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Critique de Bibliozonard


Vasseur et Janssens, lieutenants de l'armée française, fuient le front de la Somme en 1918.
Un chien de sang est à leur trousse, le capitaine de gendarmerie François Delestre, un traqueur rodé à la chasse à l'homme. Autant dire que les deux renégats n'ont aucune chance d'en réchapper.
Janssens, individu posé, doit gérer le tempérament incontrôlable et sociopathe – qu'il découvre instantanément, de son binôme Vasseur. D'un village de campagne à l'autre, ils se font discrets, ils deviennent médecins, deux fugitifs presque fantomatiques, qui se fondent dans la communauté campagnarde. Jusqu'à ce qu'ils tombent sur la propriété d'ANSENNE où vivent ses hôtes maniérées, attachantes et inoffensives.

Nous sommes plongés dans une Atmosphère tendue, suspicieuse et sanglante. C'est vrai :
« […] Lui ou nous […] Il releva le gendarme mort et exposa son visage carbonisé. Un visage absent, noirci. Une grosse braise restait enfoncée dans une orbite éteinte, une autre pendait de la bouche, telle une langue ardente, couverte de fumerolles. » (P36)

Cela dit, hors sujet, je m'interroge : pourquoi les « retournants » ?
À l'origine, les « retournants » ou « Vazvrachiensé » est le terme utilisé pour désigner les émigrés russes blancs (qui vivaient en France) et leurs familles qui décidèrent de retourner au pays (en Russie), influencé par la promesse (propagande) du 14 juin 1946 de Joseph Staline qui promettait l'amnistie et la citoyenneté à tous.
Dans le roman de Mr Moatti ce sont deux Français qui restent dans leur pays d'origine en guerre (La France) en 1918, qui délaissent le front pendant la bataille (des déserteurs), et qui rodent en tant que médecins toujours en France ; en quoi sont-ils des « retournants » ?

Impressions :

— J'ai rencontré un manque de consistance (et d'actions parfois) chez certains personnages (Delestres effacé, Vasseur incomplet, la famille du domaine d'Ansenne, un peu des deux) ; une fin qualifiée de brumeuse dans le sens où je n'ai pas trop compris l'auteur ; voulait-il s'engager dans le fantastique ou jouer la carte entre chien et loup ou pas du tout (ce qui est fort probable et j'en reviens donc à la fin brumeuse car pas aboutie) ?

+- Je reste dubitatif même si j'ai apprécié cette lecture de Mr Moatti, bouquin que je considère bien meilleure qu'« Alice change d'adresse » publié en 2016 chez le même éditeur, HC Edition.

+ + Pour conclure de manière positive, je dirais que l'époque, les décors maîtrisés, le choix de l'intrigue, le type d'acteurs, la plume incise évidente : par exemple l'usage superbe du registre argotique et des métaphores ; sauvent le scénario général. C'est le genre de ton et de finitions que je serais heureux de retrouver chez l'auteur dans une (ou des) histoire(s) à couper le souffle.

« Regarde–moi tous ces traîne-bûches, avec leurs airs de polichinelles ! Pas dix minutes qu’ils tiendraient, là-bas. Et ça joue les galants dans les caboulots de l’arrière… Et ces pintades qui font les belles, pendant que leurs hommes se prennent des volées de shrapnells dans le cockpit… » (P71)
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