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Critique de tynn


"A Izieu, en 1944, tout est quiet. C'est un village à l'écart des routes..."

Izieu, petite commune de l'Ain, lieu de mémoire tristement célèbre pour avoir vu partir vers les chambres à gaz, 44 enfants juifs et leurs moniteurs. Cette colonie d'enfants, ce havre de paix organisé pour leur survie aurait pu le rester, si le mauvais sort mené par Klaus Barbie, n'en avait pas décidé autrement.

En entamant ce livre, je me suis dit (de façon très incorrecte, je le conçois) que c'était un témoignage de plus sur l'effrayante période de l'occupation nazie. Sans chercher à établir l'échelle des horreurs subies, le recul nous a fait connaitre, comprendre et compatir. L'oubli est inacceptable.

Il me fallait donc des photos en complément des mots et de l'enquête minutieuse que Dominique Missika propose. Une recherche internet s'est imposée.

Photos des lieux, des témoins, comme cette institutrice si discrète, si sérieuse, pleine de foi en sa mission, aux valeurs de vie simples et inébranlables.
Le livre a donc pris plus de densité, dans sa dramaturgie allant crescendo, dans le portrait d'une femme, française "ordinaire" qui n'a jamais remis en question ce poste si "spécial" imposé par sa hiérarchie auprès d'enfants juifs. Toute jeune diplomée, elle restera six mois auprès d'eux, et sera l'adulte oublié de la rafle à double titre.
Elle en portera le poids de douleur toute sa vie et la culpabilité de ne pas avoir compris le contexte du drame à venir.
Ce n'est que lors du procès de Klaus Barbie en 1987, qu'elle deviendra un "témoin officiel", sortant de l'anonymat en acceptant d'évoquer cette période de sa vie et aidant à la reconstitution des faits.

Un livre-enquête fouillé et précis, en forme de docu-fiction car l'auteur n'a jamais pu rencontrer Gabrielle Perrier (décédée en 2010). Son talent journalistique et narratif permet une reconstitution minutieuse des faits, de l'enquête et du procès. On peut s'interroger sur la nécessité d'écriture concernant une personne ayant été si peu impliquée mais le portrait de cette femme invisible et honorable reste émouvant.

La maison des enfants d'Izieu est musée-mémorial depuis 1994. La liste des raflés de ce 6 avril 1944 est en fin d'ouvrage.
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