie des failles, proche du sida car sexuellement transmissible, qui transmet à son porteur les souvenirs de la personne qui l'a contaminée, eux-mêmes enrichis des souvenirs du contaminateur précédent en une chaîne vertigineuse. Comme le personnage de Maasaraq l'orcamancienne, issue d'une tribu qui a subi un génocide après avoir été utilisée pour des expériences médicales qui a nanolié ses membres à des animaux, ce qui en fait des êtres plus complètement humains mais hybrides. Comme ce podcast «  La ville sans plan »qui ponctue le roman avec ses allures prophétiques très poétiques.

Le point faible est sans doute les facilités scénaristiques pour rassembler les personnages principaux dans une même quête, adversaires ou alliés. L'auteur abuse de raccourcis et « hasards » un peu trop nombreux pour être réalistes. Il a également tendance à vouloir rendre la lecture plus complexe qu'elle ne devrait : il faut être très concentré pour ne pas se perdre dans les relations entre les personnages dans Qanaaq alors qu'au final, elles se révèlent très simples.
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22e siècle. le monde tel que nous l'avons connu n'est plu, et le peu qui reste continue doucement de sombrer. Sur tous les continents, le réchauffement climatique, la montée des eaux et la disparition de la plupart des espèces animales et végétales ont provoqué des crises sans précédent et totalement rebattu les cartes. Alors que les pays plongent un à un dans le chaos et que leur population cherchent désespéramment un endroit sûr pour vivre, de nouvelles cités bâties sur les eaux voient le jour. Qaanaaq est l'une de ces villes flottantes, quelque part à l'est du Groenland et au nord de l'Islande. Conçue comme une sorte de projet expérimental financé par de riches actionnaires, la ville est divisée en huit Bras, autant de quartiers dans lesquels les expatriés de tous les continents s'entassent (les plus riches dans le Bras Un, les plus pauvres dans le Bras Huit). C'est sur cette île/cité que se déroule le roman de Sam J. Miller à côté duquel je suis complètement passée (et j'en suis la première navrée), au point de ne pas le terminer. Il est toujours délicat d'écrire une chronique sur un roman qu'on a abandonné en cours de route (chose qui m'arrive de manière rarissime), aussi me contenterais-je de vous exposer brièvement les éléments qui m'ont vraiment rebutée (sachant que je me suis arrêtée aux alentours de la deux centième page, soit pile la moitié). le contexte dans lequel se déroule le récit, ainsi que toutes les thématiques qu'il ne manque pas de soulever, étaient pourtant prometteurs. Les conséquences du réchauffement climatique, la stratification de la société en différentes classes, la réaction des états à la crise écologique qui s'annonce… : autant d'éléments que j'attendais avec impatience de voir développés ici. le problème c'est que, en dépit d'un cadre intriguant, je n'ai pas réussi à accrocher ni au style de l'auteur, ni à la construction narrative, ni à l'intrigue, ni aux personnages, ce qui aura finalement au raison de ma patience.

L'auteur opte pour une alternance de points de vue qui nous permet de suivre quatre personnages différents. Les quatre sont des jeunes un peu désoeuvrés, chacun gravitant dans un milieu très différent : Fill vit dans le quartier le plus huppé et voit sa vie chamboulée par l'annonce de sa contamination à un virus mortel ; Ankit travaille pour l'administration d'un des Bras et se retrouve elle aussi confrontée à des malades du virus ; Kaev fraye avec la pègre et s'est spécialisé dans les combats de boxe d'un genre un peu spécial ; Soq gravite dans les mêmes cercles et ressasse de noirs desseins. Premier problème : on peine pendant longtemps à comprendre où veut en venir l'intrigue, ni même parfois s'il y a une intrigue tout court. L'enquête menée par Ankit est intéressante, mais le parcours des trois garçons ne suscite très vite qu'ennui et perplexité. de même, on peine à comprendre la fascination mêlée de répulsion des habitants pour cette mystérieuse étrangère avec son orque et son ours à propos desquels l'auteur ne nous donne quasiment aucune information. Difficile dans ces conditions de se passionner pour la question... Les récits des quatre protagonistes sont de plus entrecoupés d'extraits d'un podcast à destination des nouveaux arrivants et se proposant de leur décrire la ville et ses coutumes. Or, le procédé est un peu maladroit : c'est presque comme si l'auteur n'avait pas su comment intégrer directement tous ces éléments dans la narration, et avait donc choisi la facilité en les en extrayant tout simplement. Pour ce qui est du style, je n'ai pas spécialement été gênée par la plume de l'auteur, en revanche j'ai eu beaucoup de mal à suivre les chapitres sur Soq qui, ne se considérant ni masculin, ni féminin, préfère qu'on parle de lui au pluriel. La chose est peut-être moins gênante en anglais, mais en français cela devient vite agaçant, surtout qu'on a l'impression qu'il s'agit davantage d'une volonté de l'auteur de s'inscrire dans l'air du temps en invoquant un personnage trans-genre que d'une véritable nécessité pour l'intrigue.

