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Critique de gill


Des quais luisant sous la pluie, une enseigne grinçante arrachée dans la feuille de cuivre d'un vaisseau, le vent salé d'une brise marine, deux ou trois fenêtres aux lueurs voilées qui laissent entendre des éclats de voix ... Londres, 1587.
Henry de Monfreid, le temps d'un ouvrage, semble avoir délaissé les secrets de la mer rouge.
Et pourtant ...
"Sir Henry Middleton" a été écrit d'après "Histoire générale des voyages", un vieux livre imprimé au début du XVIIIème siècle et d'après un vieil écrit arabe rédigé vers le milieu du XVIIème siècle par Admeh Walli.
Henry de Monfreid prétend ici ne pas faire oeuvre d'historien mais affirme avoir traduit, mot à mot, certains passages du vieux livre.
Mais avec Monfreid, peut-on jamais être sûr que la fiction n'ait pas pris le pas sur l'Histoire, que l'envie du conteur n'ait pas un peu rogné la vérité ?
Il a donc paru assez raisonnable au lecteur empressé que je suis d'aborder l'ouvrage comme un passionnant roman de littérature maritime.
En 1600, pour devancer la Hollande et la France, une charte royale de la reine Élisabeth d'Angleterre conféra pour 20 ans à la Compagnie des Indes Orientales le monopole du commerce dans l'océan Indien.
Sir Henry Middleton eût le commandement d'un navire ...
Le livre, qui retrace un destin hors norme, est captivant.
Mais il manque un peu de souffle pour être vraiment passionnant.
De plus, il est gâté, abimé devrais-je dire, par quelques-unes des digressions dont Monfreid d'habitude nous régale.
Il y a là quelques dérapages colonialistes, paternalistes et même racistes qui renvoient le livre dans la liste de ceux que peut-être il n'aurait pas fallu lire.
A la 70ème page, le maître Monfreid, appelant, comme preuve à sa démonstration, trois siècles de colonisation et d'asservissement politique, social et économique, délivre un accessit aux français qui, contrairement aux espagnols et aux anglais, "ne montrent rien de vulgaire, ni de blessant dans la façon de s'approcher des hommes de race inférieure".
Et, comme celle-ci, quelques autres pages sont tâchées.
Monfreid a certainement manqué ici l'occasion d'accrocher à la façade de son oeuvre l'immortel ouvrage qui lui fait défaut, le grand roman maritime dont jamais l'encre ne pâlit ...

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