Julia remarque la fascination qui se peint sur mon visage. Elle la reconnaît. Elle esquisse une petite moue et m'honore d 'un petit sourire ironique, puis baisse le regard et se détourne comme pour dire, oui c'est moi.
Je suis une perle unique tombée de sa monture. J'ai roulé dans la poussière, sous un canapé, et l'on m'a oubliée. Mais si vous parvenez à regarder au-delà de la poussière et de la tristesse, alors vous vous rendrez compte que j'ai encore tout d'une perle.
Amila a vint quatre ans et s'emploie à construire une belle carrière lorsque les migraines apparaissent.
Elles surgissent et disparaissent soudainement, pareilles à des bourrasques. Son œil droit enfle, des larmes coulent sur ses joues. Elle développe une faiblesse à l'épaule à force de se raidir dans son sommeil, une catastrophe pour une boulangère. Le temps file. Avant d'embarquer sur le Dana, Amila consulte son médecin de famille à propos de ses maux de tête. Il l'oriente vers un spécialiste. Elle passe des examens pour vérifier qu'elle ne souffre pas de lésions cérébrales ou de tumeurs. On ne trouve rien. Aucune cause n'étant identifiée, les médecins n'ont pas de traitement a lui proposer, à l'exception d'antalgiques si puissants qu ils en sont invalidants. Amila travaille dix-huit heures d'affilée à bord : il est inenvisageable pour elle de les prendre.
Les marins sont des gens superstitieux qui cherchent toujours à prédire l'avenir en identifiant dans le passé des signes et des schémas. On peut les comprendre : la mer est un environnement imprévisible et dangereux. Nourrir des superstitions procure une sensation de contrôle.
Méfiance et mépris sont les éternels compagnons des femmes intelligentes.
I said that one of the stories in the Arabian Nights is specifically about the urge to tell a story. It’s primal, the need to tell. It’s not about the listener but the storyteller. In some cultures, not telling your story is regarded as a sign of mental illness.
La fille bonne à jeter est censée developper un problème avec l'alcool ou consommer de la drogue. Elle est censée devenir la victime d'un autre, ailleurs.
Au mieux, elle décide de militer contre les violences qu'elle a elle-même subies. Il ne peut rien lui qui ne soit lié à l'agression dont elle a été victime. On lui colle une étiquette. L'événement la possède. Jamais plus elle ne pourra exister en dehors de celui-ci.
Sauf que cest faux, parce que le monde est rempli de nous. Une femme sur cinq. Nous sommes aussi vivaces que l'amour. Nous menons nos vies, nous élevons nos enfants, nous dirigeons des pays, nous déclarons des guerres, nous résolvons des crimes Nos histoires, nous ne les racontons pas, parce que si nous avons survécu, cela peut seulement vouloir dire que ce n'était pas si grave, finalement. Cela ne veut jamais dire que nous sommes des putains d'héroines.
Je suis une putain d'heroïne.
[...] Cette histoire-là n'en est qu'une parmi d'autres.
Je me réjouis de cette journée à venir : un nouveau podcast de true crime dont j’ai entendu beaucoup de bien m’attend sur mon téléphone. J’ai prévu d’en écouter le premier épisode avant de réveiller les filles pour l’école, pour obtenir un aperçu de l’histoire, après quoi j’enchaînerai le reste des épisodes en m’acquittant des tâches ingrates du quotidien.
J’aurais mieux fait de rester sous l’eau avec mes fantômes.
Ils tiennent tous une coupe de champagne. Aucun d’eux n’utilise une perche à selfie, puisqu’on voit leurs mains. Le téléphone n’est pas posé sur quoi que ce soit, ils n’ont donc pas enclenché le retardateur. S’ils n’étaient que tous les trois à bord, alors qui a pris la photo ?