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Critique de marieclaude64


est une figure incontournable du Moyen Age finissant. Il est presque une légende. C'est à ce personnage hors du commun que G.Minois, qui avait déjà écrit une biographie de Philippe le Bel et Charles VII, consacre un ouvrage important.
Charles est né en Bourgogne en 1433. Son père Philippe le Bon est une forte personnalité. «  Il est libéral, généreux, courtois et de bonne compagnie. ». Il aime le faste dans ses demeures et ses vêtements. Il aime les femmes et a de nombreux bâtards. Il dépense en grand seigneur sans compter. Il fonde la Toison d'or, un ordre de chevalerie dans lequel tous les membres sont égaux et peuvent se critiquer les uns les autres dans le but de s'améliorer. Charles est fasciné par son père mais aussi il le déteste. Jamais il ne le quittera ou le trahira. Sa mère Isabelle du Portugal joue un grand rôle politique. Son époux lui confie des négociations diplomatiques. Elle est très proche de son fils, cas exceptionnel au Moyen Age. Philippe le Bon associe son fils pendant les dernières années de son
règne. Charles a de plus en plus de mal à contenir son impatience, à supporter l'influence des Croy sur son père et la relative soumission de celui ci au roi de France. Enfin, en 1467, à 37 ans, Charles devient duc de Bourgogne. Il est à la tête d'un immense état : la Bourgogne mais surtout les Flandres jusqu'aux Pays Bas, pièce maîtresse de ses territoires. Un territoire considérables, un territoire riche grâce à l'industrie textile des villes flamandes, un territoire que Charles parcourt sans cesse. Un territoire qu'il faut administrer et faire plier. Pendant toute la durée de son règne, Charles est en lutte avec les villes flamandes. Il ne comprend pas et déteste la bourgeoisie urbaine. le siège de Liège est l'illustration de cette guerre terrible que se livre Charles et les Flandres. Autre affrontement : le roi de France Louis XI. Les deux hommes se connaissent bien. le dauphin Louis s'est réfugié à la cour de Bourgogne. Deux personnalités opposées. «  L'invisible araigne« ne cesse de prendre Charles dans sa toile et de tisser des alliances pour piéger le Téméraire. Face à ce redoutable adversaire, Charles s'efforce de s'assurer l'appui de l'Angleterre. Mais, ses plus dangereux ennemis se révèlent être les suisses. Ils ont ces armes redoutables : les piques ( les carrés de soldats constituent des hérissons ) et les hallebardes. Charles en fait l'amère expérience à Granson et à Morat.
Mais, le but et l'intérêt du livre n'est pas de raconter des batailles déjà bien connues. G.Minois traque la personnalité du Téméraire , essaie de comprendre cet homme si complexe, sinon étrange. Et en cela, il excelle. Il s'appuie sur le témoignages de ses contemporains tels Olivier de la Marche et Commynes. Charles, c'est d'abord un chevalier, d'une grande résistance physique, qui aime les campagnes militaires. C'est un prince flamboyant qui parle bien. Il aime se donner en spectacle dans des fêtes somptueuses et des tenues extravagantes. Il affectionne en particulier les chapeaux extraordinaires et de plus en plus ridicules. Il ne faut pas oublier que la cour de Bourgogne est la plus luxueuse de l'époque. Elle étale un luxe et une richesse qui contrastent avec les campagnes ravagées par les guerres. Charles aime la musique. Mais, il est peu sensible à la peinture, cette peinture flamande qui avec van Den Weyden, Hans Memling ou Petrus Christus est à son apogée. «  Charles a un tempérament porté aux extrêmes « . Cela se traduit par des colères terribles dans lesquelles il ne se contrôle plus. Sa rage à se venger en est une autre manifestation. Ses explosions de joie ou de tristesse sont exagérées et lui attirent les remontrances des chevaliers de la Toison d'Or. le calme, il ne le trouve qu'en navigant sur les eaux bordant les Pays Bas. C'est un travailleur infatigable «  Charles le Travaillant «  dit de lui Olivier de la Marche. C'est un homme de dossier. Tout est minutieusement réglé dans le moindre détail, mais sur le papier. Car Charles le Législateur est décontenancé par la réalité. Son armée, rigoureusement organisée par des ordonnances, se laisse surprendre dans les batailles. Charles ne remporte aucune grande victoire . Pourtant, son orgueil démesuré lui fait croire qu'il est un grand stratège. Très obstiné, c'est son principal défaut, il n'écoute aucun conseil. Son ambition forcenée l'entraîne dans des rêves irréalisables. Il n'a pas les moyens de ses ambitions. Son attitude bornée et autoritaire explique les sièges interminables et inutiles de villes comme Liège et Neuss. Sa cruauté est sans limites. Son moyen de gouvernement est la peur. «  J'aime mieux être haï que méprisé « . Sa sexualité a soulevé des questions même chez ses contemporains. Charles n'a pas d'aventures sexuelles comme la grande majorité des princes ce l'époque y compris son père . Il reste fidèle à ses deux épouses Isabelle de Bourbon et Marguerite d'York qu'il rencontre néanmoins peu souvent. Alors, problèmes pathologiques ou homosexualité ?. G.Minois penche pour la deuxième hypothèse. Cette homosexualité pourrait expliquer son caractère tourmenté . Un autre trait de sa personnalité est une profonde mélancolie. Charles est profondément triste. Il ne rit jamais. La mort qu'il redoute et recherche l'obsède. On a pu parler d'une véritable tendance suicidaire. Certains diagnostiquent même une maladie paranoïaque.
Ce sont ces traits de caractère qui expliquent d'abord les erreurs et ensuite les désastres. Charles est battu par les Suisses à Morat. Son armée est en déroute. Lui même est méconnaissable. Mais, il s'obstine, veut faire plier le duc René II de Lorraine. Et malgré le conseil de ses proches, il met le siège devant Nancy. «  Il est fou «  dit Louis XI. le siège dure. C'est l'hiver. le cadavre de Charles est retrouvé enseveli sous le neige, dévoré par les loups.
Héros romantique, personnage détesté et détestable ? G. Minois nous retrace de manière vivante, sans érudition inutile, le portrait d'un homme qui a marqué son temps et L Histoire.
Laissez vous , à votre tour, fasciner par le dernier grand duc de Bourgogne  Charles le Téméraire.,le dernier grand prince du Moyen Age.
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