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Raymond Gérôme (Adaptateur)
EAN : 9782221114490
252 pages
Robert Laffont (11/11/2009)
3.75/5   215 notes
Résumé :
Dans la nuit, cerné par les hauts blocs d'immeubles enserrant sa petite maison, un homme plante des graines à la lumière d'une lampe de poche.

C'est un homme comme tant d'autres, fasciné par l'argent et la réussite, qui arrive au bout de trente années de travail dans la même entreprise.

Il va pourtant perdre son emploi -et décevoir irrémédiablement sa femme et ses deux fils. Lorsque la pièce commence, il est déjà perdu.

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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Vous souvenez-vous du vieux western de Sergio Leone, Et Pour Quelques Dollars De Plus ? Le film s’ouvrait sur un carton où il était inscrit en substance (je cite de mémoire) : « Là où la vie n’avait aucune valeur, la mort pouvait parfois en avoir une. Et c’est ainsi que naquirent les chasseurs de primes. » Et bling !, vous aviez la musique d’Ennio Morricone à fond dans les oreilles et l’image où vous crouliez sous un soleil de plomb juste avant qu’un malfrat transpirant et mal rasé avec la tête de l’emploi ne fasse son entrée sur l’écran. Bref, toute une époque…

Là où la vie n’avait aucune valeur, la mort pouvait parfois en avoir une… Voilà ce qui nous raccroche à la pièce d’Arthur Miller. Car dans Mort D’Un Commis Voyageur, la vie des individus ne vaut rien, justement. La seule chose qui prime, c’est l’argent que vous êtes capable de rassembler chaque semaine, c’est l’argent que vous êtes à même de dépenser pour rembourser un crédit, c’est le crédit que vous êtes capable de contracter pour acheter un bien de consommation, c’est le nombre et l’éventail des biens de consommation que vous êtes capable de présenter à vos connaissances quand vous ou elles vous rendez visite.

Oui, c’est bien au système de la société de consommation, la société marchande, la société du chiffre, à l’idéal de la réussite financière auxquels l’auteur s’attaque. Où sont les hommes derrière tout ça ? où sont les êtres, les âmes derrière ce luxe ou ces biens de consommation ? où sont les relations sociales, les rapports humains véritables qu’il y a derrière le credo de « la réussite »

Quel est le sens de cette vie où après avoir travaillé d’arrache pied toute sa misérable existence on se retrouve tout juste apte à avoir épongé les dernières dettes, pour la maison, l’aspirateur et le frigo, au moment où l’on est plus bon à rien, plus bon à vivre pour de vrai une vraie vie avec des vrais hommes ayant des vraies relations sociales dénuées de considérations de business et de rentabilité. On a passé sa vie à payer des études à nos enfants, à s’inquiéter de leur réussite professionnelle plutôt qu’à vraiment les écouter et chercher à les connaître pour eux-mêmes.

C’est de cette vie, c’est de ce système dans lequel nous sommes encore, aujourd’hui plus que jamais, dont Arthur Miller nous parle, dès 1949. Il nous met en garde, il nous dit : n’oubliez pas de vivre, surtout ! N’oubliez pas les moments gratuits, juste d’homme à homme, ceux que vous ne pourrez jamais porter en bracelet ni accrocher au mur mais qui sont pourtant tellement, tellement plus que les zéros sur un compte en banque, tellement plus que toutes les cartes de visite que vous pourrez présenter, aussi prestigieuse que puisse être votre position et votre entreprise.

Attention ! dit-il, si votre vie se résume à produire et acheter, votre vie n’est qu’un bien de consommation comme un autre. Arrêtez seulement de produire et vous ne pourrez plus acheter, si bien que votre existence ne vaudra plus rien du tout, sauf peut-être à considérer le montant de l’assurance-vie que vous aurez été capable de souscrire. Là où la vie n’avait aucune valeur, la mort pouvait parfois en avoir une…

Oui, c’est ça qu’il nous dit l’ami Miller. Il est touchant son Willy, car c’est un bosseur, un trimeur, un brave gars dans le fond, qui met du cœur dans ce qu’il fait, qui croit aux muscles et à la réussite. C’est un brave gars Willy, oui, un vrai brave type qui a roulé sa bosse des affaires toute sa vie sur les routes de la Nouvelle Angleterre en quête de nouveaux clients pour son patron qui doit toujours lui faire obtenir de l’avancement.

