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Critique de SophieLesBasBleus


Directrice de casting, Jane est habituée à capter d'un seul regard l'intimité que peut entretenir un visage inconnu avec le rôle d'un personnage. Lorsqu'un producteur lui demande de trouver l'interprète principale de "La Femme de dos", le film que s'apprête à réaliser Telo Ruedigger, photographe d'art, elle relève le défi sans se douter que sa recherche va remuer sa mémoire amputée. de retour à Toulon pour être près de sa mère dans le coma, les souvenirs affluent en puzzle que Jane ne parvient pas à rassembler. En juin 1987, le tournage du film "Les Innocents" par Téchiné est venu bouleverser sa vie d'adolescente délaissée. Elle n'a jamais pu oublier son seul amour, Tristan, le photographe de plateau, disparu à la fin du tournage. Comme les visages qu'elle a l'habitude de scruter, les lieux, les objets, les êtres, les évènements du présent semblent se superposer à ceux du passé. Il suffit de gratter un peu pour que rejaillissent les images cachées. Mais cela ne va pas sans douleur, ni culpabilité...
Agréable à lire, plein de rebondissements et de suspense, le roman d'Alice Moine aurait peut-être gagné, me semble-t-il, à être davantage resserré autour de ce qui, pour moi, est son point nodal : le regard et le découpage que celui-ci opère dans la réalité.
Victime d'un accident lors de ce fameux été 1987, Jane avance dans sa vie en claudiquant alors que, comme pour compenser, ses yeux ont acquis une exceptionnelle acuité. Pourtant ce regard habitué à voir au-delà des apparences, ne parvient pas à percer l'opacité de sa propre histoire. Sauf peut-être à la voir à travers le filtre d'un objectif photographique ou d'une caméra ? Qu'est-ce que les images révèlent de nous, que l'on soit photographe ou modèle, spectateur ou acteur ? Qu'est-ce qui se joue, se noue et se dénoue entre notre regard et le reflet que les photographies et les films nous livrent ? J'aurais aimé que le roman puise davantage et plus nettement dans ces interrogations, plutôt que de risquer de s'égarer dans des péripéties à la frontière du polar. Une lecture plaisante, donc, mais que j'aurais souhaitée plus stimulante.
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