Si le roman avait des atouts pour séduire, je n'ai malheureusement pas été sensible ni à la plume, ni à l'univers, ni aux personnages de Sam J. Miller. Si vous voulez avoir l'avis plus complet de lecteurs qui sont venus à bout du roman (et qui, globalement, sont assez enthousiastes), je vous conseille de consulter les liens ci-dessous.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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N'en déplaise à certains, il y a deux genres littéraires à l'influence majeure si on veut comprendre le monde. le roman noir qui donne une photographie de nos sociétés et de leurs dérives, la SF pour extrapoler notre futur depuis cette photo.

La cité de l'orque est un thriller dystopique qui nous plonge dans un 22ème siècle où les États tels que nous les connaissons n'existent plus. Les dérèglements climatiques ont brouillé les cartes et les hommes ont terminé de semer le chaos. Loin des zones côtières submergées et des déserts intérieurs, d'immenses villes flottantes ont été construites. Qaanaaq est l'une d'elle, au large du Groenland.

Voilà bien le genre de roman qui avait tout pour m'emballer : un univers proche, post-apocalyptique. Des thématiques qui résonnent directement à nos oreilles actuelles.

Verdict : j'ai été aussi transporté que je l'espérais. La 4ème de couverture parle d'une ambiance à la Blade Runner, c'est vrai qu'on retrouve des similitudes dans l'esthétisme, je vois ça comme un vrai hommage. Et j'ai retrouvé dans ce livre ce que j'apprécie tant chez mes auteurs préférés du genre. Lanceur d'alerte comme un Paolo Bacigalupi, humaniste comme un Robert-Charles Wilson.

Sam J. Miller se définit comme un activiste et un agitateur professionnel, en dehors d'être écrivain. Cela se ressent dans son texte, même si sa manière de faire est subtile et intelligente, sans être donneuse de leçons.

Il pose un contexte et une atmosphère qui mettent en perspective les dysfonctionnements actuels par le biais de la fiction dystopique. Et ça fonctionne.

La cité de l'orque est un roman aussi divertissant que poussant à la réflexion. Sans oublier ce qui, pour moi, est essentiel dans un récit, l'aspect humain.

Qaanaaq est une cité du froid. Imaginez une plateforme pétrolière démesurée, aux contours fixes, surpeuplée. L'auteur américain dit pourtant s'être inspiré de New York, ce qu'on comprend aisément. Les conditions de vie sont difficiles, la pauvreté y est endémique, et l'écart entre les riches et les indigents y est une transposition extrême de ce qu'on connaît déjà. Ce sont les propriétaires de logements qui règnent en maître. La ville est gérée par des logiciels, quand les riches ne s'occupent que d'encaisser.

Le roman parle de nous, maintenant, en nous projetant dans un futur hypothétique mais parfaitement crédible. Il parle de notre manière de ne pas regarder les problèmes en face, de ne pas comprendre que ce qui se déroule ici et maintenant aura de terrible répercutions.

L'histoire est foisonnante d'idées qui mettent en belle évidence le lien inextricable entre les comportements et les répercutions (les changements climatiques accentuent la lutte des classes et poussent encore davantage au chaos, etc.).

Les riches thématiques sont à examiner avec une vision globale : environnemental, social, politique, économique, philosophique… Quand Miller parle de réfugiés, la problématique de son siècle prochain n'est que le reflet exacerbé du notre.

Aucun doute, le personnage principal est la ville flottante. le roman est choral et met en scènes plusieurs personnages dont les destins sont liés. Une intéressante manière de montrer l'interconnexion entre les personnes. Avec des protagonistes aux contours bien dessinés, aux caractères marqués, aux failles visibles. Sans parler du lien fort avec les animaux (une des nombreuses belles idées du livre).

