AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Les connaisseurs du XVII°s savent bien que si le Roi défendit Tartuffe tant qu'il put (et il ne pouvait pas tout), c'est que cette pièce allait dans son intérêt de politicien et de stratège, au service duquel Molière se mettait (comme avant lui, Corneille avec Richelieu). Le Roi avait sur les bras deux dangereux ennemis catholiques : d'une part, à l'extérieur, l'Espagne et l'Autriche des Habsbourg, qui le menaçaient depuis Bruxelles, et d'autre part, à l'intérieur, le parti dévot, ultra-catholique, qui servait ces intérêts autrichiens et espagnols à Paris et jusque dans la Cour, du vivant de la Reine-Mère, et après sa mort. Cette constante dans la politique française du XVII°s (depuis les Guerres de Religion en fait) explique "Tartuffe", attaque ciblée contre le parti dévot, attaque habile car elle fait jouer à la fois les cercles libertins bourgeois et aristocratiques, la bourgeoisie janséniste anti-espagnole, et enfin les patriotes. Heureusement pour la France, les catholiques ne formaient pas un parti unique à la façon des communistes des années 50. Avec le passage du temps, tout ce contexte politique tomba dans l'oubli et la pièce fut reprise et relue par la bourgeoisie voltairienne et anticléricale, du XVIII°s jusqu'à nos jours. Il est bon cependant de savoir tout cela, car on obtient un éclairage intéressant sur la vraie fonction de l'artiste comique dans une société : il a toutes les apparences de la subversion et de l'irrévérence pour les naïfs, mais il est toujours au service du pouvoir en place qui le laisse agir et parler tant qu'il lui est utile.
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}