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Critique de lebelier


Carmen est une petite fille de six ans née au milieu des années soixante-dix. Elle vit avec son frère, Ramon et ses parents, Carlos et Jocelyne. Ils sont militants communistes et vivent dans un petit appartement, un peu les uns sur les autres. La mère est infirmière et le père comédien intermittent.
Lorsque son grand frère sympathise avec un « fils de bourgeois », Damien, Carmen découvre un autre monde où les gens ont chacun leur espace, font des choses intéressantes. Elle va ruminer tout ça et décider que désormais elle ne serait jamais pauvre.
On suit donc la petite Carmen dans son parcours vers la réussite, ses études et son voyage en Ecosse où un homme du cru est amoureux d'elle et ne souhaite que vivre à ses côtés. Mais Carmen qui s'est forgé une carapace de réussite, retournera en France suivre les cours de HEC et entrer dans une banque parisienne, ancienne et familiale. Enfin, on la découvre se mariant en pleine ascension sociale.
Le roman pose un problème intéressant aux générations d'après-guerre et aux suivantes. : comment concilier les deux milieux, prolétaire et bourgeois quand on est passé de l'un à l'autre ? Car cette « modern solitude » parle de lutte des classes d'un autre point de vue : il ne s‘agit pas – ou peut-être en est-ce une forme ? - de faire la révolution mais de prendre les valeurs et l'argent de l'autre camp. Pour la mère de Carmen, sa fille a trahi ses propres idéaux post-soixante-huitards en se réfugiant dans l'autre camp tandis que pour les bourgeois, Carmen ne sera jamais qu'une parvenue ambitieuse. Entre les deux son coeur balance. Carmen a choisi le renoncement et a fait l'erreur de confondre ambition et froideur, d'où cette position inconfortable.
Un court roman fort bien écrit, au style « efficace » qui aborde assez bien, quoique cela s'arrête un peu net, ce qu'il est convenu d'appeler « les classes sociales ». Comme aux XVIIIème et XIXème siècles, les bourgeois souhaitaient devenir nobles et été méprisés de l'aristocratie, la peur de Carmen du chômage et de la précarité devient un moteur, un ascenseur social.
Il serait à présent intéressant de décrire non pas la réussite par l'argent mais l'incompréhension que génèrent les gens de culture par rapport à d'autres, abêtis par la culture de masse et les médias à scandale. Ce conflit me semblerait plus profond et plus révélateur.
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