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Critique de Stockard


Au cinéma, elles s'appelaient Kate Macahan, Caroline Ingalls, Lou McCloud... dans la vraie vie elles furent Louisiana Strentzel, Sallie Hester, Jane Gould Tourtillott, etc., et toutes ont pour point commun d'avoir suivi la piste de l'Oregon en direction de l'Ouest sauvage.
D'extraction, de destinée et de tempérament différents, elles partagent toutes un sacré courage ces femmes que Gregory Monro nous présente au travers de lettres et de journaux qu'elles ont tenu sur le long chemin censé les mener vers la réussite et la fortune... en tout cas, c'est ce qui se disait à l'Est et raison pour laquelle des milliers de familles, ruinées par la crise financière de 1837 ont laissé leur ancienne vie derrière elles pour s'en reconstruire une nouvelle à des milliers de kilomètres de distance. Toutes ces mères, filles, aventurières... l'histoire n'a pour la plupart pas retenu leurs noms, préférant créer et étoffer des légendes à la Calamity Jane ; et pourtant, sans ces anonymes ou presque, pas de Conquête de l'Ouest.

Alors oui, elles ont géographiquement arpenté la même route mais que de différences dans les chemins empruntés, ainsi certaines ont suivi leur chercheur d'or inexpérimenté de mari et appris le dur métier de fermière, d'autres ont décidé de tenter l'aventure seules et se sont lancées dans le lucratif business de tenancière de maisons closes, d'autres encore, pour servir leurs convictions, se sont travesties en hommes et engagées dans l'armée de l'Union comme soldat ou comme espion, enfin certaines se sont trouvées un mari parmi les "wanted dead or alive" les plus fameux de l'époque et les ont accompagnées dans leur exploits... Bref, quelles qu'elles furent et quelles que furent les voies qu'elles se choisirent, le Far West a malheureusement oublié la grande majorité de celles qui ont contribué (et pas qu'un peu) à bâtir son folklore, n'en déplaise à ceux qui depuis toujours ont voulu en faire une affaire d'hommes, de vrais, de gros durs.

Justice leur est rendue grâce à ce Pionnières dans lequel Gregory Monro réussit le pari d'un livre résolument féministe et qui corrige ces dizaines d'ouvrages sur le sujet où il ne fallait pas hésiter à prendre une année sabbatique si l'on souhaitait trouver dans l'un d'eux le nom d'une femme ayant quelque peu participé à cette fabuleuse et impitoyable aventure que fut la Conquête de l'Ouest. Et si Calamity Jane a droit à ses quelques lignes, on évoque bien peu les Big Nose Kate et autres The Rose of Cimarron au profit de ces femmes de l'ombre ou celles, plus connues mais dont la notoriété n'égale ni un Jesse James ni un Buffalo Bill, à l'image entre autres de Poker Alice ou Carry Nation.
On s'arrête même quelques instants sur la vie de Olive Oatman, toute jeune fille enlevée par des Amérindiens et revendue aux indiens Mohave qui lui tatouèrent le menton comme il était d'usage dans cette tribu. Un vrai plaisir pour les mordus (dont je suis) de cette fabuleuse série qu'est Hell on Wheels de se faire rappeler la genèse d'Eva Toole.

Tour à tour instructif et divertissant, on regrettera simplement l'invariable survol des personnages, lieux et situations sur un sujet qui aurait tellement mérité un traitement plus fouillé. Ce n'était pourtant pas la matière qui manquait. Malgré tout, en manière d'introduction et si on s'intéresse un tant soit peu à la Conquête de l'Ouest et sa ruée vers l'or, ce livre reste un must have.
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