C’est un brave gars Willy, qui veut dur comme fer que ses deux fistons réussissent : Biff et Happy. Sait-il seulement ce que ça veut dire réussir ? Et sa femme Linda ? sait-elle ce que cela veut dire réussir pour ses deux fils ? réussir dans son couple ? réussir dans sa vie ?

Le tableau de cette pièce, une maison individuelle à la campagne cernée, étouffée désormais par d’immenses immeubles tout autour qui lui bouchent la vue me rappelle fortement l’album pour enfant La Petite Maison de Virginia Lee Burton et datant de 1942. Je ne serais pas du tout surprise que Miller s’en soit inspiré pour sa pièce, et même pour ses personnages (Biff notamment), vous me direz.

Vous me donnerez votre avis qui, en faisant la navette, signera peut-être la fin du mien. Ce sera donc la mort d’un avis voyageur, c’est-à-dire, bien peu de chose.
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“Make America Great Again”

Il est l'un des piliers de la sainte trinité, à l'origine de l'essor du théâtre américain moderne avec Tennessee Williams et Eugene O'Neill et dont on admire encore les continuateurs, d'Edward Albee à Sam Shepard, de Larry Kramer à Tony Kushner. Arthur Miller signe une pièce amère et poétique sur le rêve américain, la société de consommation et la valeur d'une vie humaine - d'un moyen de production organique, d'une “ressource” humaine qu'on amorti…

Miller, surtout connu pour être Mr Monroe, l'époux intello de l'éternelle Norma Jean, était également un sympathisant communiste, fortement marqué par la chasse au sorcières du sénateur McCarthy.

Ainsi pas étonnant que le marxisme soit une des sources d'inspiration du dramaturge. La pièce est un drame économico-familial, le crépuscule de Willy, un commis voyageur (l'anglais, comme souvent, utilise moins de circonvolutions “a salesman” , “un vendeur” quoi…), âgé, usé, la machine humaine s'enraye, la production d'énergie mécanique du corps humain décroit, et sa valeur marchande avec (ce qui n'est pas sans rappeler les débats actuels sur l'éternel report de l'âge de la retraite, sorte de fantasme absolu du gestionnaire capitaliste, l'abolition de la retraite lui semble un fantasme aussi sexy que Marilyn en Une de Play-boy…).

Que laisse t-on derrière soi ? Pourquoi est-ce que nous travaillons ? Pourquoi voit-on immanquablement dans notre progéniture le prolongement de nous mêmes… Pourquoi est-ce qu'elle peut nous décevoir si elle n'accomplit pas (voire ne dépasse pas) nos propres aspirations ? Qu'est ce que ça veut dire “wasted my life” ? Happy et Biff, les enfants égarés de Willy reproduisent ou échouent à reproduire le même schéma, la même dialectique trumpiste les “winners” et les “loosers”, les gens "qui réussissent" et ceux qui "ne sont rien" (pas besoin parfois d'aller de l'autre coté de l'Atlantique...) bref, pas d'autres choix possibles… le personnage de la mère, tout entière détournée d'elle-même est aussi un portrait horrifiant de cette Amérique de la ménagère, uniquement dévouée à son mari et ses enfants.

