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Critique de JessieL


Il y a 1400 ans, les Forces du Bien l'ont emporté sur les Malévolents en les renvoyant dans les limbes. Depuis la paix est revenue même si le monde a éclaté éparpillant les peuples un peu partout. Dans le Comté d'Erceph, le Comte Portor s'apprête à transmettre le pouvoir à sa fille aînée, Sarah. Cette transmission surviendra lorsque l'Entité qu'il porte en son coeur le quittera pour se loger dans celui de sa fille. Seulement des forces maléfiques semblent à l'oeuvre pour empêcher cette transmission. Qu'une femme accède au pouvoir est fortement contestée. Trahi par son entourage, Eden Portor ne sait plus à qui se fier et voit des ennemis partout. Pour Kern, le fiancé de Sarah et Elmyn, son cousin, il faut remettre la main sur ce qui a été dérobé à cette dernière afin qu'elle retrouve son intégrité. Par la même l'occasion, cela leur permettra de comprendre les raisons de cet acte ignoble. C'est ainsi, qu'ils s'embarquent dans une folle quête, quitte à braver la haute autorité.

Dans La Prophétie de L'Arbre, on pénètre dans un univers fabuleux, élaboré avec une grande minutie. En effet, Christophe Misraki a inséré son récit dans un monde imaginaire qu'il a appelé Porminide. Il est né suite au Conflit originel qui a renvoyé les Malévolents dans le PanDaemon. Dans cet univers, on retrouve de nombreuses peuplades aux caractéristiques et aux modes de vie différents. Ainsi, certaines vivent sous l'océan, alors que d'autres occupent le désert ou la forêt. Parmi ces peuples, il y a des humains qui se sont regroupés en Sept Provinces, gouvernées par un Suzerain qui détient en son coeur l'Entité, un puissant artefact lui conférant de nombreux pouvoirs et assurant à l'ensemble une protection pour faire face à toute menace extérieure. Or, contrairement à ce que pensent, depuis 1400 ans, les Forces du Bien, les Malévolents n'ont pas été éradiqués mais se sont simplement réfugiés dans le PanDaemon où ils oeuvrent à créer une société constituée des Hordes, réunissant divers serviteurs comme les Diables, les daraïs, les nermacks ou encore les yeenars. Leur but est de préparer la reconquête du pouvoir. Au fil des pages, on prend la mesure du travail colossal que l'auteur a réalisé pour créer un monde aussi cohérent et détaillé. Je dois dire que le résultat est assez bluffant.

Porté par une multitude de personnages, Christophe Misraki nous propose un récit choral dans lequel on découvre un monde avec ses enjeux et ses menaces, autant du point de vue des Humains, des Tuins, des Toua-Elar que des Diables. Ainsi, l'auteur nous fait virevolter d'un camp à l'autre pour nous permettre de mieux comprendre l'ampleur de ce qui est en jeu ici. En mettant en scène une pléiade de protagonistes, il s'assure aussi l'attachement de ses lecteurs au moins sur certains d'entre eux.

Parmi les figures importantes de ce premier roman, il y a Kern Devaraïn qui prend la tête d'une expédition pour venger sa fiancée et comprendre les motifs qui se cachent derrière son assassinat. Bien qu'effacé au début de cette quête, Kern va s'imposer comme l'une des clés de ce récit. Or, c'est grâce à Massili Og'Turuk qu'il prend conscience du rôle important qu'il devra jouer. Ainsi, Massili ne fait pas seulement partie du décorum. Elle n'est donc pas la simple paysanne provinciale que l'on pourrait penser au premier abord. Elle sait tirer partie des situations et voit dans sa rencontre avec Kern, l'occasion de s'élever à son tour. D'ailleurs, elle n'est pas le seul personnage féminin qui endosse ce rôle de déclencheur. Maona, l'épouse du Comte Portor sait également tirer quelques ficelles dans l'ombre de son mari pour influencer certaines situations. Dans cette trilogie, les femmes ne manquent pas et leur pouvoir est au coeur même de l'enjeu de ce récit puisque l'existence de Sarah Portor comme héritière de l'Entité du Comté d'Erceph en dérangeait plus d'un et a nécessité l'usage de moyens radicaux pour régler le problème. Autre voix féminine qui se fait entendre est celle de Sorann, une puissante utilisatrice qui gravite autour du Comte Portor. Âme bienveillante, elle veille notamment au bon déroulement de la quête de Kern, quitte à se mettre en danger en attirant l'attention de l'ennemi. Quant à Eden Portor, il apparaît comme la figure emblématique de ce premier tome. C'est un homme fier et têtu mais dont l'ignorance pourrait bien conduire sa province à sa perte.

Spectateurs de ces multiples destins, on découvre à travers eux, un monde déchiré, propice aux complots et à la trahison. En effet, l'auteur insère dans son texte de nombreuses intrigues où le mensonge et la manipulation occupent une place de choix.

La Prophétie de L'Arbre est une oeuvre foisonnante autant du point de vue de la construction de l'univers qui sert de cadre à l'histoire que dans la foultitude des héros que l'auteur met en scène.
Autre élément fort de ce texte est la prophétie. Comme le titre du roman l'indique, elle occupe ici une place centrale car toutes les interprétations des prophéties, édictées par Arkharon orientent les actions des protagonistes de Christophe Misraki. Elles servent les obédiences, les clans et autres confréries qui agissent dans l'ombre du pouvoir afin de favoriser leurs propres intérêts. Ainsi, l'auteur ponctue chacun de ses chapitres par l'une de ces prophéties qui sert à éclairer le lecteur sur ce qu'il va d'ailleurs trouver dans ledit chapitre. A travers ce procédé, il a repris un motif important du genre tout en faisant preuve d'un grand souci du détail donnant une vraie crédibilité à son univers.

Avec La Prophétie de L'Arbre, Christophe Misraki se fait l'auteur d'une oeuvre très riche qu'il faut se laisser le temps d'apprivoiser. C'est un premier texte puissant qui renoue avec les racines du genre... suite sur Fantasy à la Carte.




Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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