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Critique de 5Arabella


Créée en 1949, la pièce connaît un immense succès, et remporte, entre autres, le prix Pullitzer du drame. Elle est devenue presque de suite un classique, et demeure très jouée un peu partout dans le monde.

Willy Loman, un représentant de commerce soixantenaire se retrouve à un tournant de sa vie. Il n'est plus vraiment performant en tant que vendeur, et ses revenus diminuent au point qu'il n'arrive plus à payer tous les crédits qu'il a pris pour acquérir un certain nombre d'objets. Ses relations avec ses deux fils sont difficiles : il leur reproche, surtout à l'aîné, Biff, qui est son préféré, de ne pas avoir connu la réussite matérielle, qu'ils auraient dû connaître, avoir en quelque sorte gâché leurs potentiels, et l'avoir mis lui-même en situation d'échec, en tant que leur père. Des événements du passé interfèrent dans le présent, brossant le tableau de la vie de la famille, et permettant de mieux saisir les enjeux de la situation.

La situation de Willy Loman se dégrade encore, son patron profite de sa demande d'un emploi fixe et non plus itinérant pour le licencier. En même temps Biff, qui a essayé de satisfaire son père en demandant à un de ses anciens employeurs d'investir dans un projet, se fait rejeter, ce qui provoque une violente réaction de Willy et une rupture définitive avec son fils, qui finit par exprimer des reproches à son père sur ses choix de vie. Willy, acculé, n'a plus comme seule issue qu'une solution extrême.

La pièce est une sorte de tragédie moderne, dans laquelle le fonctionnement capitaliste, basé sur une fuite en avant dans l'acquisition sans fin de biens plus ou moins utiles, qu'il s'agit de payer en vendant à d'autres des biens sans doute aussi peu essentiels, qui perdent de leur valeur de suite, avant même d'avoir été payés, et qu'il va s'agir de remplacer dans une course sans issue, remplace la fatalité, les dieux et le destin. Elle est aussi un tableau réaliste de la vie américaine moderne, et plus généralement de la façon de vivre dans le monde actuel. Sous l'apparence de liberté, de possibilité de réussite, de trouver une place à la mesure de ses capacité, de son investissement, se cachent des mécanismes qui poussent les individus à se couler dans des activités vides de sens pour eux, qui provoquent des comportements inauthentiques, qui cassent les liens avec les autres, qui les réduisent à des stéréotypes. Une immense machine qui tourne à vide, qui poussent à accumuler, sans se poser la question du sens, et qui finit par broyer l'individu devenu incapable de suivre le rythme.

C'est incontestablement d'une grande force, d'une grande puissance. La pièce mérite son statut de classique et elle reste d'une actualité brûlante.
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