En parlant de failles, voilà sans doute l'idée la plus audacieuse du roman. « Les failles » y sont une maladie sexuellement transmissible, aux symptômes et aux répercutions étonnants. Bien plus qu'une maladie…

La cité de l'orque est un roman foisonnant mais construit avec brio, sans risque de perdre le fil. Une vision réaliste et pessimiste de notre futur autant qu'un formidable divertissement, alliant rythme et surprises, réflexions inspirées et une vraie fraîcheur apportée par la jeunesse d'un auteur extrêmement prometteur. Une belle réussite pour un premier roman adulte. Sam J. Miller est à suivre de près.

A noter que le roman vient d'être sélectionné pour le prestigieux prix Nebula. Cette récompense incontournable de l'Imaginaire, attribuée par l'association des auteurs de science-fiction américains, couronne depuis 1966 les meilleurs oeuvres d'Imaginaire. Son premier lauréat fût Dune, de Franck Herbert.
Lien : https://gruznamur.com/2019/0..
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Voilà ce qui peut arriver lorsque l'on se ballade sur une plateforme en pleine mer, parfois on se noie...

Premier roman adulte de Sam J. Miller qui officiait auparavant dans la littérature jeunesse, le fameux Yonug Adult. Et cela se ressent fortement à la lecture.
Les thématiques avaient pourtant tout pour me plaire, le changement climatique et la loi d'airain du libéralisme : l'exploitation de son prochain. Mais le traitement reste très superficiel, trop.

La cité de l'orque, c'est un riche, une idéaliste, un musclé et un jeune aux dents longues qui écoutent la radio sur île artificielle. Sur ce, arrive une légende, ... et une maladie.
Après quelques lignes accrocheuses qui nous raconte la légende et nous mettent en haleine, le reste est très long à démarrer et on commence seulement à comprendre les enjeux à la moitié du livre. Et le mythe fait vite pschitt : le personnage dont tout le monde a entendu parler, que tous cherchent est juste en train de s'entrainer à la salle de sport ! Pour le mystère, on repassera.

Le défaut principal, et unique, de ce roman, c'est la jeunesse de son auteur. Il veut trop en faire, trop dire, trop démonter. Sam J. Miller à des idées à foison, une vision politique de la société, mais cela reste un brin trop naïf. J'avais l'impression qu'il avait fait une check list de tout ce qu'il devait parler dans son bouquin :
Les logements vacants : une honte alors que tant de monde vit dans des conditions insalubres;
Le réchauffement climatique, les réfugiés, les communautarisme : c'est vendeur ;
Les internés : cela montre l'oppression de la norme, de la société;
Les coursiers à vélo : ben j'aime le vélo, donc j'en parle;
Le fossé entre pauvres et riches : c'est pas bien;
Les minorités sexuelles : trop hype;
Les ninja warriors et autres yamakasi : ils ont la classe !
Les relations homme animal : qui peut ne pas s'attendrir devant un ours blanc ?

Et donc un casting qui plaira aux opprimés, il y a de la couleur, des pauvres et comme tout bon livre qui parait actuellement, des personnages genrés. Soq est celui qui m'a donné le plus de mal, il a l'identité dans l'entre deux, donc ce sera "ils". de quoi me sortir de la lecture à chaque fois, j'avais plus l'impression d'être en face d'un schizophrène. Malgré cela, c'est le personnage que je trouve le plus réussi du livre, grâce à son ambiguïté.
Les autres personnages manquent de profondeur, et chacun, à tour de rôle, aura quelques pages, avant de passer au suivant. Leur évolution frise parfois le ridicule, comme cette chef de gang qui fait sa pleureuse devant tous les tueurs de son clan parce qu'elle vient de retrouver fiston.

Pour les scènes d'actions, ce n'est pas tellement mieux, c'est rocambolesque, et lorsque je vois des personnages tailler la bavette tranquillement alors qu'ils sont en plein assaut, j'ai l'impression de regarder un mauvais nanar : Attention les méchants, si vous pouviez attendre quelques minutes avant de nous mettre sur la gueule, nous organisons une petite réunion de famille, si vous pouvez avoir l'obligeance de respecter la seule chose qui compte dans ce bas monde.
Comme l'auteur respecte le cahier des charges du thriller, nous avons aussi le droit à quelques scènes de sexe. Moi, les scènes de cul inutile, ça me bassine grave. Ici, petite nouveauté, pas de maman et papa font un câlin, mais papa et papa font un câlin. Résultat, les scènes de cul homo me font autant chier que celles des hétéros. Mais bon, on pourra toujours mettre en avant le gay friendly.

