AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Wyoming


Etrange roman, situant une action en quasi huis-clos, dans un village imaginaire de la campagne anglaise, Middenshot, au début de l'hiver, en trois étapes météorologiques : vent, brouillard et neige.

Une première de couverture réussie et prometteuse, avec ces arbres dénudés, "comme de sombres oiseaux aux plumes arrachées", des dessins en tête des trois parties figurant les éléments naturels pré-cités, l'ensemble donne un roman bien écrit, quelque peu déjanté, parsemant des réflexions discutables sur l'élimination des criminels, depuis Hitler jusqu'au plus quelconque droit commun des années 50.

L'histoire se déroule donc en 1950 et implique un triangle familial -- père, mère et fille -- et d'autres personnages, un voisin que la fille déjà sur le retour à peine la trentaine atteinte aimerait bien conquérir, ce dernier étant plutôt attiré par les formes provocantes de son employée de maison, un tueur évadé d'un asile ainsi que son complice, deux détectives privés aussi compétents que ceux mis en scène par Hergé dans Tintin.

C'est essentiellement la présumée folie du père, Mr Jarrow, personnage principal, qui domine magistralement l'oeuvre, avec ses réparties savoureuses, sa vision de l'absence de sexualité de sa fille imagée en une Io délicate, dont le voisin, taureau jupitérien, menacerait la virginité, elle-même ne demandant pas mieux.

L'originalité du roman se développe magistralement autour des trois éléments naturels, vent, brouillard et neige qui ajoutent à l'atmosphère oppressante et étouffante dans laquelle les relations confuses des personnages s'enlisent. Ainsi, les descriptions de la tempête, des arbres qui tiennent une grande place dans ce texte, du fog britannique qui en vient jusqu'à dissimuler les passions, de la neige qui ensevelit l'ensemble, gommant à la fois les turpitudes et leurs traces dans la campagne engloutie, multiplient les angoisses ou les passions des protagonistes.

La bonne du voisin, prénommée Hyacinthe, ne manque pas de chair et de verve et cette dernière se déploie en des considérations quasiment fascistes, dignes de différents partis politiques dits nationaux. Curieusement, ce sont celles-ci qui vont peu à peu séduire le voisin, Mr Holme, qui va découvrir que sous les atours plantureux de la bonniche se cache un cerveau aux idées pourtant si dangereuses pour l'humain.

Toute une sensualité, voire érotisme, émane des approches des différents personnages, père et mère, fille ou bonne et voisin, qui ajoute encore du piment à l'histoire pseudo-policière, et aux divagations des protagonistes. La violence de certaines situations et même leur horreur exprimées dans la bouche du père Jarrow confère à ce roman une connotation et une ambiance hitchcockienne qui séduira les amateurs du genre.

Enfin, des dialogues savoureux, emplis d'humour, souvent noir, font aller et venir le lecteur du sordide au merveilleux, dans le sang des orchidées ou celui des hommes, le tout dans différents délires fort bien mis en scène.

Il est donc très plaisant d'aller frissonner dans le vent, se perdre dans le brouillard des esprits et se couler dans la neige de Middenshot, en lisant ce roman réussi que les amateurs du genre apprécieront.
Commenter  J’apprécie          653



Ont apprécié cette critique (64)voir plus




{* *}