Qu'en pensez-vous ?
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Retour au théâtre. Et pas avec n'importe quelle pièce. - Mort d'un commis voyageur - est devenue un classique du genre parce qu'au moment où le public l'a découverte, elle était... comme a pu l'être le roman de Steinbeck - Les raisins de la colère -, le constat glaçant d'une société où l'homme n'est qu'un instrument, voire un serviteur éphémère de Mammon, dont on se débarrasse lorsqu'on le juge hors d'usage, lorsque l'âge, la maladie ont entamé ce qui le rendait utile : sa soumission d'esclave à la productivité, à la rentabilité, au Veau d'Or.
Comme le chante Eddy Mitchell, Willy, commis voyageur depuis plus de trente ans sur les routes de province... n'aurait pas dû rentrer ce soir où il a eu un accident de voiture, enjambant un parapet... chutant dans un cours d'eau à sec. Il n'aurait pas dû rentrer après chacun des autres accidents qui se sont succédé. Car Willy, 63 ans, marié à Linda, père de deux grands enfants Biff et Happy, est au bout du rouleau. Sa femme le sait, elle qui a découvert un tuyau près de la chaudière, un tuyau dont Willy a fait un autre instrument pour une autre tentative de suicide qu'elle craint proche.
Elle en informe ses deux enfants, anachroniquement des Tanguy, des ratés, des paumés, lesquels en dépit de leurs failles, et pour Biff d'un trauma lié à un évènement dans son adolescence avec son père, vont essayer de l'aider à reprendre goût à la vie, dans un projet insensé, voué d'emblée à l'échec, mais auquel toute la famille va se raccrocher comme à la dernière bouée crevée d'un naufrage annoncé.
C'est l'occasion pour Arthur Miller de dénoncer les travers, les hypocrisies, les mensonges, le miroir aux alouettes du " rêve américain" et de son mode de vie hanté par des Chimères.
Car la famille Loman vit au milieu de ces chimères, y croit et les alimente, au prix d'un véritable amour floué entre ce père, cette mère et leurs deux enfants, qui ne peuvent que tricher, car l'illusion ne tolère pas la vérité, l'illusion ne consent qu'à vous accompagner qu'à l'unique condition que vous acceptiez de composer avec la vérité, de la sacrifier pour des non-dits, pour des mots insincères, pour le mensonge.
Et cet amour travesti par le jeu de dupes auquel l'ordre social vous convie sans vous laisser le choix, va mener ces êtres privés de défenses, dans l'incapacité de se révolter contre ce qu'ils ne peuvent empêcher, au drame sacrificiel et absurde.
La pièce n'a pas pris une ride et demeure plus que jamais d'actualité.
Sa langue est d'aujourd'hui ; elle est simple, vraie, authentique... sans effets, sans fard.
Ses personnages sont contemporains.
Son architecture n'est pas à réinventer... sa conception originelle est épatante.
Et plus que tout, cette pièce a une charge d'émotion qui ne cesse d'interpeller.
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Une pièce de théâtre qui révolutionne plus ou moins la tragédie en y introduisant des personnages courants et une langue de tous les jours. Mais ce qui frappe en premier, avant l'aspect domestique, c'est la féroce critique sociale de « l'american way of life », malgré ce qui peut le racheter (la modestie et le succès de Bernard par exemple), avec le langage stéréotypé de ceux qui réussissent ou veulent réussir (la conversation de Ben et Willy est fort limitée), le manque de communication (Howard, le patron de Willy a acheté un dictaphone), le mépris des autres à la recherche démagogique de la popularité.
À noter enfin que les décors étaient eux aussi relativement innovateurs.
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Après trois décennies loin de sa femme et de ses fils à effectuer un travail qui ne lui a rien rapporté, pas même de quoi payer les dernières traites des objets du quotidien et de sa petite maison déjà entourée de grands immeubles, l'homme fatigué, usé, le commis voyageur, après avoir cru au dieu argent prend la mesure de la vacuité de sa vie, du fossé qui le sépare de sa famille et pense qu'il ne lui reste plus qu'à disparaître.