Ce qui m'a manqué, c'est un vrai traitement des sujets, une noirceur dans l'ambiance. Les événements sont bien trop souvent téléphonés, cela manque de bagout pour construire un récit un peu plus pertinent. En forçant le trait, j'avais l'impression de me retrouver chez Disney, avec des méchants grotesques qui ne sont là que pour faire triompher le Bien. Oh qu'ils sont méchants les méchants, heureusement qu'il y a les gentils. Et la famille !
Pour un livre qui tente de casser les conventions et représentations sociales, sexuelles, j'ai trouvé ce retour au source familiale très marrant.

Au final dommage, car nous avons un roman politique sur la possibilité d'un lendemain autre qui aurait pu être intéressant. Je trouve que l'auteur a juste effleurer son univers et ses thématiques. Soit l'univers vous transportera, et vous ferez preuve de largesse devant les défauts de jeunesse, soit l'univers vous semblera un brin superficiel, et vous resterait comme moi aux portes de la cité. La cité de l'orque reste à écrire.

Lu dans le cadre d'un service de presse
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La Terre, la notre, celle fragile et trop exploitée, dans un très proche avenir.

Les dérèglements climatiques, imposés à notre monde physique en une cohorte sans fin de phénomènes devenus incontrôlables, ont conduit à une montée des eaux au-delà de la plus pessimiste des prévisions.

S'en suit un brassage migratoire des populations à la recherche des zones de survie qui restent ou qu'il faut créer.

Seules les hautes terres de jadis subsistent hors des eaux, y survit dans le luxe la frange migratoire aisée d'une humanité à la dérive. Elle a su aménager dans le luxe son nouveau présent.
L'alternative de survie du reste de l'humanité est la surface de l'eau elle-même. S'y construisent peu à peu des plates-formes flottantes, privées et immenses. Quaanaaq est de celles-ci, non loin du Groenland. Blade Runner le film, de part sa vision de la ville: tentaculaire, froide et obscure, brumeuse et inhumaine, n'est pas loin (on y vend à l'identique des bols de nouilles chaudes dans des échoppes miséreuses).
Le parc immobilier locatif privé y est source de gains énormes. Une caste, celle des Propriétaires, se greffe sur cette manne financière. Elle gère la pénurie via une politique d'appartements vides, impose des loyers prohibitifs accessibles aux seuls plus riches migrants, laisse les autres à la rue, à la mendicité, à la violence mafieuse ... et à la mort dans le froid glacial.

Les Grimpeurs, un groupuscule d'acrobates urbains, usent de leur agilité à l'escalade, tels des Yamakasi. Ils hantent à mains nues les vieux containers maritimes, rouillés et empilés au hasard dans les quartiers miséreux; les façades vertigineuses des buildings des quartiers luxueux et les hauteurs de la Tour du Placard (lieu d'isolement forcé des décastés que la cité génère immanquablement).

Quaanaaq n'a plus de pouvoir politique central conduit par des humains, la gestion en est déléguée à une entité informatique sans âme, à une nuée de logiciels, de bots,d'instruments virtuels ... etc. L'idée originelle était de rejeter les opportunistes politiques véreux .... si ce n'est que les algorithmes sont manipulables et que les malwares (et autres nuisances) peuvent prendre l'aspect de la légalité .

Les Failles: maladie létale à court terme, sexuellement transmissible. La victime est contaminée par un porteur qui lui-même le fut par un autre...etc. Les signes cliniques: le patient voit sa personnalité et ses souvenirs squattés par celles et ceux qui l'infectent. Il y a superposition des passés, des modes de pensée, des réflexions ..etc. Poly-schizophrénique, la victime meurt au coeur d'une position psychique intenable. le SIDA, autre thème d'actualité pris en compte, n'est pas loin.

