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Critique de Titine75


L'horizon”, le dernier roman de Patrick Modiano, nous entraîne une nouvelle fois dans les méandres du passé. le personnage principal, Jean Bosmans, se remémore sa jeunesse et plus particulièrement son histoire d'amour avec Margaret le Coz. Bosmans est devenu un écrivain sexagénaire et ses balades dans les rues de Paris lui évoquent les moments passés avec Margaret. Tous deux débutent dans la vie active et sont en dehors de l'agitation de la jeunesse. Ils sont extrêmement discrets et effacés. A raison d'ailleurs, car tous deux se sentent menacés et harcelés par des parents ou un ancien amant. le présent les angoisse mais le futur n'est guère plus rassurant. Avec le recul des années, Jean Bosmans analyse cette période où il avait l'impression de “(…) marcher souvent sur des sables mouvants. “

Comme souvent chez Patrick Modiano, le personnage central est hanté par ses souvenirs. Paris est encore le lieu des réminiscences, chaque rue renvoie à un souvenir, un moment dans l'histoire de Jean et Margaret. Mais Jean va plus loin que la seule évocation des souvenirs, il imagine un monde parallèle où les personnes croisées seraient toujours présentes. Il l'évoque à propos de l'agence de recrutement qu'il fréquentait avec Margaret : “L'agence Stewart existait-elle toujours ? Il pensa aller vérifier sur place. Au cas où l'agence occuperait les mêmes bureaux, il rechercherait dans les archives sa fiche et celle de Margaret avec leurs photos de l'époque. Et peut-être serait-il reçu par le même blond aux petits yeux bleus. Et tout recommencerait comme avant.” Jean regrette de n'avoir pu profiter pleinement des moments passés avec Margaret. Cette bulle du passé renferme également tous les possibles non réalisés, tous les chemins que Jean n'a pas empruntés. Les vies de Jean Bosmans peuvent se multiplier à l'infini et l'entraînent dans une certaine mélancolie.

Mais les souvenirs ne sont pas qu'une source de tristesse. Patrick Modiano nous laisse entrevoir un espoir : “Pour la première fois, il avait dans la tête le mot : avenir, et un autre mot : l'horizon. Ces soirs-là, les rues désertes et silencieuses du quartier étaient des lignes de fuite, qui débouchaient toutes sur l'avenir et l'HORIZON.” le lecteur n'est pas totalement plongé dans la mélancolie, une lueur apparaît dans la vie de Jean Bosmans. Les derniers paragraphes apportent un éclairage nouveau sur le récit qui les a précédés. Jean ne s'apitoie pas sur ses souvenirs, il évoque Margaret le Coz afin de terminer leur histoire au présent. Sur un thème caractéristique de son oeuvre, Patrick Modiano arrive à surprendre son lecteur avec une subtile variation, une ouverture sur l'horizon.

Une nouvelle fois j'ai été séduite par l'univers et l'écriture envoûtante de Patrick Modiano. “L'horizon” est un roman magnifique et je suis fascinée par la capacité de l'auteur à se renouveler avec finesse. La fin du livre est lumineuse et m'a transportée.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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