En 1949, dans cette première pièce qui eut un succès immédiat, Arthur Miller, inspiré par les représentants qui travaillaient dans la fabrique paternelle, dénonce déjà les dérives d'une société où la réussite est avant tout économique et matérielle. Traité avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, ce sujet sur le manque de repères - cause d’une grande détresse chez certains - est plus que jamais d’actualité. Une oeuvre remarquable d'un homme qui a su garder toute sa vie le sens des vraies valeurs malgré le succès et la gloire.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
BIFF : En quittant le collège, tu te souviens, j'ai fait des tas de petits boulots : expéditionnaire, vérificateur, commissionnaire, démarcheur... et toujours une voix me disait : tu n'es pas fait pour ça, laisse tomber. Surveiller les stocks, vendre, acheter, compter, dépasser les copains, toujours avec un col fermé, une cravate, un veston, sans jamais voir le ciel, non ! Ce qu'il te faut à toi, c'est vivre au grand air, torse nu, sous le soleil !
HAPPY : Ben si c'est ce que tu veux, Biff...
BIFF : J'ai conduit du bétail, du Nebraska au Dakota du Sud, au Dakota du Nord aussi, et puis je me suis occupé de chevaux, en Arizona d'abord, et enfin, depuis quelques temps, là-bas au Texas. Les poulains sont en train d'y naître, Happy ! Il n'y a rien de plus beau, de plus libre au monde qu'un poulain, et à chaque printemps, je suis émerveillé en les voyant naître, et heureux, et malgré cela tu vois, je suis là ! C'est le printemps au Texas et je suis là ! J'ai quitté ma place et je suis rentré, parce que maintenant, là-bas je me demande sans cesse : mais qu'est-ce que tu fous là, couillon minable, à faire joujou avec tes canassons miniatures, pour vingt-huit dollars par semaine. Vingt-huit dollars par semaine à trente-quatre ans ! Alors que tu devrais être en train de construire ton avenir ! Happy, j'en pouvais plus, j'ai quitté ma place, le Texas, les chevaux, la liberté, la beauté, et je suis rentré la queue basse à la maison, construire mon avenir... Seulement, à peine arrivé, j'étouffe, je ne sais plus quoi foutre de ma peau, je tourne en rond, et j'ai envie de repartir dare-dare pour le Texas ou pour n'importe où ailleurs, loin d'ici, à l'air ! Ce que je veux vraiment faire dans ma vie, Happy, c'est de ne pas la gâcher, et où que j'aille, je sens que je suis justement en train de la gâcher, et tout particulièrement, quand j'arrive ici...

Acte I.
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BIFF : Cet après-midi, je me suis retrouvé dans cet escalier, ce stylo à la main, fuyant comme un perdu, et tout à coup, au centre de cet immeuble de bureaux, sur les marches de fer de cet escalier, j'ai vu, j'ai vu par une toute petite meurtrière, trouant le béton, le ciel, l'immensité bleue du ciel et je me suis senti tellement heureux, tellement soulagé ! Et puis je me suis souvenu de tout ce que j'aimais en ce monde : travailler de mes mains, manger du fromage en plein air, fumer allongé sur l'herbe au pied d'un arbre, alors, j'ai regardé ce stylo en plaqué or et je me suis demandé ce qu'il faisait dans ma main, pourquoi je courais ainsi, pour échapper à qui, à quoi, pourquoi tous ces efforts pour devenir autre chose que ce que je suis, pourquoi enfin je venais de passer toute une journée sur le paillasson de ce gros crétin abject, en attendant, en espérant qu'il daigne m'honorer d'un regard de ses yeux vides ! Pourquoi ? alors que tout ce que j'aime au monde m'attendait dehors, sous le ciel du bon Dieu ! C'est alors, papa, que la peur m'a quitté et que j'ai eu envie de vivre et de t'expliquer ça, simplement ça, tu comprends ?
WILLY : Parfaitement, c'est ta vie, gâche-la !
BIFF : Papa, comprends donc enfin, des types comme toi et moi, on en fait des soldes, pas du premier choix !

