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Critique de Zebra


Je passais en ce début d'été 2015 quelques jours à Samoëns (Haute-Savoie) quand j'ai découvert un petit fascicule de poésies de Rémi Mogenet. Édité en mars 2007 aux Éditions le Tour, de Marc Mogenet (éditeur en pays de Savoie), « Poésies d'Ombre Pâle » est un recueil de 61 poèmes écrits par Rémi Mogenet, le fils de l'éditeur.

Très vite, le lecteur sera surpris par la pudeur et la discrétion du poète : le recours au « on » permet apparemment à l'auteur de ne pas s'ériger en censeur, de ne pas violer l'intimité ou de forcer les convictions du lecteur.
Puis, celui-ci sera surpris par l'omniprésence de la nature (toute puissante et sauvage), de la faune (« le cri affreux des rapaces »), de la flore (« un tapis de fleurs ») et des roches, toutes alpines (cristal, améthyste, plomb, émeraude, etc.). La nature y est dépeinte comme forte et imprévisible avec ses astres (cf. « Visions Interstellaires », « Le Berceau Des Astres », « La Guerre Des Étoiles », etc.) mais aussi ses divinités et ses légendes.
Viendront ensuite d'autres impressions, plus ou moins fugaces. D'abord un subtil mélange entre réalité et magie onirique (« des fleurs de lys à face humaine », « des sabres de lumière ») puis une très solide proximité tant historique que géographique : Rémi Mogenet honore par sa poésie son village, les galets du Giffre, les récoltes (cf. ma citation extraite de « Chant de conjuration des taupes »), l'hiver (cf. « L 'hiver dans mon village »), le Léman, Genève et tous autres lieux ou personnages de mémoire de la Savoie. Enfin, le lecteur notera un peu de tristesse (« des espoirs bleus partis en fumée »), de la nostalgie (« où sont donc ces jours tendres ») et du regret -liés à une histoire personnelle douloureuse ?- (« j'étais seul dans la nuit », « une fée aux yeux purs que j'ai trop délaissée », « je revis la femme que j'aimais mais l'âge avait passé »).
Au fil des pages, se rajouteront quelques surprises visuelles, colorées et odorantes à la fois (cf. « Souvenirs au Cameroun »), quelques incursions dans le domaine du mystico-religieux (des dragons, des démons, l'Enfer, le Saint Prophète, l'Archange Michaël, l'Apocalypse, des sylphes, le Commandeur des Justes, etc.), puis une profonde haine de la violence et une admiration à peine dissimulée pour Kafka et Teilhard de Chardin (celui-ci, pour sa lucidité et son humanité).
Le lecteur notera une certaine innocence et une foi assez modérée en l'avenir (viendront-elles à bout du dégoût du poète pour « l'ère hideuse » dans laquelle il évolue ?), une aspiration indiscutable pour la liberté, le tout sous la forme d'un long rêve éveillé que cachent une évidente posture face à la fatalité et un fol amour pour la Savoie, pays ancré dans ses spécificités.

Les poèmes sont courts (de la forme sonnet, avec deux quatrains et deux tercets). L'écriture, simple, fait preuve de rythme, de lumière (opposition fréquente entre l'or et les ténèbres) et de conviction, le tout produisant des images fortes et du mystère. Je mets quatre étoiles. A découvrir.
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