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Critique de Presence


Ce tome contient 35 épisodes de 3 pages et constitue l'avant dernier tome de la série. le denier s'intitule The end. le scénario est de Pat Mills, et les dessins en noir & blanc de Joe Colquhoun. Ce tome comprend 4 pages écrites par Steve White sur les balbutiements du soutien psychologique pour les soldats traumatisés par leur vie dans les tranchées, ainsi qu'une postface de 6 pages de Pat Mills (pas très inspiré pour une fois) commentant les épisodes de ce tome. Il y a également le court résumé d'une page permettant de se remettre en mémoire les faits marquants des précédents tomes.

Épisodes 1 à 4 - Alors qu'il sert d'escorte à 2 officiers souhaitant examiner un point haut sur le champ de bataille, Charley Bourne fait feu par mégarde et se blesse au pied. Il est traité comme s'il s'était infligé la blessure pour bénéficier d'un rapatriement en Angleterre et doit passer en cours martiale. Épisodes 5 à 12 - Il a été rapatrié dans la campagne anglaise dans un sanatorium, où il peut apprécier la gentillesse de l'infirmière Kate Wincer, voir les soldats souffrant de troubles psychologiques suite aux combats dans les tranchées. Il retrouve également son frère Wilf, et le capitaine Snell. Épisodes 13 & 14 - Wilf Bourne pilote un avion au dessus de Londres pour essayer d'abattre un bombardier allemand de type Zeppelin Staaken R.VI (Riesenflugzeug). Épisodes 15 à 23 - Jack Bourne (un cousin de Charley) raconte la bataille navale des Falklands (îles Malouines) du 08 décembre 1914, alors qu'il était marin sur le vaisseau HMS Kent. Épisodes 24 à 35 - Charley Bourne est de retour dans les tranchées, cette fois-ci en tant que caporal (Lance caporal) responsable d'une poignée de soldats. Mais la forme de la guerre a un peu évolué. Il est fait prisonnier par les allemands lors de l'offensive du 21 mars 1918, il s'échappe avec ses soldats et se retrouve dans une ville livrée aux pilleurs, puis face à l'avancée des chars allemands et à la charge de leur brigade équestre.

Arrivé au neuvième tome de la série, le lecteur est familier avec les tics narratifs de Pat Mills et la rugosité apparente des dessins de Joe Colquhoun. Il a appris à apprécier la rigueur historique de l'un comme de l'autre, et il s'est attaché à Charley Bourne, ce soldat courageux, humain et plausible. Parmi les tics narratifs de Mills, le lecteur doit faire avec des rebondissements un peu secs lors de la cours martiale et un mariage qui semble rapide, ainsi que le retour du capitaine Snell, toujours aussi caricatural.

Mais ces petits défauts sont vite oubliés au regard de l'histoire toujours aussi imprévisible. Mills l'a répété à plusieurs reprises : il a effectué des recherches et trouvé des solutions pour amener de la variété entre deux séquences dans les tranchées. C'est ainsi qu'il inclut un nouvel aspect des bombardements de Londres (cette fois-ci en 1918), et l'apparition de ces énormes bombardiers lâchant près de 800 kilogrammes de bombes à chaque sortie. le lecteur découvre également ces filets tendus dans le ciel pour essayer d'entraver le vol de ces avions. Mills n'oublie pas l'aspect social des bombardements en insérant cette fois-ci un commentaire sur la disponibilité et l'accessibilité des abris à Londres. Dans les commentaires de fin de volume, Pat Mills explique que les récits de combat naval étaient peu appréciés des lecteurs et qu'il en fut de même pour celui-ci. Pourtant il est habilement construit avec le point de vue du matelot Jack Bourne (même si l'intrigue secondaire sur sa dette de jeu prête à sourire, uniquement destinée à donner un peu de personnalité à Jack) et une mise en évidence habile du travail d'équipe nécessaire à bord du navire. En scénariste aguerri, Mills réussit à mettre en scène ce combat naval de façon vivante, tout en restant compréhensible. le troisième tiers du volume correspond à la deuxième bataille de la Somme et à nouveau Mills imagine des péripéties avec de nouveaux points de vue sur les combats, sans jamais donner l'impression de redite ou de répétition.

Ce tome est à nouveau l'occasion de constater à quel point l'investissement de Colquhoun dans ses dessins donne la sensation au lecteur d'être aux côtés des protagonistes, à commencer par Charley Bourne. Aussi diverses que puissent être les situations, leur plausibilité n'est jamais remise en question par les dessins qui leur confèrent une crédibilité remarquable. La reprographie des planches est d'une excellente qualité, avec des traits nets et bien délimités. Sous la plume de Colquhoun chaque endroit acquiert une véracité surprenante, qu'il s'agisse d'un hôpital de fortune, de la campagne du Yorkshire, de la demeure servant de sanatorium, des vaisseaux de guerre au large des îles Malouines, ou de cette ville abandonnée et détruite.

Colquhoun est aussi à l'aise pour dessiner une voiture fonctionnant au gaz de charbon avec un réservoir sur le toit, la motocyclette de Wilf, les vagues autour des vaisseaux, le filet piège au dessus de Londres, la chaudière du HMS Kent, la cavalerie allemande. Ce qui achève de transporter le lecteur aux côtés des personnages, c'est la direction d'acteurs de Colquhoun. S'il reste une ou deux expressions de visage exagérées, le langage corporel est d'une étonnante évidence. Lorsqu'un personnage place son masque à gaz, on a l'impression qu'il est en train de le faire juste à côté. Quand les autres soldats regardent Charley avec mépris pour s'être auto-infligé une blessure, la posture de Charley montre son désarroi face à cette hostilité, mais aussi son refus de n'être qu'une victime. La fête après le mariage donne l'impression de pouvoir ressentir les émotions des uns et des autres, générant une empathie exceptionnelle. Même les scènes les plus improbables prennent un aspect réaliste, de la partie de hockey à moto à l'apparition de la cavalerie allemande.

C'est un plaisir exceptionnel de retrouver Charley Bourne, Wilf et Jack, au cours de ces nouvelles batailles, toujours aussi atroces, avec une impression inégalable d'être présent au même endroit que les personnages.
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