Les "nano-liés": membres d'une tribu presque disparue, fruit d'expérimentations médicales, se "nanolient" à des animaux. Chaque individu, à l'occasion d'une cérémonie rituelle, entre en symbiose presque totale avec l'animal de son choix: orque, singe, ours polaire, oiseau ... etc

Et c'est avec eux que je reviens au prologue de l'ouvrage:
" Ce qui se disait : elle était venue à Qaanaaq dans une embarcation que tirait une orque harnachée à la manière d'un cheval. Dans ces récits qui, dans les jours et les semaines qui suivirent son arrivée, se firent de plus en plus riches d'incroyables détails, l'ours blanc cheminait à son côté sur le pont du bateau éclaboussé de sang ...[ ] ... Qu'elles que soient ses intentions envers Qaanaaq, l'expression de son visage ne permettait pas de deviner si ses desseins étaient funestes, ou magnifiques, ou les deux."

Une vengeance familiale se prépare. La suite appartient au récit...

Ce que j'en pense:

Quaanaaq est la star incontestable du roman. C'est une des brillantes trouvailles de l'auteur, à l'égal de celle des Failles et des Nanoliés. Chapeau à l'auteur au lu de cet aspect-là. Il y a tout du long de l'ouvrage un bourgeonnement inattendu de belles perles inventives. Elles foisonnent; mais seulement entrevues et trop ponctuellement exploitées, elles se noient hélas dans la masse. J'ai, en cours de lecture, apporté une attention égale à chacune d'entre-elles, certaines se révélèrent être des détails, d'autres des éléments primordiaux. Difficile de faire le tri des informations reçues. le background est foisonnant, complexe et cohérent, trop complexe ou trop tard emmené à sa pleine et entière compréhension.
Et c'est dommage tant le monde décrit est alléchant au coeur d'une lecture où je me suis un peu perdu.

Les évènements s'accélèrent à mi-parcours, imbriquent les unes dans les autres les pièces du puzzle humain qu'est le destin étonnant, et prenant, des "nanoliés" au sein de ce monde apocalyptique.

L'auteur se pose en activiste social réfléchi, impliqué dans l'écologie, les problèmes migratoires, le quart-monde ... et maints domaines tatoués dans l'actualité immédiate. Il nous sert une réflexion vertigineuse sur ce qui nous attend si, toujours debout sur les freins, nous ne réagissons pas MAINTENANT.

PS:Lecture bouclée, je me pose une question étrange: j'ai désormais toutes les clés du récit en tête, le relire s'imposerait presque de manière à apprécier pleinement tous les détails dont il foisonne, les ayant désormais hiérarchisés dans leurs importances respectives. Et en ce sens, au fil du temps, de son lectorat: "La cité de l'orque" risque de devenir culte.

A noter qu'une nouvelle gratuite, issue du même monde, est accessible en version numérique sur le Net via le site de l'éditeur.

Merci à Albin Michel Imaginaire, Babelio et Masse critique.

Ps: une mention spéciale à l'illustration de couverture que je trouve particulièrement belle et en parfaite adéquation avec le récit.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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En Résumé : J'ai passé un bon, voir un très bon moment de lecture avec ce roman qui ne manque pas de se révéler percutant et intéressant. Je me suis retrouvé rapidement plongé dans la découverte de cette ville de Qaanaaq qui est le gros point fort de ce roman. En effet on découvre un univers riche, dense et soigné que ce soit dans la diversité de la ville, comme dans les images qu'il développe que ce soit concernant le dérèglement climatique, les aspects sociaux politique et autre. Ce récit nous fait ainsi réfléchir sur notre société, sur l'avenir que l'on offre à notre planète, sur la capacité de l'homme à parfois s'autodétruire et le tout sans chercher à imposer son point de vue. Concernant l'intrigue elle est en soit plutôt simpliste et par moment prévisible, mais pour autant cela ne l'empêche pas d'être solide et intéressante. Par contre, cela en dérangera peut-être certains, mais on est dans un récit plutôt contemplatif, qui prend bien le temps de construire toile de fond et personnages. Justement, concernant les protagonistes, je les ai trouvés intéressants, soignés et complexes, même si je dois bien admettre qu'une certaine distance entre eux et le lecteur se fait ressentir. J'avoue par contre avoir peu accroché à Fill, même si je comprends son utilité. Je regretterai aussi certaines facilités et Deus Ex Machina qui sont un peu dommage, ainsi qu'une impression de transition trop rapide concernant deux héros qui ont une importance sur la fin. Pour autant ces quelques points soulevés sont en grande partie compensés par les qualités du livre. le tout est porté par une plume efficace, simple et entraînante.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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La cité de l'orque est le premier roman adulte de Sam J.Miller après un premier roman jeunesse The art of starving qui a fait forte impression. La Cité de l'orque est une dystopie post-apocalyptique publié chez Albin Michel Imaginaire. La couverture très réussie est signée Aurélien Police.

