J’ai compris. J'ai compris à la fin de ce livre que ce
n'était pas grave de ne pas tout dire, de ne pas tout
écrire. On doit garder de belles images, mais sans
qu'elles nous aveuglent. Ça ne sert à rien de fixer le soleil dans les yeux et de ne plus rien voir.
Avoir une sorte de tendresse, un petit sourire résigné
et continuer à marcher.
Il faut oser oublier. À certains moments. Pas tout le
temps. Pas tout. On ne peut se rappeler l'ensemble.
Sinon on passe sa vie à creuser sa mémoire et on est
mort. Ce n'est pas ce que mon père désirait.
On est fait de ce que sont nos parents, qu'on le veuille
ou non. Mieux vaut marcher et ne pas courir au risque
de tomber. Tranquille. C'est cela, tranquille. Essayer
d'être tranquille. Je veux être tranquille. Je ne veux plus rien raconter. Ce livre restera inachevé, car on ne peut achever le livre dédié à un père.
J'ai intégré son message. Un message qu'il me trans-
mettait peut-être même sans le savoir. « Regarde devant. »