Acte II.
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WILLY : Voilà, ils nous ont emmurés vivants, briques sur briques, coincés comme des rats entre leurs deux tas de clapiers !
LINDA : On aurait dû acheter le terrain mitoyen.
WILLY : Et les voitures, tu as vu, ça déborde de voitures par ici maintenant, l'air en est infesté, même le gazon ne pousse plus, tiens plante une carotte, avec un peu de chance tu récolteras un radis rachitique ou un navet nain ! Tu te souviens Linda, les deux grands ormes là-bas ce qu'ils étaient beaux, et quand Biff et moi on y avait mis un hamac, tu te souviens ?
LINDA : On se serait cru à des milliers de kilomètres de la ville.
WILLY : Tu sais quoi ? On aurait dû couper les têtes de ceux qui ont coupé ces arbres, ils ont bousillé le quartier, Linda, et ils vont bousiller le pays entier, partout ils construisent leurs clapiers ! Tu te souviens des fleurs, Linda ? Maintenant ce serait les glycines non . Et juste après, les pivoines, et dans un mois les jonquilles, et les lilas, Linda, le lilas, tu te souviens du lilas ?
LINDA : Bien sûr, mais d'un autre côté, il faut bien que les gens trouvent à se loger.
WILLY : Il y a trop de gens !
LINDA : Je ne crois pas qu'il y ait trop de gens chéri, je crois que...
WILLY : Il y a trop de gens ! La surpopulation, c'est ça qui est en train d'étrangler ce pays, la concurrence est devenue dingue, tout le monde ici se prend à la gorge, c'est à qui écrasera l'autre !

Acte I.
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BIFF : Je suis paumé Happy, paumé... Je ne touche plus le sol ! Je ne sais pas ce que j'ai... Je suis libre comme l'air Happy, je ne suis pas marié, je n'ai pas de métier, je ne suis pas dans les affaires, ni même dans la vie active, je suis comme un enfant Happy, comme un enfant, j'attends impatiemment le jour où je serai enfin grand... Mais toi au moins, t'es heureux ? tu as réussi non ?
HAPPY : Si on le dit vite et la bouche en biais, ouais !...
BIFF : Tu gagnes bien ta vie non ?
HAPPY : Moi, mon vieux, j'attends que mon directeur commercial crève, c'est un copain hein, mais... oui. Il s'est fait construire une maison, il l'a habitée deux mois, il l'a revendue, il s'en fait construire une autre, plus grande, avec une piscine plus grande aussi... Déjà, il cherche à la revendre, il ne sait pas profiter de son pognon, c'est maladif ! Et je sais déjà que ce sera pareil pour moi... Tiens, des fois je suis dans mon deux-pièces, terrasse, tout confort, et je me demande ce que je fous là, et pourquoi je paye si cher le loyer de cet endroit où je ne suis pas chez moi ! Pourtant, c'est ce que j'ai toujours voulu : un appartement à moi, une grosse voiture et plein de pétasses partout, qui attendent leur tour. J'ai tout ça et pourtant...

Acte I.
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CHARLEY : Qui sait de quoi un homme est fait Biff, surtout un commis voyageur ?... Essaie d'en peser un pour voir ! Plus léger que l'air, il te filera entre les doigts, il plane bien haut dans les nuages, chevauchant sa valise d'échantillons, avec son sourire comme une armure et ses chaussures trop bien cirées comme stratégie. Qu'une tache vienne salir son chapeau, et le voilà qui dégringole, mais qu'un vieux client perdu lui rende son sourire et le voilà reparti vers les sommets. Non, il ne dicte pas de lois, il ne construit ni maisons ni ponts ni usines, il ne donne ni médecine ni remèdes, il parle, il parle, il parle, d'une ville à l'autre, il court apporter un bon mot et la promesse d'une saison heureuse et fructueuse. Ne cherche pas à savoir de quoi il est fait Biff, il est tissé dans cette soie impalpable dont sont tissés nos rêves, comme eux, il nous est totalement inutile et totalement indispensable ! N'essaie jamais Biff de demander des comptes à ce commis voyageur-là, remercie-le plutôt d'avoir déployé tant d'énergie pour vendre tant de vent et faire si peu de mal, remercie-le de son sourire, de son air toujours affairé, de son espoir toujours affiché, et surtout de ses rêves, laissés en gage gracieusement à chaque membre de son aimable clientèle...

Acte II.
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