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Critique de Henri-l-oiseleur


Le livre de Josué est le sixième de la Bible hébraïque, et il suit immédiatement les "cinq livres de Moïse", autrement dit le Pentateuque. Sa lecture n'est pas chose aisée, que ce soit dans une version courante, ou avec un commentaire hébreu, ou traduit comme ici de la version grecque des Septante. En effet, ce livre a tout pour choquer le contemporain, puisqu'il raconte la guerre de conquête de la Terre Sainte par les Israélites, sous la conduite de Josué, élève et successeur de Moïse. Bien enracinée en nous, demeure la certitude que tous les peuples ont le droit de vivre sur leur terre, sauf un ... C'est pourquoi la lecture de ce livre biblique, parfois utilisée par des antisémites, n'est pas à conseiller aux (faux) amis des Palestiniens.

Mais s'agit-il seulement du récit d'une conquête, d'une série de hauts faits militaires comparables à la guerre de Troie dans l'Iliade ou aux Commentaires de César ? On pourrait le croire, si l'on classe ce livre, comme certains lecteurs antiques, parmi les "livres historiques" de la Bible. Selon eux, Jésus (Josué) est le premier des "livres historiques", après la Loi et avant les "livres poétiques". Mais la Bible raconte-t-elle L Histoire ? C'est là un problème qui est au coeur de Jésus (Josué), que d'autres grands lecteurs anciens, et les Juifs avec eux, considèrent comme un livre prophétique. Alors, Histoire ou prophétie ?

On n'ira pas discuter de l'historicité des événements racontés, qui est un problème idéologique et politique. A la lecture de ce livre, il importe de savoir si ce sont les batailles, les listes de villes, le partage des territoires entre les tribus qui restent en mémoire, ou bien l'intention profonde qui préside à cette écriture. Ce volume de "La Bible d'Alexandrie" étudie brillamment le texte au niveau philologique, mais se garde d'aborder les questions de théologie. Si l'on se réfère à l'introduction de rabbi Reuven Drucker ("Sefer Yehoshua", édition Artscroll, New York, 1982), on comprend très clairement ce qu'a de prophétique un tel livre : il est le premier à évoquer les lois de la Torah dans leur application concrète, sur la terre pour laquelle elles ont été enseignées au désert ; les questions de la présence divine et de la Providence sont partout abordées, dans tous les récits ; les problèmes soulevés par l'unité politique d'un peuple composé de douze tribus, par la question des dirigeants, par celle de l'obéissance et de la rébellion, y sont discutés ; enfin, le lien, très surprenant pour nous, entre le monothéisme, l'unité du peuple, celle du culte et du lieu de culte, est fortement affirmé et clairement débattu. le texte nous répète que ce n'est pas le peuple juif seul, à la façon de César ou d'Alexandre, qui conquiert la Terre, mais Dieu : voir son action parmi les hommes est la véritable prophétie. J'ajouterais que ce livre est d'autant plus parlant pour les lecteurs d'aujourd'hui, que le peuple juif est revenu sur sa terre et se confronte à des questions parentes de celles du livre.

L'édition de "La Bible d'Alexandrie" se signale par sa qualité. Elle demande cependant au lecteur de s'adapter aux versions grecques des noms hébreux : Josué, en hébreu Yehoshua, imprononçable en grec, devient Iêsous, Jésus, tout comme l'autre Jésus. Et les noms de personnes, toponymes et autres, subissent une transformation hellénique surprenante : heureusement, Jacqueline Moatti-Fine a pris soin de tout récapituler dans une table générale des équivalences des noms.
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