Le roman se situe au 22ème siècle, le réchauffement climatique a entrainé une terrible montée des eaux et la disparition de nombreuses villes. Des états entiers ont disparu et des cités flottantes ont vu le jour. Ces cités sont des refuges abritant des milliers de personnes dans des conditions précaires pour la majorité, seul une catégorie aisée de la population s'en sortant beaucoup mieux. Ces cités ont été créées par de riches actionnaires de l'ancien monde tirant profit de la situation. Il n'y a plus de véritables dirigeants de pays ou de cités mais des Intelligences Artificielles pour assumer ce rôle. le roman dépeint un futur sombre mais également malheureusement tellement réaliste et abordant des thématiques actuelles. Ce futur reflète notre monde avec juste un peu plus de noirceur. Gilles Dumay évoque la référence à Blade Runner pour le monde décrit et en effet il y a de cela dans La cité de l'orque.

Le récit se déroule dans la cité de Qaanaaq proche du Groenland (Qaanaaq existe bien, elle est située au Nord Ouest du Groenland, située sur la péninsule de Hayes et compte pour le moment un peu plus de 600 habitants). C'est une ville surpeuplée et tentaculaire dont le noyau central se situe près d'une source géothermale. le Bras 1 possède de grands appartements destinés aux plus riches tandis que le Bras 8 est le quartier des plus démunis. Qaanaaq est le lieu où tout se passe, que le lecteur découvre peu à peu et qui devient presque un personnage à part entière. Qaanaaq est une vraie réussite, on ressent cette ville, son froid, son bouillonnement, sa noirceur, sa surpopulation, son danger permanent, le désespoir de ses habitants. La cité est également le reflet de certaines mégalopoles actuelles. Les propriétaires y sont très puissants et décident du sort des plus démunis sans vergogne. Il n'y a plus de politique, plus vraiment de lois, les actionnaires sont rois. C'est un peu la loi de la jungle, du plus riche, des privilégiés.

Voilà pour le décor du roman, venons en maintenant à l'intrigue. Celle-ci est moins réussie que l'univers, beaucoup plus classique et simple, elle met un peu de temps à se mettre en place. Pendant, les 100 premières pages, on se demande un peu où tout ça va nous mener, et puis tout se met en place et on a du mal à lâcher le livre. Tout commence par l'arrivée à Qaanaaq par bateau d'une femme qui suscite l'attention de tous par son apparence de guerrière et surtout par le fait qu'elle est accompagnée d'un ours polaire et d'une orque. Les rumeurs les plus folles circulent sur cette femme: est elle une nanoliée (personne capable de se lier à un animal)? Qui est-elle vraiment? Que veut-elle? le lecteur aussi s'interroge, surtout qu'au début du roman, on entend seulement parler d'elle sans la voir et qu'elle est bien entendu le fruit d'histoires rocambolesques.

La cité de l'orque est un roman choral. On suit plusieurs protagonistes qui vont tour à tour nous faire découvrir différentes facettes de la ville et de l'histoire. Ces personnages sont le deuxième atout de ce roman. Ils sont variés, travaillés et attachants. Parmi les principaux, on trouve Ankit, orpheline qui travaille pour une politicienne dans le Bras 8, Fill, jeune riche et porteur des Failles, maladie incurable faisant penser au SIDA, Kaev, combattant sur poutre et éternel perdant, et Soq, coursier au genre non défini et qui espère travailler au sein de l'organisation criminelle de Go, femme très puissante qui dirige la mafia locale. La narration pour Soq est un peu spéciale, Soq ne possédant pas de genre défini se considère comme pluriel et parle ainsi en utilisant « ils ». Au début, j'avoue avoir eu du mal à m'y faire. Cette narration à plusieurs voix permet de mieux cerner la cité de Qaanaaq, de mieux comprendre les différences de vie.

Bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce roman. Certains faits se résolvent un peu facilement, les thématiques sont certainement trop nombreuses pour être traitées toutes de la même manière, comme si l'auteur voulait trop en dire sans en avoir vraiment le temps. Cependant, cela n'enlève rien aux autres qualités du livre et au fait que ce roman nous parle par son monde si proche du notre, nous questionne par ses problématiques actuelles et nous émeut par ses personnages. On sent que l'auteur parle de sujets sensibles pour lui et parle avec son coeur. Il parle de la différence, des migrations, du refus d'un certain monde et de la volonté d'essayer de sauver notre planète, d'essayer de changer les comportements.

