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Critique de Yokay


Un épais roman en trois parties, racontant la vie de trois femmes noires aux USA, liées par un lien de filiation. Je précise tout de suite « noires », car cela est capital dans leur destin.
Années 60 en Virginie. La petite Grace perd d'un coup sa mère, qui va payer de sa vie sa recherche de liberté, et surtout sa grand-mère, merveilleuse accoucheuse aux pouvoirs « hoodoo ». Seule, sans aucune protection face au danger de mort qu'elle encourt dans un état ouvertement raciste, elle est sauvée par un ami qui la confie à son unique famille, une grand-tante qui vit à Brooklyn. Hélas, commence pour elle une vie de Cendrillon. Et quand elle tombe à la fois amoureuse et enceinte, son cauchemar atteint son paroxysme. Elle qui a appris de sa grand-mère adorée le miracle que représente chaque vie et chaque naissance, se voit voler son bébé par sa grand-tante qui ne veut pas s'en encombrer, la petite Rae qui sera confiée à un orphelinat.
La jeune Delores a connu le pire, tous les traumatismes imaginables. Sa future vie de mère s'achève avant d'avoir commencé. Elle s'accroche à son mari comme à une bouée de sauvetage, elle a tant besoin d'être aimée et sécurisée. Ensemble ils fondent une famille en adoptant deux enfants, TJ et Rae. Elle fera tout ce que l'on attend d'elle pour maintenir (l'illusion de ?) sa famille parfaite.
Années 90, New York. Rae pensait aussi que sa famille était parfaite, et que le modèle de sa mère était le bon. Que se sacrifier pour satisfaire son gentil mari était l'unique choix qu'elle avait. La désillusion sera cruelle.
Denene Millner s'est en partie inspirée de sa vie pour écrire ce fabuleux roman. Comme Rae, elle a découvert par hasard à douze ans qu'elle était adoptée. Ne sachant rien de sa mère biologique, elle lui a inventé une histoire, en a fait une héroïne, celle du don ultime, le don de son enfant par amour pour lui sauver la vie.
Ce grand roman, grand autant par la taille que par le contenu, nous parle d'amour, de maternité, de filiation avec ou sans le même sang, mais aussi de la violence faite aux femmes noires dans une culture en grande partie machiste et une société en grande partie raciste. Je cite Denene Millner : « Que mes mères – et toutes les mères noires avec elles – aient bataillé dans ce défilé de chagrin, de deuil, de subterfuge, de patriarcat et de douleur et soient parvenues à en sortir est un miracle. Un miracle qui mérite d'être exploré. »
Les dialogues et les situations sont criants de vérité, c'est très bien écrit, très fluide. Merci, Denene Millner, pour cette immersion dans la vie de ces femmes blessées, dignes, courageuses, si belles.
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