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Critique de fanfanouche24


N'attendez surtout pas un règlement de comptes abrupt et vengeur… de la part d'un fils…mais un récit bouleversant où nous sentons les souffrances et traumatismes extrêmes vécus par les deux parties : une mère et un fils….Alice Miller, célèbre thérapeute de l'enfance, ayant combattu toute sa vie « la pédagogie noire »[terme créé par Katharina Rutschky], et les dressages insidieux vécus par l'Enfant… ne se remettra jamais des traumatismes de la guerre et de l'holocauste…de ses propres difficultés avec sa mère…

En dehors de la part très personnelle, ce livre m'a passionnée pour le deuxième aspect de cette narration, plus objective, décrivant les batailles et terrains de recherches des différents praticiens et théoriciens. Martin Miller explique en détails le périple intellectuel, les recherches, les combats nombreux de sa mère avec son autre famille, celle de la « Psychanalyse », ses écrits, les apports incontestables d'Alice Miller à la psychologie de l'enfant, et à la psychologie, en général… La mise en garde des effets somatiques graves lorsqu'il y a déni de sa propre histoire…

Il reste très significatif, qu'en dépit… des rapports complexes et par périodes , destructeurs de mère-fils… Martin a poursuivi son chemin, même si il le fit à sa manière. Il est devenu à son tour thérapeute… tout en développant un sens critique démultiplié vis-à-vis du monde psychanalytique…

Je retiens un passage qui résume très justement ce livre que je trouve « admirable» à cet égard ; Martin Miller reconnaît l'extrême intelligence, réactivité, talents de sa mère…tout en se donnant l'autorisation de « dire sa souffrance » en tant que « fils »…

Alice Miller n' était joyeuse, libre, libérée des « fantômes trop lourds »,que lorsqu'elle « écrivait ». Martin Miller explique d'ailleurs très bien pourquoi les textes de sa mère étaient vifs, spontanés, agréables à lire… Alice Miller marchait dans la nature , confiait ses réflexions, ses analyses à un dictaphone… pour les faire ensuite « taper à la machine »… pour dans une ultime étape, réaliser les dernières modifications.

« Je sais naturellement aujourd'hui que les parents qui sont extrêmement accablés par la guerre, la persécution, l'émigration, la détresse économique, ont toujours beaucoup de peine à ressentir avec empathie le monde de leurs enfants. J'ai pourtant du mal à lire mes expériences sur cette toile de fond. J'en suis capable en tant que thérapeute mais, en tant que fils, la souffrance est toujours présente même après des décennies. En tant que fils d'Alice Miller, chercheuse sur l'enfance mondialement connue pour avoir lutté comme personne d'autre pour le droit de l'enfant à un développement psychique propre et s'être élevée contre les parents maltraitants, la situation est encore plus difficile. (p.121-122).
Ce qui reste très troublant : l'écart entre ce que l'on vit dans la vie privée, les traumatismes connus mais pas résorbés… qui poursuivent leurs « dégâts » dans l'espace intime familial…, d'autant plus troublant lorsqu'il s'agit d'une thérapeute ayant souffert de cela, et consacré son existence à défendre le « droit des enfants » à « leur propre personnalité » …

Je ressors de cette lecture passablement « chamboulée… et parallèlement « enrichie » de mille informations sur les mouvements psychanalytiques suisses et mondiaux de l'époque ; une liste de recherches m'attend désormais : John Bowlby (1907-1990), pédopsychiatre ; Heinz Kohut (1913-1981), analyste américain ; Jan Bastiaans, Christel Schöttler, katharina Rutschky (1941-2010), etc.
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