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Critique de Chrisdu26


[…] les lèvres d'Alejandrina gobaient sans arrêt mon sexe, ne le manquaient jamais et s'appliquaient du mieux qu'elles savaient. C'est cela que les virtuoses ont de bon : elles ne rechignent pas à la tâche, elles s'appliquent, elles insistent, recommencent, elles ont une soif de perfection sans borne.

Voilà un roman et un nouvel auteur qui sont venus à moi par le plus beau des hasards et quelle belle surprise ! Est-ce le titre qui en dit long, ce sein ferme et généreux ou Mayra Montero, écrivaine Cubaine Portoricaine, qui a attiré toute mon attention ?

Ce livre allie deux grands thèmes : jouissance et musique classique, il va sans dire que c'est avec jubilation et pure délectation que j'ai avalé Pourpre profond.
Augustin Cabán, professeur et critique musical, redouté de tous, part à la retraite. Les cartons chargés de partitions et de souvenirs, il décide d'écrire ses mémoires, mais pas n'importe lesquelles ! Son amour du métier lui a permis de côtoyer les plus grands virtuoses du moment. Augustin, homme passionné de musique classique et de sexe, mets sa pudeur de côté et nous fait vibrer sous sa plume, nous contant ses frasques amoureuses et perverses avec les rencontres qui ont bouleversé son parcours et tatoué son corps et son âme.

Nous sommes loin d'un roman léger, pornographique et obscène. L'écriture de l'auteur est élégante et sensuelle, avec ce côté lyrique porté par de grands compositeurs comme Brahms ou Bartók. Si on prend le temps d'écouter les extraits énoncés, cette musicalité accentue l'ardeur du texte et lui offre cet aspect poétique.

[…] ses lèvres allaient et venaient le long de mon sexe et je ressentais un plaisir dévastateur, la fureur du désir cliquetait soudain dans mon crâne comme une drisse cliquette contre le mât d'un voilier ; cela s'était bientôt transformé en un torrent de féroces pizzicati – dans le pur style de Béla Bartók. Ne serait-ce pas précisément cela que signifie : méditer la musique au plus profond de sa chair ?

A chaque chapitre on jubile mais attention aux âmes chastes et sensibles, certaines scènes peuvent déranger. J'ai été prise d'affection pour chacune de ses conquêtes, beaucoup m'ont faire rire, toutes m'ont offert du plaisir et si on enlève les oeillères qui nous voilent les yeux, on peut en retenir une certaine morale : Lorsque deux Êtres consentant se désirent, se dévorent et que le A de Amour est infiniment grand, quelle que soit la pratique, même des plus perverses, l'acte est beau et les fluides offerts deviennent pures et sont partie intégrante de l'Amour.

« J'étais retourné auprès d'elle et lui avais essuyé l'entrejambe comme si j'essuyais une larme ».

Au fil des jours et de ses nuits blanches, Augustin nous dissèque, sans la moindre retenue, ses frasques passionnantes avec l'impudique et capricieuse Virginia Tuten, violoniste, Clint Verret, pianiste Australien au doigté prodigieux, ainsi que la perversité de Manuela Suggia, la dernière et la plus obsessionnelle, qui le jettera aux portes de l'enfer. le point commun de toutes ses liaisons parfois dangereuses ? Il les a toutes aimées d'un amour sincère. Au fil des mots, des rencontres, on reçoit en pleine figure cette passion viscérale qu'il a eu pour ces femmes qui lui délivreront sans tabou le secret de leur Pourpre profond et le guideront vers le point G, pour ces hommes qui lui dévoileront des plaisirs jusque-là inconnus et l'union de ces Êtres qui le porteront au sommet de l'extase.

« Dans la vie d'une femme, il n'y a que deux moments qui, telles deux profondes brûlures, peuvent lacérer durablement son esprit : le moment où un homme lui déchire un vêtement qu'elle porte sur elle, et celui où il lui demande de lui tourner pour la première fois le dos ».

Pourpre profond, « Les seules choses qui perdurent sont le plaisir et la texture de l'instant… »
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