La cité de l'orque est une vraie plongée en apnée dans un futur sombre mais malheureusement réaliste et proche de notre monde actuel. La construction de l'univers est épatante tout comme celle des personnages. Un roman qui résonne longtemps dans l'esprit du lecteur et nous interroge fortement.

Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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XXIIème siècle, le réchauffement climatique est une réalité. de nombreuses villes côtières se retrouvent sous les flots, la notion d'état a disparu, le chaos règne un peu partout sur la planète. de nombreuses villes flottantes ont vu le jour. Elles ont été créées par de riches actionnaires de l'ancien monde et sont dirigées par des Intelligences Artificielles. Qaanaaq est l'une de ces cités flottantes, située non loin du Groenland. Elle est composée de huit Bras se développant autour d'un noyau central puisant son énergie d'une source géothermale. Qaanaaq, immense rosace où les nantis logent dans des appartements de luxe au Sud dans le Bras 1 et où les plus démunis s'entassent dans de minuscules boîtes-dortoirs au Nord dans le Bras 8. le marché de l'immobilier est le marché le plus lucratif. L'espace étant restreint, les convoitises sont légion.

La cité de l'orque est l'histoire de cette ville. Qaanaaq est à la fois le décor et le personnage principal du récit. A travers les yeux de différents protagonistes, Sam Miller nous plonge en profondeur dans cette cité flottante. Parmi eux, Fill, petit-fils d'un riche actionnaire, porteur des Failles, maladie incurable qui à l'instar du SIDA se transmet lors de rapports sexuels non protégés. Ankit, elle, travaille pour une politicienne dans le Bras 8. Kaev est un combattant sur poutre qui gagne sa vie en perdant ses duels. Et enfin Soq, un livreur au genre non défini qui veut travailler pour Go, cheffe de la mafia locale aux ambitions démesurées.

Tout ce petit monde vit "tranquillement" jusqu'à l'arrivée d'une femme accompagnée d'un ours blanc et d'un orque qui va bouleverser l'équilibre précaire de la cité...

L'intrigue, relativement simple est l'histoire d'une banale vengeance. L'auteur mène tranquillement son récit avec de nombreux rebondissements qui font de la cité des orques un bon page-turner. Mais quelques facilités narratives et des coïncidences heureuses gâchent un peu le plaisir.

Le point fort du récit est sans conteste Qaanaaq. le worldbuilding est époustouflant, les idées nombreuses et variées donnent du corps au récit mais la visualisation n'est pas forcément immédiate. Les éléments se dévoilent au fur et à mesure, tout le long du récit. C'est une plongée lente et immersive. Un vrai plaisir de lecture, on ressent le froid, la surpopulation, la frénésie ambiante et surtout la fragilité du lieu.

La cité de l'orque est avant tout une ode à la différence. C'est aussi un cri d'alarme pour la sauvegarde de notre monde, un refus du monde capitaliste tel qu'il existe et qui nous mène droit à la catastrophe mais aussi un désaveu de ces révolutionnaires qui veulent devenir calife à la place du calife. Il a une portée toute symbolique en ces temps mouvementés. Critique sans concession de notre mode de vie où les haines, les peurs et les jalousies sont les éléments moteurs de notre pensée.

La construction du roman me rappelle, toutes proportions gardées, La maison des derviches de Ian McDonald. Qaanaaq est en quelque sorte l'Istanbul de la cité de l'orque.

Reflet du monde actuel, roman intelligent qui interpelle et fait réfléchir, La cité de l'orque est à découvrir de toute urgence. Si vous avez des doutes, le vêlage, une nouvelle se déroulant sur Qaanaaq, est disponible gratuitement en numérique.

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La cité de l'orque est un roman foisonnant et chaotique qui nous montre un futur submergé par les conséquences du réchauffement climatique. J'ai adoré la découverte de la ville flottante et de ses habitants mais ce j'aurais apprécié par dessus tout c'est que le livre fasse 200 pages de plus, pour étoffer les personnages, les concepts abordés et la mythique Qaanaaq. Ou alors : à quand un autre roman dans le même futur ?
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Bienvenue à Qaanaaq. Ville flottante au large des côtes du Groenland et de l'Islande. Ville promise pour beaucoup d'immigrants qui fuient les ravages du changement climatique. Qaanaaq est à la fois un Eldorado et en même temps une autre forme d'enfer. La ville est tentaculaire, chaque branche abrite une population allant des propriétaires immobiliers les plus riches aux populations les plus pauvres n'ayant même pas de toit. Dans cette ville où les rêves et les espoirs se confrontent à une réalité cruelle, les destins des personnes se croisent et s'entremêlent. Dans la cité, nous suivons à tour de rôle des personnages qui tous à leur manière sont liés à cette ville. Et puis dans l'équation viendra s'ajouter une femme arrivée à Qaanaaq accompagnée d'un orque et d'un ours polaire... quel est son but et comment sa présence va-t-elle modifié profondément les rapports de force dans la cité ?
Vous l'aurez compris, le personnage central de la cité de l'orque est la cité elle-même. Qaanaaq est à la fois le décor et le personnage principal de ce roman post-apo à l'ambiance bien particulière. Cette cité flottante, construite en pleine catastrophe écologique alors que les grandes villes du monde sombraient, est un bijou d'architecture moderne. Placée sur la partie nord de la dorsale atlantique, elle utilise la géothermie comme source d'énergie et de chauffage. La ville est automatisée au maximum, les algorithmes gèrent la vie de la population à tel point qu'il n'y a pratiquement aucune institution gouvernementale. Cependant, comme dans toute ville connue, une petite partie de la population vit dans l'opulence tandis que les nouveaux arrivants sont entassés dans les bras de la villes les plus pauvres et les plus surpeuplés. Ajouter à tout cela, l'apparition d'une mystérieuse maladie sexuellement transmissible et mortelle : Les failles dont personne ne connait exactement l'origine et vous aurait une vision de cette cité cosmopolite à la fois magnifique et sans pitié.
Sam J. Miller nous propose avec la cité de l'orque un roman post-apocalypse écologique au worldbuilding assez remarquable. La cité de Qaanaaq se dévoile page après page, le lecteur apprivoise cet environnement inconnu. On y ressent le froid, la surpopulation, l'avenir précaire des humains qui la peuplent : c'est assez étouffant et pourtant on ne peut s'empêcher d'avoir envie de visiter cette ville de fond en comble pour en découvrir tous les secrets. Les bribes que l'auteur nous saupoudre au fil des pages sur le devenir du monde sont particulièrement noir... ce qui montre Qaanaaq comme un phare au milieu du désespoir de l'humanité.

J'ai cependant trouvé que la plume de Sam J Miller n'était pas dès plus accessible surtout au niveau de la visualisation de la ville qui prend du temps tout comme la mise en place des différents personnages... il a fallu que je m'accroche un peu pour vraiment rentrer dans l'histoire et j'avoue que certain passages sont un peu lents. le récit en lui-même n'est pas des plus novateur puisqu'il s'agit avant tout d'une histoire de famille et de vengeance. Mais les sujets abordés sont quand à eux nombreux et menés avec intelligence. Sam J. Miller nous parle de notre société en voie de disparition. Il dénonce avec la cité de l'orque aussi bien le capitalisme incontrôlé, les scientifiques irresponsables que les révolutionnaires inconscients. Il nous montre une humanité dans toute sa différence : ses cotés altruistes mais aussi la haine, le mensonge et la jalousie qui la gangrène.
J'aurais tendance à y voir un roman écrit pour interpellé les consciences et créer un électrochoc auprès des lecteurs : voyez vers quoi notre société déshumanisé nous dirige à grands pas. J'y vois également un plaidoyer pour l'acceptation de la différence et pour l'entraide : ce n'est pas parce que vous êtes en sécurité et au chaud que l'avenir des personnes sans ressources doit vous être indifférent.


Au final, un roman clairement différent. Si je devais le rapprocher d'un roman lu récemment, je dirais qu'il a des points communs avec Jardin d'hiver d'Olivier Paquet, surtout dans les thèmes abordés. Sam J. Miller nous propose avec la cité de l'orque un roman engagé avec un worlbuilding remarquable qui nous pousse à la réflexion et même si je n'ai pas complètement accroché au style de l'auteur et que je me suis un peu ennuyé au milieu (et oui...), j'ai aimé découvrir cette cité aux allures de dernière ville avant la fin du monde.
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